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l'échelle la plus rapprochée de celle où elles se
trouvaient en 1805; 2o la dissolution de la confé-
dération du Rhin, et l'indépendance entière et ab-
solue des États intermédiaires entre les frontières
des monarchies autrichienne et prussienne, recon-
struites d'après l'échelle mentionnée ci-dessus, d'un
côté, et le Rhin et les Alpes de l'autre ; 3o la res-
titution à la maison de Brunswick - Lunebourg
du Hanovre et de ses autres possessions en Allema-
gne; 4o un arrangement à l'amiable entre les trois
cours d'Autriche, de Russie et de Prusse, sur le
sort futur du duché de Varsovie. - Art. 2. Les
hautes parties contractantes n'entendent aucune-
ment préjudicier, par l'article précédent, aux en-
gagements qu'elles peuvent avoir contractés avec
d'autres puissances, dans le sens du but qu'elles se
proposent. Art. 3. Quoique LL. MM. II. aient
consacré au soutien de la cause qu'elles défendent,
la totalité de leurs forces, elles prennent encore
l'engagement le plus formel de maintenir leurs ar-
mées au plus grand complet, pendant toute la durée
de la guerre actuelle. Pour préciser davantage leur
engagement à cet égard, elles promettent de tenir
chacune constamment en campagne pour le moins
cent cinquante mille hommes, les garnisons des
places de l'intérieur non comprises, et d'augmenter
même ce nombre, autant que leurs moyens le per-
mettront 1. — Art. 4. Les deux hautes parties con-
tractantes s'engagent formellement à n'entrer dans
aucun arrangement ou négociation pour la paix
que d'un commun accord, et elles promettent de
la manière la plus solennelle de n'écouter aucune
insinuation ou proposition qui leur serait adressée
directement ou indirectement par le cabinet fran-
çais, sans se la communiquer réciproquement 2.
- Art. 5. Les H. P. C. se réservent de convenir,
le plus tôt que faire se pourra, des dispositions
militaires qui seront jugées les plus utiles pour ac-

:

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H. P. C. sont ultérieurement convenues entre elles de regarder également comme objets de leurs communs efforts Art. 1er. 1o La restitution des pays qui ont été réunis à la France, sous la dénomination de 32o division militaire. Art. 2. 2o Celles des proviņces et pays de l'Allemagne possédés par des princes français. Art. 5. Les présents articles seront tenus secrets. Ils auront néanmoins la même force et valeur que s'ils étaient insérés au traité patent de ce jour. Les H. P. C. prennent l'engagement réciproque de n'en donner communication qu'à la

Prusse. »

Ce dernier mot de la coalition, corollaire indispensable du traité de Reichenbach, n'a plus besoin de commentaires. Nous ferons seulement observer que l'article 6 de ce traité établissant, qu'une fois la guerre commencée, les trois cours prendront pour but de leurs efforts communs les bases énoncées dans les notes russe et prussienne du 16 mai, en leur donnant la plus grande extension, l'intime connexion de ce même traité avec les articles secrets de Toeplitz ne permet pas de douter que ces articles ne soient la reproduction fidèle des bases du 16 mai, qui cessent ainsi d'être un mystère. Nous avons donc pu, sans crainte d'erreur, faire remonter à cette époque l'accord de l'Autriche avec les autres puissances, pour ramener au Rhin et aux Alpes les limites de la France, si Napoléon n'adhérait pas de suite aux conditions qui devaient lui être proposées ou imposées. Depuis, le parti de la guerre acquérant chaque jour plus de prépondérance, on en était venu à craindre même de mettre en avant les propositions convenues dans le traité de Reichenbach, de peur qu'elles ne fussent acceptées. Cette crainte de la paix nous paraît le seul motif qui puisse raisonnablement expliquer les lenteurs apportées par les alliés aux mesures préparatoires et à l'ouverture du congrès, le choix fait par

tiver en tout temps, dans le plus court délai, l'ar-la Russie de M. d'Anstett, et toute la conduite des rivée des secours réciproques stipulés dans le traité patent. Art. 6. Les articles ci-dessus demeureront secrets, et ils auront la même force et valeur que s'ils se trouvaient textuellement insérés au Traité patent. »

Articles additionnels et secrets.

<< Pour donner au paragraphe 2 de l'article 1er du traité secret toute la précision désirable, les

'Cet article reproduit presque textuellement le cinquième du traité de Reichenbach.

'La première partie de cet article reproduit également le septième de Reichenbach; le second paragraphe commente le même engagement avec une insistance

plénipotentiaires alliés à Prague; enfin les vingtquatre heures d'hésitations de M. de Metternich, pour remettre cet ultimatum au duc de Vicence, lorsque, de son propre aveu, le moindre délai pouvait être si funeste à la conclusion de la paix.

Les motifs ne manquent pas pour expliquer le secret gardé jusqu'à ce jour sur les articles séparés de Toeplitz, et généralement sur toutes les négociations qui avaient eu lieu entre les alliés et l'Autriche depuis les événements de 1812. Il était d'abord

toute particulière. C'était sans doute le négociateur russe qui tenait le plus à prémunir sa cour contre les dangers d'une nouvelle tentative de la France, pareille à celle dont le duc de Vicence avait été chargé dans les derniers jours du congrès, et qui, peut-être, n'avait été

essentiel de dérober à Napoléon la connaissance des contingents fournis par les diverses puissances, et des mesures concertées pour soutenir la guerre. Plus tard, l'événement ayant dépassé toutes les espérances que l'on avait pu raisonnablement concevoir, ces pièces n'avaient plus d'importance qu'au point de vue historique. Leurs signataires, devenus les arbitres de la politique européenne, n'ont pu eux-mêmes se dissimuler que la publicité de pareils documents serait peu honorable pour la cause qu'ils avaient servie.

La publicité immédiate de la correspondance de

communiquée à la Russie qu'après le 10 août, ou à la dernière que Napoléon avait faite auprès de l'empereur François, après la bataille de Dresde. Les termes de cet article 4 semblent conçus de manière à rassurer la coalition contre des propositions de toute nature, s'adressant soit aux cabinets, soit aux souverains.

Prague aurait été, au contraire, tout à fait à l'avantage de Napoléon, et il y avait bien songé. Mais, par suite d'une de ces fatalités que nous rencontrerons désormais à chaque pas, l'envoi de cette correspondance à Paris fut deux fois intercepté; elle ne put paraître que dans le Moniteur du 5 octobre. Il était trop tard alors; l'attention publique était absorbée par les événements de la guerre. L'incertitude avait fait naître de fâcheuses impressions; une malveillance habile sut les exploiter, et Napoléon, jugé par l'événement, fut condamné sans avoir été entendu 1.

'Peut-être est-il à regretter qu'il n'ait pas jugé à propos de faire un appel sans réserve à l'opinion publique, en lui livrant le secret de la démarche de Caulaincourt. Le moment était passé de ménager l'Autriche; et bien des calomnies n'auraient pu même naître, si cette tentative avait été connue de suite en France.

CHAPITRE XII.

GUERRE.

Préparatifs militaires de la coalition.- Conférences de Trachenberg. — Conduite de Bernadotte pendant l'armistice. Plan de campagne arrêté à Trachenberg. Entrevue de Bernadotte et de Moreau. Désertion de

Jomini.

Combat de Gross-Beeren.

-

-

Forces des alliés. Forces de Napoléon. — Traité d'alliance entre la France et le Danemark. Plan de campagne de Napoléon. Napoléon quitte Dresde. Commencement des hostilités en Silésie; retraite de Ney. — Arrivée de Napoléon en Silésie. La grande armée de Bohême marche sur Dresde. — Fautes du généralissime Schwartzenberg. Prompt retour de Napoléon à Dresde. Les alliés attaquent Dresde le 26 août; ils sont repoussés. Bataille du 27. - Mort de Moreau. - Retraite des alliés. Opérations contre l'armée du Nord. Retraite d'Oudinot. — Opérations en Silésie. Bataille de la Katzbach. Retraite de Macdonald. Désastre de la division Puthod. Marche de Vandamme sur les communications des alliés. Il est vaincu et fait prisonnier à Kulm. Discussion sur les motifs de ce désastre. -Bataille de Dennewitz contre l'armée du Nord. Mouvements de Napoléon et de Blücher. des alliés. Blücher se réunit à Bernadotte. Projet audacieux de Napoléon. renoncer. Retraite sur Leipzig.

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En rompant les négociations de Prague, les puissances coalisées contre l'influence française ont livré de nouveau l'avenir du monde aux chances de la guerre.

Napoléon lui-même l'a dit, lors de la discussion des préliminaires de l'armistice; tout l'avantage militaire de cette mesure a dû être pour les alliés, s'ils n'avaient pas un désir sincère de la paix. Leurs armements ont pris en effet, dans cet intervalle, un développement gigantesque. Le colonel prussien Plotho, dans son ouvrage sur les campagnes de 1813 et 1814, porte au chiffre de huit cent dix mille hommes le total des soldats de la nouvelle coalition, au moment de la reprise des hostilités 1. L'Autriche y contribua pour deux cent soixantequatre mille hommes; la Russie, pour deux cent quarante-neuf mille; la Prusse, dont l'élan national s'était développé avec une énergie croissante pendant l'armistice, avait mis sur pied deux cent soixante et dix-sept mille hommes. Elle était la plus faible des trois grandes puissances continentales, mais la plus fortement engagée dans la lutte pour elle, il y allait de la vie. Déduction faite des garni

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| sons, des réserves autrichiennes et russes, du corps qui assiégeait Dantzig, des milices qui bloquaient les autres places, enfin, des forces que portait l'Autriche sur la frontière bavaroise et en Italie; quatre cent quatre-vingt mille hommes, appuyés par quatorze cents pièces de canon, étaient prêts au 16 août à prendre l'offensive contre les armées françaises, depuis l'embouchure de l'Elbe jusqu'à la Bohème.

Du moment où le concours de l'Autriche fut assuré aux alliés, ils avaient senti la nécessité de concerter d'avance les mouvements stratégiques de cette masse formidable. La tenue prochaine de conférences relatives à cet objet avait été stipulée dans un des articles du traité de Reichenbach avec l'Autriche. Tandis que le prétendu médiateur ajournait par ses lenteurs calculées l'ouverture des négociations pour la paix, pas un instant n'était perdu pour la guerre. Dès les premiers jours de juillet, l'empereur Alexandre et le roi de Prusse se rendirent au château de Trachenberg en Silésie, désigné d'un commun accord pour la réunion des commissaires chargés de discuter et d'arrêter le plan de campagne. Le prince royal de Suède, empressé

cielles. En ajoutant à son chiffre celui des troupes angloespagnoles, on arrive à un total de onze cent mille hommes environ.

d'apporter aux ennemis de sa patrie le tribut de sa vieille expérience militaire, arriva le 10 juillet à ce rendez-vous.

Depuis son débarquement à Stralsund jusqu'à cette époque, il avait passé par d'étranges alternatives de dépit, d'inquiétude et de remords 1. La nomination d'un gouverneur du nord de l'Allemagne, faite à son insu, quand il croyait que ce poste important lui était réservé, le retard des subsides anglais et du contingent auxiliaire russe, la crainte des concessions qui pourraient être faites au Danemark; enfin, la conclusion de l'armistice de Pleswitz, mesure prise sans sa participation, et qu'il ne comprit pas d'abord, tels furent les incidents successifs qui déconcertèrent le prince royal. Son ardeur belliqueuse se refroidit encore une fois. Il n'engagea nulle part ses troupes pendant tout le temps qui s'écoula depuis son débarquement jusqu'au jour où l'armistice lui fut notifié, et se plaignit avec amertume à toutes les puissances. Il était visible, en effet, qu'on se méfiait de lui. La défiance est acquise de droit à tous les transfuges; mais le caractère de Bernadotte commandait une réserve toute particulière à son égard. Son accession à la cause des alliés n'avait d'importance qu'au point de vue militaire; en politique, il n'a presque jamais su, dans ses rapports avec eux, que le mot de la veille. C'est ainsi que les intelligences de l'Autriche avec la coalition ne lui avaient été connues que lorsque son indiscrétion ne pouvait plus nuire; c'est ainsi qu'on l'avait vu s'alarmer, sans raison, selon toute apparence, des démarches fallacieuses tentées auprès du Danemark; enfin, c'est ainsi que, méconnaissant complétement l'esprit qui avait porté les alliés à conclure l'armistice de Pleswitz, il y voyait, de leur part, un sérieux acheminement à une pacification trop favorable pour la France. Aussi jetat-il les hauts cris contre cet armistice 2.

Bernadotte, dans la position qu'il s'était faite,

• Son expédition dans le nord de l'Allemagne était si mal vue par l'opinion publique en Suède, qu'il avait dû faire répandre le bruit que la conquête de la Norwége serait menée de front avec l'occupation de la Poméranie, si le Danemark n'accédait pas immédiatement à la coalition. Une proclamation du 8 mai, adressée aux troupes qui restaient en Suède, leur apprenait qu'elles étaient destinées à agir offensivement pendant son absence. On ne pouvait mentir avec plus d'assurance.

2 Lettre du 11 juin à l'empereur Alexandre. En écrivant cette lettre, Bernadotte préparait pour l'histoire un singulier document de sa perspicacité politique.

3 Bernadotte avait communiqué précédemment à tous les souverains de l'Europe son cartel du 23 mars, qui fut de suite imprimé et répandu à profusion en Allemagne. Vers la même époque, Napoléon refusait son

aurait eu raison d'être inquiet, si en effet les alliés avaient voulu la paix. Nous avons vu dans le chapitre précédent que l'empereur Napoléon considérait le maintien de l'intégrité du Danemark comme l'un des points les plus essentiels de tout arrangement; il en faisait, et avec raison, une question d'honneur. Si cette base avait été admise, Bernadotte se serait trouvé aussi compromis vis-à-vis de sa nouvelle patrie que de l'ancienne. Il ne pouvait donc plus vouloir la paix qu'autant que la France serait assez affaiblie pour ne plus l'empêcher de recueillir le prix de sa défection. Telle était l'extrémité où l'avaient jeté sa haine et sa jalousie contre l'empereur.

Celui-ci, malgré la conduite du prince de Suède, ne s'était pas départi un instant, envers cette puissance, du système sage et généreux tracé d'avance dans la dernière note de M. de Bassano au chargé d'affaires d'Ohsson 3. Après le débarquement des Suédois, le prince d'Eckmühl reçut la défense expresse de commettre aucun acte d'hostilité contre eux, s'ils restaient dans la Poméranie et déclaraient vouloir se tenir tranquilles. Pour stimuler le zèle de l'Angleterre, Bernadotte prétendit avoir repoussé, à cette époque, des propositions d'arrangement qui, selon toute vraisemblance, ne lui ont pas été faites 4. Le mécontentement, les hésitations de Bernadotte furent pris en considération au quartier général des alliés, surtout du moment où l'on vit qu'il n'y avait plus rien à faire du côté du Danemark. On renvoya près du prince de Suède M. Pozzo di Borgo, qui avait acquis, l'hiver précédent, un grand ascendant sur son esprit. Il le rassura pleinement, en lui faisant connaître dans quel but les alliés avaient donné suite à l'offre d'un armistice. Enfin, la proposition d'une nouvelle entrevue, faite par le prince royal à l'empereur Alexandre, fut acceptée; il vint prendre part aux conférences de Trachenberg.

Bernadotte aborda pourtant les souverains avec

assentiment à une tentative de révolution en Suède, au profit du fils de Gustave III. (Voir les Mémoires pour servir à l'histoire de Charles-Jean, tome II, p. 6.)

4 Le général Vandamme lui écrivit de Hambourg, le 11 juin, pour lui demander si la Suède était neutre. La question devenait importante à éclaircir pour régler les positions respectives des deux armées, qui, dans le cas de neutralité de la Suède, n'auraient pas été fixées par l'armistice qui venait d'être conclu. Cette démarche était bien une sorte d'ouverture pour sonder les dispositions du prince royal. Dans sa réponse, celui-ci déclara s'en référer à l'armistice. Toutefois, certaines expressions de sa lettre ne dénotaient pas une ardeur belliqueuse bien prononcée. Les troupes suédoises, disaitil, avaient pris position dans des pays amis... Elles n'avaient reçu que l'ordre de résister à toute attaque.

une froideur mal déguisée; il avait encore sur le cœur les démarches faites à son insu pour engager le Danemark dans la coalition, aux dépens des engagements d'Abo et de Stockholm. Il fallait un remède à cette blessure d'amour-propre ; le remède fut une lettre de l'empereur d'Autriche, dictée et apportée par M. de Stadion 1. De ce moment, le prince de Suède, assuré des vues belliqueuses des alliés, et de l'importance qu'ils attachaient à sa personne, prit part, sans arrière-pensée, à la discussion du plan de campagne.

Ce plan, consigné dans le protocole des conférences, ne nous paraît pas justifier pleinement la haute opinion qu'en conserva Bernadotte, même après qu'il eut senti le besoin de faire justifier sa conduite par des biographes français. Il a voulu faire croire, et peut-être le croyait-il lui-même, que les événements de la campagne d'automne n'a- | vaient été que la conséquence du plan arrêté à Trachenberg. La vérité est, qu'à l'exception de deux mesures judicieuses, et d'ailleurs impérieuse, ment commandées par les circonstances, la réunion d'une partie de la grande armée de Silésie à l'armée autrichienne, et l'attitude défensive prescrite à Blücher, aucune des autres mesures arrêtées à Trachenberg n'a reçu son exécution, comme Bernadotte et les commissaires alliés avaient pu l'entendre au 12 juillet.

D'abord, il avait été adopté pour principe général, « que toutes les forces des alliés se porteraient toujours du côté où les plus grandes forces de l'ennemi se trouveraient. » Nous verrons que, sous l'inspiration de Moreau, on fit précisément le contraire. L'attaque de Dresde, au moment où Ney s'était porté en Silésie, était une entreprise habilement conçue, et qui aurait probablement réussi sans la lenteur du généralissime autrichien. En prenant congé des souverains alliés, Bernadotte leur avait donné rendez-vous à Leipzig. Ce mot, rapproché du résultat de la campagne, a véritablement un faux air de prophétie; mais un examen réfléchi en fait totalement disparaître le prestige. Il avait été convenu à Trachenberg qu'au moment de l'expiration de l'armistice, l'armée du prince royal de Suède marcherait vers l'Elbe, passerait ce fleuve entre Torgau et Magdebourg (c'est-à-dire, aux ponts de Roslau vers Dessau), et se dirigerait de suite vers Leipzig. Ce mouvement devait se

'Touchard Lafosse, II, 336.

'L'armée autrichienne, réunie à l'armée alliée, débouchera, d'après les circonstances, ou sur l'Éger par Hoff, ou dans la Saxe, ou dans la Silésie, ou du côté du Danube. » Il faut de la bonne volonté pour voir là un plan de campagne; mais enfin, le mouvement"in

3

combiner avec celui de la grande armée alliée sur l'Éger et Hoff 2, qui la réunissait à celle du prince de Suède, dans les plaines de Leipzig, sur la grande ligne de communication de l'armée française. C'est ainsi que Bernadotte et les souverains alliés entendaient leur rendez-vous pris à Leipzig au mois de juillet. Voici comment s'explique sur ce système d'opérations un ouvrage qui restera comme le meilleur précis stratégique des campagnes de l'empereur Napoléon, sans mériter cependant des éloges à son auteur; car un bon livre ne rachète pas une mauvaise action : « Le premier plan des alliés, ditil 3, avait été de se porter sur Leipzig, où Bernadotte serait venu de son côté en passant l'Elbe à Dessau. S'ils eussent suivi ce projet, et que j'eusse gagné une grande bataille, leur perte était presque certaine. En réunissant à moi l'armée d'Oudinot, j'aurais eu deux cent mille hommes, et j'aurais passé l'Elbe à Dresde, sur les derrières des alliés; je me serais emparé de leurs magasins, de leur ligne d'opération sur la Bohême; je les aurais attaqués à Leipzig, dans la situation où ils sont venus m'y chercher; avec cet avantage de plus, que tous les débouchés fortifiés de l'Elbe étaient en mon pouvoir; que je tenais les issues de ce fleuve, de l'Oder et de la Bohême; en sorte que les alliés battus n'auraient eu d'asile que dans la Baltique, ou qu'ils eussent été réduits à me passer sur le corps pour regagner l'Autriche. »

L'auteur de l'ouvrage que nous venons de citer, le général Jomini, alors chef d'état-major du maréchal Ney, était l'un des officiers les plus instruits de l'armée française. Il passa à l'ennemi au moment de la rupture de l'armistice 4. Les écrivains français ont justement flétri sa conduite; ceux du parti opposé ont passé sous silence, ou atténué les services qu'il a rendus à leur cause: telle est la gloire réservée aux transfuges. Lui-même a courbé la tête, en hasardant quelques excuses timides devant les lecteurs français. C'est en vain qu'il parle de son origine suisse; son éducation militaire s'était faite dans nos rangs; en fait, il était devenu, il est resté Français malgré lui; son livre même suffirait pour le prouver. Nous avons qualifié comme elle méritait de l'être la conduite du général prussien York; celui-là pourtant pouvait alléguer, pour se justifier, des prétextes qui manquent à Jomini. Une telle défection, excusable peut-être au point de vue d'un

diqué de préférence était évidemment celui de l'Eger. 3 Napoléon au tribunal de César, etc., IV, 380. On sait que l'auteur de cet ouvrage met son récit dans la bouche de l'empereur lui-même.

4 Le 14 août.

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