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La certitude des engagements secrets de l'Autriche avec les alliés, et de ses intrigues avec Murat, a déterminé Napoléon à renvoyer de suite en Italie le prince vice-roi, pour y préparer une défense qui sera peut-être bientôt nécessaire de deux côtés à la fois. C'est une précaution contre les ennemis de demain ; quant à ceux d'aujourd'hui, ils sont vaincus d'avance: Napoléon tient sa bataille. Aussitôt après celle de Lützen, il a détaché sur Torgau les divisions de Ney (5° corps), puis celles de Lauris4 ton (3), qui avaient passé l'Elbe à Meissen. Ces deux corps, se portant sur l'Elster-Noire dans la direction de Berlin, avaient semblé aux généraux alliés devoir former, avec le corps du duc de Bellune (2o), qui s'était porté sur Wittemberg, et le 7° qui s'organisait à Torgau, le noyau d'une nouvelle armée, destinée à agir sur Berlin 1. Ce mouvement avait été sérieux dans le principe; Napoléon ayant cru que Blücher était allé renforcer les corps qui couvraient Berlin, avait d'abord pensé à combi-portant était de se voir et de se parler. ner une altaque sur cette ville avec le corps du prince d'Eckmühl; toutefois, encore incertain sur les mouvements de l'ennemi, et préférant frapper un grand coup là où les souverains commandaient en personne, il avait réglé le mouvement de Ney de manière à ce qu'il put changer à temps de direction, et arriver avec toutes ses forces sur l'extrême droite et sur la ligne de retraite de l'ennemi, au fort même de l'action. Ce mouvement, l'une des plus belles inspirations de Napoléon, sera dignement exécuté par le prince de la Moskowa.

cela n'est un mystère pour personne, et doit être en conséquence communiqué à Stadion ; mais l'essentiel est que Caulaincourt voie l'empereur de Russie, qu'il le fasse parler, ménageant ainsi, par cette ouverture directe, le moyen d'écarter la médiation de l'Autriche, et de la punir de sa duplicité, en la privant de sa prépondérance nouvelle, et des avantages qu'elle en espère. Pour arriver à cette fin, Napoléon aurait fait des sacrifices considérables. « Il aurait cédé sur le traité de Tilsitt, persuadé que si l'on établissait une paix solide, l'empereur Alexandre sentirait à la longue la nécessité de faire respecter son pavillon, droit que les plus petites puissances ont défendu 2. » D'autres ouvertures, tendant à faire considérer comme possible l'établissement d'un royaume prusso-polonais, auraient engagé la discussion prévue sur les intérêts de la Prusse et sur l'existence du grand-duché de Varsovie; mais tout cela n'était que conditionnel : l'im

Cependant l'attrait d'une victoire assurée n'empêche pas Napoléon de songer à la paix, tout en combinant ses dernières dispositions d'attaque. | Plus que jamais dégoûté de l'Autriche et de sa médiation, il s'adresse directement à l'empereur Alexandre pour mettre fin aux hostilités à la veille d'une bataille où va couler le sang de presque toutes les nations du continent, dans le seul intérêt de l'Angleterre. L'idée de cette tentative le poursuivait depuis quelques jours, et les dernières communications de l'Autriche étaient bien faites pour l'y confirmer. Le duc de Vicence, ancien ambassadeur de Russie, est évidemment l'homme qui pourra le mieux s'entendre avec Alexandre. Le but officiel de sa mission est toujours une proposition de congrès, et celle d'un armistice si le congrès est accepté;

L'ennemi manœuvre sur Berlin. La bataille qui lui sera livrée aux sources de la Sprée (Bautzen) nous vengera de ses intentions contre la capitale de la monarchie; cette bataille, et la résistance qu'il trouvera sur la Havel, feront échouer ses projets. » (Rapport prussien sur les événements du 2 au 16 mai; Schell, 1, 59.) Les alliés comptaient alors sur la prochaine arrivée de Bernadotte pour neutraliser les efforts de l'armée fran

Cette démarche, rapprochée du langage évasif tenu au comte de Bubna, relativement aux concessions qui auraient pu encore ramener l'Autriche au système français, prouve que Napoléon voulait aussi sincèrement la paix, qu'il était encore fermement résolu à décliner l'entremise autrichienne. Avec les dispositions toutes belliqueuses des alliés, une pareille tentative devait être inutile et même funeste; elle leur donnait un moyen d'action de plus sur l'Autriche, qui bientôt ne verrait plus de profit et même de sûreté que dans le triomphe de leur cause. D'un autre côté, en présentant à Napoléon la paix comme n'étant possible que par la médiation autrichienne, ils multipliaient les chances de guerre. Tel était alors le système de la coalition, système trop fortement lié pour qu'une nouvelle victoire de Napoléon pût faire autre chose que d'en hâter même le développement. L'entrevue de Caulaincourt et d'Alexandre, sur laquelle Napoléon comptait beaucoup, ne put avoir lieu. Le duc de Vicence attendit vainement toute la journée du 20 aux avant-postes français, et la réponse qu'il reçut le lendemain, en lui faisant connaître que la Russie était déjà trop engagée avec l'Autriche pour recevoir aucune proposition directe, lui apprit que le véritable but de sa mission était désormais impossible à remplir.

çaise dans le Nord. Bernadotte débarqua en effet le 19; mais il ne fit rien jusqu'à l'armistice.

Instructions du duc de Vicence. Ces instructions, dictées très à la hâte, sont subordonnées entièrement à la tournure qu'aurait prise l'entretien espéré. J'y trouve cette phrase remarquable: «S'assurer qu'on veut traiter sans l'Angleterre; car, plus on se battra, plus on jouera le jeu de l'Angleterre. »

Le champ de bataille où Napoléon vient chercher les alliés est déjà célèbre dans les annales guerrières de l'Allemagne. C'est à l'abri des positions formidables de Klein-Bautzen et de Kreckwitz que le grand Frédéric brava naguère l'armée de Daun, récemment victorieuse, comme vient de l'être l'armée française1. « Mais Frédéric n'est plus là; » ce fut le mot de Napoléon en examinant les dispositions des alliés. Depuis le mois de février, ces hauteurs vouées à la guerre sont bouleversées par les pionniers ennemis, et depuis la bataille de Lützen, ces travaux ont été poussés avec plus d'activité encore. L'arrivée du corps de Barklay de Tolly a porté la grande armée alliée à cent cinquante mille hommes, nombre égal à celui de l'armée française. L'empereur Alexandre a pris le commandement en chef, et communique la confiance qui l'anime à son armée, dont il croit la position inexpugnable.

Le seul corps français qui dans ce moment semble menacer l'extrême droite des alliés est celui de Lauriston, qui, après s'être porté de Torgau sur Ubigau, s'était rabattu sur Hoyerswerda 2, et s'avançait péniblement à travers les marécages boisés qui séparent l'Elster-Noire de la Sprée. York et Barclay de Tolly marchent à sa rencontre. Ce dernier s'égare et vient donner à Konigswartha sur la division italienne du général Peri, du 4o corps, détachée pour maintenir les communications avec Ney et Lauriston; cette division fut très-maltraitée. Le transfuge York, moins heureux, était rencontré à Weissig par Lauriston, et rejeté avec perte sur la Sprée. Pendant ce temps, tous les corps de l'arinée française qui ont traversé Dresde 3, se déploient sur les hauteurs en face de Bautzen, de Techritz à Welka.

Le 20 à midi, la canonnade retentit sur toute la ligne. Pendant cette journée, l'ennemi défend la ville de Bautzen et les hauteurs qui bordent la Sprée, de Sinkwitz à Klix. L'attaque des Français est impétueuse et irrésistible. Oudinot, Macdonald et Marmont franchissent la Sprée, et s'emparent des hauteurs au sud et au nord de Bautzen. Cette ville même, dont les antiques remparts retentissent des décharges de l'artillerie russe, est enlevée par les voltigeurs de la division Compans, tandis que

'Le 14 octobre 1758, Frédéric occupait la position d'Hochkirch; il en fut chassé après cinq heures d'une lutte opiniâtre et sanglante. Sa droite, appuyée aux montagnes de Bohême, fut tournée par l'ennemi, ce qui décida l'affaire. Malgré les pertes qu'il avait faites, Frédéric, s'étant replié sur Kreckwitz et Klein-Bautzen, y resta dix jours en vue de Daun, qui n'osa pas attaquer, de peur de gåter sa victoire. En 1813, les alliés occupaient toutes ces positions à la fois; et celle d'Hochkirch ne pouvait plus être tournée, comme en 1758, à cause de la neutralité de la Bohême.

la division Bonnet repousse les Prussiens de Kleist au delà de Niederkayna. Pendant ce temps, le 4o corps a délogé l'ennemi des hauteurs de NiederGurck, et s'établit entre les deux bras de la Sprée, de Luben à Gross-Leichnam. A huit heures du soir, Napoléon est entré à Bautzen. Pendant cette première journée, l'ennemi n'a voulu que retarder et fatiguer l'armée française, avant de lui laisser aborder sa principale ligne de défense. Pour les deux partis, la vraie bataille sera celle du lendemain. Mais, dès ce moment, on en devine le résultat. Tandis que l'ennemi multiplie ses précautions pour n'ètre pas forcé le lendemain dans la formidable position d'Hochkirch à sa gauche, les deux premières divisions de Ney, qui ont marché pendant toute la journée du 20, entrent en ligne devant Klix, sur la Sprée, à l'autre extrémité du champ de bataille.

Le 21, la bataille s'engage sur tous les points. Oudinot et Macdonald maintiennent la gauche de l'ennemi 4; Mortier et Marmont, son centre et ses réserves. Nous le savons d'avance, c'est à sa droite que le succès va se décider. Le corps de Barklay, attaqué avec impétuosité, est délogé de Klix, de Malschwitz et des hauteurs de Glein. La division Souham s'élance sur la position capitale de Preititz, qu'un billet de Napoléon prescrivait d'occuper pour onze heures. Les alliés, attaqués sur toute leur ligne de front, entendent maintenant derrière eux le canon de Ney, qu'ils croyaient encore le matin dans la direction de Berlin. La lutte acharnée de Kaya se renouvelle à Preititz; les Prussiens sont venus au secours des Russes; ils reprennent cette position et en sont chassés à leur tour. Dès ce moment, la bataille est gagnée; il ne s'agirait plus que d'en recueillir les fruits. De Preititz, Ney domine la plaine qui s'étend derrière les autres hauteurs, où l'armée prussienne est encore engagée tout entière; la plaine, traversée par la chaussée de Würschen, l'unique ligne de retraite des alliés. Quel moment si nous avions là Murat et sa brillante cavalerie, dont la Russie garde les ossements! Le souvenir de 1812 plane toujours, comme un nuage sinistre, sur nos victoires nouvelles !

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Cependant les feux de notre gauche, éclatant à l'horizon, ont annoncé l'instant décisif; c'est sur la droite de l'ennemi, déjà tournée, que Napoléon frappe les coups les plus terribles. Soult, avec le 4o corps, attaque et enlève la position de Kreckwitz, au moment où Blücher vient de la dégarnir pour combattre Ney. La réserve prussienne d'York débouchait à son tour de Litten pour reprendre Kreckwitz. Napoléon a lancé sur elle, du ravin de Nadelwitz, la jeune garde et les cuirassiers de Latour-Maubourg. Enfin, attaqué de front et à revers et débordé par sa gauche, Blücher abandonne ses positions et se retire par la chaussée de Würschen; sa retraite est protégée par Barklay et Kleist contre l'arrière-garde de Ney, qui entrait en ligne sous Reynier, et contre Lauriston, qui débouchait à l'extrême droite par Baruth1.

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La défaite des Prussiens a décidé la bataille;

Le maréchal Ney, s'il avait eu de la cavalerie, et surtout s'il avait bien connu la position des différents corps de l'armée ennemie, aurait pu obtenir des résultats plus importants, en marchant dans la direction des clochers de Hochkirch, aussitôt après la prise de Preititz. Toutefois on ne saurait méconnaître une grande exagération dans les reproches que lui adresse, à ce sujet, son ancien chef d'état-major Jomini. D'après les généraux alliés, le corps français le plus avantageusement placé pour couper la retraite à Blücher, était celui de Lauriston, qui se laissa retarder beaucoup vers Baruth par des forces inférieures sur un terrain, il est vrai,

Miloradowitz, vivement pressé par les 6o, 11° el 12 corps, se retire sur Hochkirch, sans pouvoir être entamé, toujours faute de cavalerie. A la nuit, Würschen, qui, la veille encore, était le quartier général de l'empereur Alexandre, est occupé par nos troupes 2.

Ces mêlées formidables, où triomphe encore le génie de Napoléon, n'ont plus le prestige de ses anciennes victoires; elles n'exaltent pas les vainqueurs, ne découragent pas les vaincus. Quelle différence entre le soir de Bautzen et celui d'Austerlitz ou de Jéna! « Quoi! pas de canons, pas de prisonniers! » s'écrie Napoléon lui-même. Aucun de ces résultats qui consolent du sang versé! Rien que des blessés et des morts; la guerre, dans toute son horreur, et sans l'ivresse du triomphe; la guerre indécise, interminable, comme les steppes de la Russie!

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Lettre de M. de Stadion au prince de Neufchâtel, du 20 mai. Mouvements des armées. Mort de Duroc. Entrée des Français à Breslau. Nouvelle lettre du duc de Vicence à M. de Nesselrode (25 mai). — Réponse de celui-ci (26 mai). — Arrivée des plénipotentiaires chargés de négocier l'armistice. — Départ de l'empereur d'Autriche pour Prague. — Dernières conférences de M. de Metternich avec l'ambassadeur français. — Complicité avouée de l'Autriche avec les alliés. — Entrevues de l'empereur Alexandre avec M. de Metternich. — Conférences de Liegnitz entre M. de Bubna et M. de Bassano. Négociations de l'armistice. - Signature de la convention d'armistice, le 4 juin. Affaires d'Espagne. Dissentiments entre les insurgés espagnols et les Anglais. Conseils de Napoléon à son frère. Dépêche du 5 janvier. Fautes de Joseph. — Situation des armées dans la Péninsule à la fin de 1812. Opérations de Suchet. Joseph quitte Madrid pour la dernière fois. Opérations de Clauzel dans le nord de l'Espagne. Préparatifs et plan d'opérations de Wellington. Passage du Duero. - Combat et prise de Salamanque. Hésitations de Joseph. — Retraite des Français au delà de l'Ebre. Encombrement des bagages dans le bassin de Vittoria. - Mouvement de Wellington vers les sources de l'Ebre. - Concentration des forces françaises. — Bataille de Vittoria.

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Nous arrivons maintenant à des négociations plus décisives que des batailles. Quelques notes dictées à la hâte, quelques conversations échangées à voix basse, dans le silence des nuits, fixeront les destinées de l'Europe.

Nous avons vu comment Napoléon avait échoué dans sa tentative d'arrangement direct avec l'empereur Alexandre. La première victoire de Bautzen n'avait valu au duc de Vicence qu'une réponse évasive de Nesselrode. Cette réponse, évidemment antidatée de la veille 1, renvoyait toute communication à l'Autriche, dont la médiation avait été acceptée par l'empereur Alexandre, qui en conséquence ne pouvait admettre le duc de Vicence, malgré son désir personnel de le voir. La lettre avait été écrite au quartier général russe de Würschen, occupé le lendemain par l'armée française. Enfin, à la suite de cette nouvelle victoire, une lettre du représentant de la puissance médiatrice

Elle portait la date du 20 mai. Un post-scriptum du 21 ajoutait qu'au moment où il allait envoyer la lettre, le combat s'était engagé. Il était impossible de déguiser plus maladroitement la volonté de ne répondre à des ouvertures pacifiques qu'en cas d'absolue nécessité.

⚫ Il est presque superflu de faire observer que M. de Stadion, avant et depuis la lettre de Bubna, aurait pu empêcher la bataille de Bautzen, et, par conséquent, la

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auprès des alliés parvient au prince de Neufchâtel. On connaît déjà les dispositions impartiales et pacifiques de M. de Stadion; nous n'avons donc pas à nous étonner de ce qu'il n'interpose son influence pour la cessation des hostilités, qu'à partir du moment où leur continuation deviendrait préjudiciable aux alliés. « Le comte de Bubna l'a informé, par une lettre du 18, des intentions que S. M. l'empereur des Français a fait connaître de préparer des négociations pour la paix par un armistice, et les souverains alliés lui ont déclaré, en sa qualité de représentant de la puissance médiatrice, qu'ils sont prêts à envoyer aux avant-postes des officiers munis des pouvoirs nécessaires 2. » Ainsi Napoléon, vainqueur, est condamné à subir la médiation autrichienne.

Cependant l'armée victorieuse s'avance sur tous les points 3. Ney, Lauriston et Reynier poussent Blücher et Barclay de Tolly sur la route de Breslau; l'aile gauche des alliés se retire devant Macdo

mort de vingt mille hommes, si sa mission avait été vraiment pacifique, comme elle aurait dù l'être. Les alliés n'auraient pas risqué une pareille affaire s'ils avaient eu le moindre doute sur l'adjonction prochaine de l'Autriche. Tout en évitant avec soin de s'exposer à une défaite entière, leur intérêt était de prouver à cette puissance qu'ils ne se ménageaient pas en l'attendant.

3 Dans cette campagne, la fortune vend chèrement ses faveurs à Napoléon. La mort moissonne de préfé

nald, Marmont et Bertrand. Le général russe Miloradowitz couvre la retraite avec le sang-froid et l'intrépidité que nous lui connaissons déjà 1. L'armée française traverse successivement, à la suite des alliés, la Neiss, la Queiss, la Bober, la Katzbach; elle est entrée en Silésie ; à notre gauche, le duc de Bellune (2o corps) arrive sous les murs de Glogau. Après plusieurs mois de blocus et de souffrances, les braves défenseurs de cette ville saluent avec transport nos aigles libératrices. Ni les attaques réitérées de l'ennemi, ni les nouvelles de nos prétendues défaites, n'avaient pu lasser leur constance 2. Cependant, l'armée des alliés qui, grâce surtout à l'infériorité de notre cavalerie, a pu se réorganiser encore cette fois en se retirant, n'oppose nulle part de résistance sérieuse; elle se retire vers la haute Silésie. Ce mouvement suffit pour prouver à quel point les alliés sont déjà sùrs de l'Autriche. Si cette puissance restait seulement neutre à la reprise des hostilités, acculés ainsi sur la Bohème, ils n'auraient plus de ligne de retraite. L'empereur Napoléon ne s'abuse pas sur la signification politique de cette direction donnée à l'armée ennemie vers la frontière autrichienne, et s'attache à en neutraliser l'effet en gagnant le plus de terrain possible. Nos avant-gardes suivent de près l'ennemi, qui se retranche à Schweidnitz; le 31 mai, le quartier impérial est déjà à Neumark, le quatrième corps est près de Jauer, le sixième entre Neumark et Moys, les troisième, cinquième et septième vers Lissa. L'armée s'étend vers l'Oder; déjà Glogau a été débloqué par le deuxième corps. Lauriston, détaché de Lissa

rence autour de lui ses plus fidèles serviteurs. Le lendemain même de la bataille de Würtschen, dans une affaire contre l'arrière-garde russe à Reichenbach, nous perdimes d'abord le général de cavalerie Bruyères; et, peu de moments après, un boulet vint tuer à quelques pas derrière Napoléon le général du génie Kirgener et le grand maréchal du palais Duroc. Cette dernière perte fut cruellement sentie par l'empereur et par toute l'armée. Bessières et lui en moins d'un mois, c'était trop. Duroc était aussi aimé de l'empereur qu'il lui était nécessaire dans sa sphère d'action. On se rappelle qu'à Schoenbrunn, en 1809, l'empereur, menacé par le poignard d'un fanatique, avait dû la vie à son grand maréchal. C'était un des hommes dont il avait fait toute la fortune, et celui-là du moins le servait avec un sincère dévouement. Duroc aurait été à Sainte-Hélène; tous ceux qui le connaissaient n'en ont jamais douté. Cette opinion unanime est le plus bel éloge qu'on puisse faire de lui.

'Après avoir tant de fois bravé la mort dans les terribles batailles de l'empire, Miloradowitz, devenu gouverneur de Saint-Pétersbourg, fut tué d'un coup de pistolet tiré à bout portant dans l'émeute qui éclata lors de l'avènement de l'empereur Nicolas, au moment où,

sur Breslau, avec le cinquième, entre à six heures du matin dans la capitale de la Silésie, dont les habitants, deux mois auparavant, saluaient de leurs acclamations l'entrevue de l'empereur Alexandre et du roi de Prusse. Ainsi, en moins d'un mois, Napoléon a conduit une armée de conscrits, sans cavalerie, des bords de la Saale à ceux de l'Oder; il touche à la Pologne pour la dernière fois. C'est en ce moment que les négociations de l'armistice suspendent les hostilités 3.

Napoléon n'avait pas perdu encore toute espérance de faire parvenir le duc de Vicence jusqu'à l'empereur Alexandre. En même temps que le duc de Bassano écrivait au comte de Stadion pour lui témoigner la satisfaction de l'empereur sur les dispositions favorables dont il avait donné l'assurance par sa lettre du 22, Caulaincourt répondait à M. de Nesselrode 4. Il n'était chargé d'aucune mission diplomatique, comme ce ministre avait eu l'air de le croire; mais il devait, en profitant de l'accès que lui aurait accordé l'empereur Alexandre, s'il avait été disposé à éviter la bataille, lui proposer un armistice. I continuait à être chargé de la même commission, et insistait de nouveau pour qu'il lui fût permis de faire sa cour à l'empereur Alexandre, puisque l'on était d'accord pour l'ouverture d'un congrès. M. de Nesselrode se hâte de répondre (le 26): « Son souverain avait pensé que, pour les arrangements d'un armistice, il était plus simple d'envoyer un officier de confiance aux avant-postes de l'armée française. Ce serait faciliter l'affaire, et épargner la peine d'une course pour un objet pure

seul parmi les révoltés, il les exhortait à rentrer dans l'ordre.

2 Les détails du siége furent publiés dans le Moniteur du 10 juin.

3 Quelques engagements assez importants avaient eu lieu dans les derniers jours de mai: à Haynau, l'avantgarde du général Maison fut surprise par la cavalerie prussienne (26 mai); le lendemain, en revanche, un convoi russe fut pris par la division Sébastiani. Les alliés firent grand bruit de l'affaire d'Haynau, comme aussi d'un convoi enlevé, peu de jours après la bataille de Bautzen, entre Zwickau et Chemnitz, et d'un détachement de cavalerie, surpris entre Bernbourg et Halle, par des partis russes et prussiens qui continuaient d'infester les communications de l'armée.

Napoléon avait laissé à Bautzen le duc de Reggio avec le 12e corps, pour observer le général prussien Bülow, qui couvrait Berlin, et l'empêcher de se porter sur la Silésie. Le duc de Reggio battit les Prussiens sur l'Elster; peu de jours après, il crut pouvoir attaquer Bülow à Lückau et fut repoussé à son tour. Néanmoins il avait atteint son but avec seize mille hommes il en avait tenu trente mille en échec jusqu'à l'armistice. 4 Gorlitz, 25 mai.

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