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France, qui retournait à Stockholm. M. de Rosenkrantz savait que cet agent avait été chargé plus d'une fois de communications importantes entre la France et la Suède : on pouvait craindre que Napoleon n'eût la pensée de s'arranger directement avec cette puissance, en consentant enfin à la cession de la Norwége. Cette appréhension avait beaucoup diminué la fatuité du ministre danois. Il fut bientôt rassuré par la réponse de l'ambassadeur à Paris, M. de Waltendorf. A la première communication des démarches faites à Londres, M. de Bassano avait été vivement surpris; mais l'empereur Napoléon faisait répondre qu'il tenait compte au roi de la loyauté qu'il avait mise dans cette déclaration, et qu'il n'en ferait pas moins tout ce qui dépendrait de lui pour empêcher que la Norwége fut enlevée à la cour de Copenhague. Ce langage était noble et vraiment digne des deux monarques. Napoléon avait vu avec raison, dans les lettres de Frédéric, plus d'affection et de sincérité que dans celles de son propre beau-père. Il jugeait bien la position du Danemark, entre lui, qui, en ce moment, ne pouvait rien pour le soutenir, et les alliés, qui pouvaient tout pour l'accabler 1.

Par la levée du blocus continental, le roi de Danemark se retirait de l'alliance française, mais n'accédait pas encore à celle du Nord. Nous aurons plus tard à raconter ou à flétrir les manœuvres par lesquelles on parvint à le compromettre tout à fait vis-à-vis de Napoléon.

Malgré les bruyantes effusions de Bernadotte en sentiments et en projets hostiles à la France, le cabinet de Londres et celui de Pétersbourg eurent encore quelques instants de doute sur lui pendant les deux premiers mois de 1813. Après avoir remis sa note au duc de Bassano, M. d'Ohsson, le chargé d'affaires de Suède, était encore resté plus d'un mois à Paris; quelques explications confidentielles avaient eu lieu sur les mesures de rigueur spontanées du prince d'Eckmühl en Pomeranie, sur le langage tenu par M. de Cabre à Stockholm, langage qui fut tout à fait désavoué. De plus, l'empereur Alexandre craignait toujours que Bernadotte ne chancelât au moment définitif, quand il faudrait solennellement s'engager à combattre la France 2. On crut donc nécessaire d'envoyer à Stockholm l'un des agents de la Russie les plus dévoués et les plus subtils, un compatriote de Napoléon, M. Pozzo di Borgo, qui préludait, par des missions secrètes

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contre la France, à sa longue ambassade de Paris 3. C'était un puissant renfort qui arrivait à Mme de Staël et au général Suchtelen pour combattre les hésitations du prince royal, hésitations à la réalité desquelles nous nous plaisons à croire. On ne cessait de lui répéter qu'il n'y avait plus à regarder derrière lui, que Napoléon ne lui pardonnerait jamais. Enfin, on hâta la conclusion du traité qui l'enchaînait irrévocablement à l'alliance du Nord, et, au moment même où Napoléon promettait au Danemark de tout faire pour lui faire conserver la Norwége, les alliés garantissaient cette province à la Suède par le traité de Stockholm, signé le 3 mars 1813. Tous les projets hostiles à la France, qui avaient été agités dans les conférences précédentes, y reçoivent leur sanction définitive. Un corps de trente mille Suédois au moins agira sur le continent contre les ennemis communs, de concert avec un corps de troupes russes; tous deux sous les ordres du prince royal (art. 1er). L'Angleterre accède aux conventions déjà existantes au sujet de la Norwége entre la Russie et la Suède, et promet de concourir à leur exécution, si le refus préliminaire du Danemark d'accéder à la confédération du Nord, d'après les conditions stipulées toujours entre la Russie et la Suède, rend nécessaire l'emploi de la force (art. 2). La Suède, par l'article 6, accorde aux sujets britanniques, pendant vingt ans, le droit d'entrepôt dans les ports de Gothembourg, de Carlshann et de Stralsund.

Le commandement en chef de l'expédition projetée a dû être confié à Bernadotte son nom, sa renommée militaire, entrent en ligne de compte dans ce marché que va solder l'Angleterre; d'ailleurs, c'est lui, Français, qui décide ce traité contre la France; aussi aucune garantie n'est négligée pour le retenir dans cette étrange alliance. L'enthousiasme patriotique de la Suède contre Napoléon est taxé à un million sterling, payable en cinq termes (art. 3) 4. Les puissances contractantes s'engagent à ne pas séparer, dans leurs traités futurs, leurs intérêts naturels, et en particulier ceux qui sont relatifs à l'objet du traité actuel. Mais tout cela ne suffit point encore; il faut que le nouvel allié des puissances coalisées devienne le complice d'une grave insulte contre sa patrie, insulte pire que le sang versé, et qui le compromette d'avance sans retour aussi l'Angleterre a forcé la Suède à se laisser céder la Guadeloupe, dernière colonie française

MM. d'Anstett et Pozzo di Borgo, étaient nés Français.

4 L'article 4 stipule une avance d'entrée en campagne.

tombée, après une longue et opiniâtre résistance, au pouvoir des maîtres de la mer (art. 5). Rien de plus contraire au droit public que cette cession en faveur d'une tierce puissance, récemment encore alliée de la puissance dépouillée qui ne figure pas au traité. Pour qu'une telle condition ait pu être proposée, débattue, et enfin acceptée et rendue publique, ce n'a pas été trop de toute la haine combinée de Bernadotte et de l'Angleterre contre Napoléon.

Au reste, nous ne saurions être plus sévères pour ce traité que ne le furent les Anglais eux-mêmes. Quand il fut examiné à la chambre des pairs, lord Grey demanda la communication de la correspondance entre le cabinet de Copenhague et celui de Londres. Il s'étonnait de cette nécessité d'employer la force, présentée comme imminente, quand il était notoire que le cabinet de Copenhague avait fait depuis des démarches à Londres pour négocier une accession plus complète aux bases de la confédération du Nord, et que les troupes danoises avaient dépassé déjà l'attitude de la neutralité armée, puisqu'elles étaient entrées dans Hambourg à la suite des troupes de la coalition 2. L'opposition de M. Ponsonby fut plus énergique encore à la chambre des communes : il demanda que la chambre se formât en comité, pour demander au prince régent de faire suspendre l'exécution du traité. Il démontra avec sagacité comment la cession de la Finlande à la Russie, consentie par Napoléon, avait amené celle de la Norwége garantie par la Russie à la Suède, aux dépens du Danemark, auquel, à son tour, l'Angleterre, de concert avec la Suède et la Russie, promettait une indemnité aux dépens d'États sur lesquels elle n'avait pas plus de droits que Napoléon n'en avait sur la Finlande, et la Russie sur la Norwége, lors du traité de Tilsitt. L'Angleterre devenait donc solidaire, avec la Suède et la Russie, de cette série d'injustices politiques qui remontait à Napoléon; ainsi, au moment où ces

'La cession de la Guadeloupe avait été proposée à la Suède dès le commencement de 1812.

'Lord Grey démontra aussi l'impossibilité de toutes les compensations proposées. Les villes hanséatiques méritaient trop d'être libres par leur patriotique enthousiasme, qui devançait même l'arrivée des libérateurs. Le Mecklembourg avait un souverain allié à la Russie; le Hanovre était l'antique domaine des rois d'Angleterre. Nous verrons, plus loin, comment le Danemark avait été amené à s'engager tout à fait dans la coalition, ce qui n'avait pas empêché les ministres anglais de présenter le traité aux chambres.

3 Un sénatus-consulte du 14 octobre 1813 défendit qu'aucun traité fût fait avec la Suède et ses alliés, qu'au préalable la Suède n'eût renoncé à la possession de la Guadeloupe,

trois puissances proclamaient leur intention commune de délivrer l'Europe de la tyrannie de l'empereur, elles aussi allaient spolier des États faibles, et renouveler dans le Nord l'acte infamant du partage de la Pologne. M. Canning pensait également que le gouvernement britannique n'avait nul droit de garantir la permanente possession de la Norwége, qui n'était encore acquise ni par force ni par aucun traité. Ces deux orateurs blâmèrent l'acte relatif à la Guadeloupe, comme contraire aux saines maximes du droit public, et au but avoué du traité, qui était de hâter la paix de l'Europe. La France voudrait certainement ravoir cette colonie 3. Mais la voix de l'équité se perdait dans le tumulte des passions; le traité passa, parce que son but véritable, comme l'avait bien dit lord Ponsonby, n'était pas la paix, mais une guerre plus active contre l'ennemi de toute paix, c'est-à-dire contre l'ennemi de la fortune et de la suprématie de l'Angle

terre.

Le sort en est donc jeté. Bernadotte est irrévocablement engagé avec les ennemis de la France, et, dès ce moment, nous pouvons le juger, car il restera fidèle à l'alliance sacrilége qu'il vient de conclure 4. En appréciant sa conduite, je suis resté impartial autant que je l'ai pu ; mais je crois que la postérité sera sévère pour lui. Elle décidera si les torts de Napoléon à son égard ont été même bien réels, si d'ailleurs ils excusaient de pareilles représailles exercées aux dépens de son ancienne patrie par Bernadotte. Impatient de cesser d'être Français pour cesser d'être soumis à l'empereur, nous l'avons vu porter dans le Nord la vanité proverbiale de son pays natal, et faire sa raison d'État de cette vanité. Avec un homme de cette trempe, des incidents tout à fait secondaires ont pris tout à coup une importance inattendue; les procédés de M. Alquier, quelques mots acerbes de Napoléon, infidèlement ou mal à propos rapportés,

4 Les historiens de cette époque se sont beaucoup trop occupés d'une prétendue lettre du 23 mars, adressée par Bernadotte à Napoléon, qui ne l'a connue que bien plus tard. Cette lettre, sorte de défi très-peu convenable de la part du prince royal, avait été lue à madame de Staël, si nous en croyons l'un des historiens de Bernadotte. Nous serions porté à en croire plus même qu'il n'en dit; on sait que cette femme célèbre a pris part à la rédaction de plusieurs écrits dirigés contre Napoléon. La lettre du 23 mars n'est autre chose qu'un nouveau pamphlet, que les ennemis de l'empereur avaient jugé de nature à impressionner les esprits, en Allemagne et même en France. Des milliers d'exemplaires en furent distribués pendant les mois de mai, juin et juillet.

quelques flatteries de l'empereur Alexandre, je ne sais quelles chimériques espérances peut-être, ont décidé la marche des affaires : l'indépendance politique de la Suède n'était qu'un prétexte sonore, dont il cherchait à s'étourdir lui-même. A lui seul tout l'honneur d'avoir fait de son pays d'adoption l'allié stipendié des ennemis de son pays natal; du

palais même qu'il devait aux victoires françaises, un foyer d'intrigues et de conspirations contre la France! Aussi coupable, mais plus heureux que d'autres, sa défection l'aura sauvé : débris profané de notre gloire, sa fortune restera debout. N'importe, pas un de ses vieux compagnons d'armes n'aura envié sa royauté !

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Retraite de Pologne. Le prince Poniatowski et les Polonais. - Conduite du général Frimont son successeur.

Mission du prince de Schwartzenberg à Paris. Continuation du mouvement de retraite. — Séjour à Czenstockow. — Arrivée à Cracovie. — Plaintes du comité de la confédération générale. — Dévouement des Polonais. - Insolence des Autrichiens. Contestations entre le général Frimont et le prince Poniatowski. — Hommages rendus au roi de Saxe dans le grand-duché, malgré la présence des Russes. — Le prince Adam Czartoryski. — Démarches secrètes de deux ministres du grand-duché auprès de l'empereur Alexandre. — Lettre de ce prince, interceptée par les Autrichiens. - Conflit entre les sentiments personnels de l'empereur Alexandre et la politique de son cabinet. — Aveux de M. Mostowski, ministre de l'intérieur. - Excuses en faveur des deux ministres. Étrange langage de M. de Pradt. - Création d'un conseil suprême de gouvernement pour la Pologne, par un ukase de l'empereur Alexandre. Instructions · Dissolution du conseil de la confédération générale. données par l'empereur Napoléon à son nouvel ambassadeur en Autriche, M. de Narbonne. - Proposition tardive d'un partage de la Prusse. Le prince de Schwartzenberg et M. Mercy d'Argenteau. révolutionnaire en Autriche et en Allemagne. Proclamations adressées aux Saxons. voques de M. de Metternich. Convention secrète de Kalish entre les Autrichiens et les Russes (29 mars). Réflexions sur cette convention. Nouvelles instances du général Frimont. - Duplicité du cabinet autrichien. Nouveaux ordres de Napoléon pour le corps auxiliaire. — Mensonges officiels du prince de Schwartzenberg à Paris. Indignation de l'empereur Napoléon. Note de M. de Narbonne, du 21 avril. L'Autriche prend l'attitude d'une médiation armée. - Redoublement d'insistance du général Frimont pour le départ des troupes polonaises. Le prince Poniatowski se décide à la retraite. corps polonais va rejoindre la grande armée.

Effervescence Dispositions équi

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Nous avons vu le prince de Schwartzenberg, jaloux, comme il le disait lui-même, de conserver intact un corps qui pouvait être utile dans la campagne prochaine, se retirer devant les Russes, leur abandonnant Varsovie à discrétion 1. Les membres du gouvernement s'étaient retirés à Pétrikau. La retraite précipitée du général Reynier sur Kalish hâta notre départ; le 11 février, nous partimes pour Czenstockow. Les mouvements du corps auxiliaire autrichien nous contraignaient à prendre cette direction. Tandis que Napoléon lui envoyait l'ordre de tenir à Varsovie, ou du moins de se retirer sur Kalish, M. de Metternich avait déjà entre les mains, et montrait à l'ambassadeur de France, le rapport du prince de Schwartzenberg. Coupé de Posen (j'ai déjà parlé de ses trois mots favoris: débordé, tourné, coupé), il n'avait pu, disait-il, exécuter les ordres du vice-roi, et s'était replié sur Cracovie,

Les Russes ménagèrent beaucoup Varsovie, et pour plusieurs raisons. Outre qu'ils n'avaient pas oublié que les ressentiments de cette ville étaient dangereux, nous

après avoir favorisé la retraite du général Reynier 2. Il aurait été difficile au prince de Schwartzenberg de démontrer comment il avait été coupé de Posen. Au moment où il se retira par la route de Cracovie, il n'y avait entre la Wartha et la Vistule que les deux divisions russes d'avant-garde de Wintzingerode, qui avaient passé la Vistule à Plotzk, et qui atteignirent le général Reynier à Kalish. A Vienne, le prince de Schwartzenberg avoua lui-même qu'il aurait pu prendre cette direction. Les communications directes de Posen n'étaient occupées que par des Cosaques, au moment de l'évacuation de Varsovie. La première troupe russe qui entra à Posen le 20 février, après la retraite de l'armée française, ce fut l'avant-garde de l'armée de Moldavie, dont la concentration des Autrichiens avait favorisé les mouvements, et qui n'avait franchi la Vistule qu'après leur départ; et

verrons bientôt que ce système de modération entrait dans la politique de l'empereur Alexandre.

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l'on se rappelle que, dès le 23 janvier, au moment où les Russes se mettaient à peine en mouvement pour franchir la Vistule, douze jours enfin avant l'évacuation de Varsovie, le cabinet de Vienne faisait déjà annoncer à Paris la retraite du corps auxiliaire sur la Gallicie. L'impossibilité de se retirer sur Posen, comme l'impossibilité de se maintenir à Varsovie, n'était donc qu'une suite du système concerté d'avance pour isoler le corps autrichien de l'armée française, faciliter les communications hostiles de la Prusse, et livrer à l'occupation russe nos vrais, nos fidèles auxiliaires, les Polonais.

Un homme, dont le nom rappelle tous les beaux sentiments, toutes les généreuses pensées, un héros dont la mémoire est à jamais sacrée pour ses compatriotes, le prince Poniatowski, avait rassemblé d'illustres débris. Sept à huit mille hommes de toute arme, tristes restes d'une brillante armée, formaient alors toute la force nationale. Il les dirigeait sur Sokolnick, afin d'aller rejoindre le général Reynier; mais, après le combat de Kalish, cette jonction était devenue impossible. Il restait au corps polonais la faculté de se jeter dans un coin de la Silésie. C'était une ressource aventureuse, dans un moment où l'on pouvait déjà supposer que la politique de quelques cabinets allait subir d'importantes modifications. D'ailleurs, le corps polonais était peu en état de faire campagne; composé en grande partie de recrues, encore vêtues de leurs habits de paysan, il avait besoin d'être habillé, exercé, organisé dans toutes ses parties. Une fois hors du territoire polonais, tous les moyens lui eussent manqué à la fois. Ces avantages, au contraire, lui étaient conservés en le plaçant sous le rempart des troupes autrichiennes, dont nous ne redoutions pas encore une complète trahison.

Cependant le prince de Schwartzenberg, fatigué peut-être du double rôle qu'il avait à jouer constamment entre les Russes et nous, avait demandé, dès le milieu de janvier, à venir passer six semaines à Vienne. M. de Metternich songea de suite à l'envoyer à Paris. « Cette mission, disait-il à M. Otto, aura un double but, faire connaître à Paris le véritable état des choses, et manifester à l'Europe les dispositions du cabinet autrichien, en envoyant le commandant du corps auxiliaire prendre les ordres de son chef. » Sans doute ce langage, et l'idée même de la démarche, indiquent suffisamment que le chef du gouvernement autrichien n'avait pas perdu encore tout espoir de s'entendre

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avec Napoléon. Il faut bien convenir néanmoins que le prince de Schwartzenberg, qui, depuis le commencement de la campagne, n'avait fait qu'éluder ou enfreindre les ordres qu'il avait reçus, était singulièrement choisi pour en aller prendre d'autres. Si sa conduite avait été dès lors nettement définie, ou si l'empereur n'avait pas jugé plus prudent de paraître se laisser abuser, à quelle réception cet envoyé eut-il dù s'attendre?

Le général Frimont, qui l'avait remplacé dans le commandement du corps auxiliaire, après avoir conclu en secret une nouvelle suspension d'armes, continuait le mouvement sur Cracovie avec l'inflexible roideur d'une consigne. La conduite des Autrichiens pendant cette retraite était de nature à entretenir les craintes les plus sérieuses sur la stabilité même de l'alliance française à Vienne. J'écrivais à M. de Bassano, le 12 février: « Les lettres que je reçois des départements occupés par les Autrichiens présentent un tableau désolant sur tous les points; ils cherchent à détruire les ressources par une consommation énorme de denrées, à décourager les habitants par de mauvaises nouvelles ; ils empêchent la levée des recrues, ou même dispersent les réunions déjà formées. Cette manière d'agir est si générale, si unanime, qu'on est presque obligé d'y voir une marche systématique, suivie et tracée de haute main. » Les officiers autrichiens, irrités de retrouver partout des portraits de Napoléon, dans la chaumière du pauvre comme dans la demeure du riche, les déchiraient ou les chargeaient d'inscriptions injurieuses.

Dès le 18, le général Frimont avait porté son quartier général à Mieckow, dans le département de Cracovie, et, obligeant ainsi le corps polonais à faire un mouvement analogue au sien, nous faisait perdre sans nécessité les départements de Radom et de Lublin, dont nous disposions encore en grande partie. Pressés par les événements, nous nous arrêtâmes deux jours seulement à Czenstockow, petite ville dont le couvent fortifié est célèbre, dans les annales religieuses et patriotiques de la Pologne, par sa Vierge miraculeuse et par l'héroïque défense de Pulawski en 1771. Tout en prévoyant que la garnison de sept à huit cents hommes qu'il fallait laisser à Czenstockow serait bientôt compromise, c'était un sacrifice qu'il fallait faire à l'opinion du peuple, qui eût tout cru perdu sans ressource, si on eût négligé de défendre le sanctuaire de la nation 1.

été envoyé par le général Frimont preuve nouvelle, sinon de l'existence d'un accord politique entre l'Antriche et la Prusse, du moins d'une parfaite intelligence entre ces deux cours relativement aux positions mi

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