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Voici maintenant la traduction du texte du liturgiste: nos lecteurs y remarqueront que, par une antithèse ordinaire aux écrivains du Moyen Age, l'auteur entremêle alternativement, en parlant des points cardinaux, le sens littéral et le sens mystique:

"...Car quoique Jésus-Christ vienne de l'Orient, néanmoins «< il laisse les Juifs à sa gauche à cause de leur infidélité, et « vient aux Gentils auxquels, bien que leur position réelle soit à l'Occident, il accorde d'être à sa droite: et cepen

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dant, venant de la gentilité placée à la droite de l'Orient

Point de départ.

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« (le Nord à l'égard de l'autel, du crucifix et de l'Évêque « consécrateur qui font face à l'assistance), il visitera, dans l'angle gauche de l'Occident (gauche, toujours relative« ment à l'Évêque consécrateur, tournant le dos au maîtreautel) les Juifs, qu'on sait être au rang secondaire du mo«ment où il a trouvé les Gentils '.

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Il est certain que cette explication serait inintelligible, si l'on n'était initié au mysticisme des points cardinaux.

V.

MÊME MYSTICISME DANS LE GESTE DE DROITE A GAUCHE ET DANS CELUI DE GAUCHE A DROITE DE L'ANCIEN ET DU NOUVEAU SIGNE DE LA CROIX.

Le signe de la croix usité au XIIe siècle et différent de l'actuel, résumait la même pensée; on opérait de haut en bas et ensuite de droite à gauche, pour montrer que JésusChrist est venu d'en haut (du Père et des choses impérissables) en bas (c'est-à-dire au monde et aux choses caduques 2):

1 Licet enim ab Oriente transiens Christus, tamen in sinistra reliquit Judæos, quia infideles, et venit ad gentes quibus (licet fuissent in Occidente), dat esse in dextera et tamen, a gentibus, in dextera positis Orientis, transiens, visitabit Judæos in sinistro angulo occidentis, quos constat esse deteriores, quamprius gentes invenerit (HUG. A S. VICT. vel alius, Erudition. theologic. in spec. Eccles., cap. 11, de Dedicatione Ecclesiæ).

A Rome principalement, ce qui est constaté par le XLIve chap. 1. I du traité De Sacro, etc., par le Pape Innocent III. « Ita, dit-il, quod de superiori descendit ad inferius, et a dextra transeat ad sinistram. Quia Christus de cœlo descendit in terram et a Judæis transivit ad gentes. . Quidam tamen (ajoute-t-il) signum crucis a sinistra producunt in dextram, quia de miseria transire debemus ad gloriam. » — Ces allusions, pour être justes, supposaient le chrétien orienté comme il l'était dans la prière; on comprend que, placé alors en face du crucifix de l'autel et du plan de l'église même, adossés l'un et l'autre à l'Est, son côté droit était le Sud; et que la gauche était ce même

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et de droite (du sud, les Juifs), à gauche (c'est-à-dire au nord, qui, ainsi que nous l'avons dit, signifiait surtout la gentilité 2.

VI.

LES MÊMES MOTIFS ONT DÉTERMINÉ LE PASSAGE DU PRÊTRE OU DU DIACRE DU SUD AU NORD POUR LA LECTURE DE L'EVANGILE PENDANT LE SAINTSACRIFICE DE LA MESSE.

On voit dans l'Ordo envoyé à Charlemagne par le Pape Étienne III, et dans toutes les anciennes liturgies catholiques antérieures au IXe siècle, que pendant la Messe, quand le diacre était arrivé au jubé pour donner lecture de l'Évan

septentrion qui était au contraire, pour la croix tracée par l'Église et pour le crucifix de l'autel, le côté droit si symbolique.

L'auteur incertain du livre Eruditiones theologica dit à ce sujet : « Dum autem signamus nos a fronte deorsum, deinde a sinistra (gauche de l'assistance, mais le Nord en réalité, la droite du crucifix, son côté divin) ad dextram (le Sud, l'humanité du Christ) illud exprimimus mysterium, quod Deus inclinavit cœlos et descendit, ut doceret præferre æterna temporalibus. Erudit., theolog. in Specul. Eccles., c. 1).

'La droite des églises par rapport aux assistants, est le côté de l'Épitre, le Sud.

*Dans l'autre signe de la croix qui prévalut un peu plus tard et qui est accepté maintenant dans la chrétienté tout entière, on opère de gauche à droite. Ce signe ainsi fait, peu en usage, mais néanmoins connu et permis au XIe siè cle, symbolisait à cette époque Jésus-Christ descendu du Père (le front, le haut) au monde (le bas, la poitrine) poursuivant sa route aux enfers (la mort, les limbes, le côté Nord, le mauvais côté de la terre) pour remonter à la vie, au ciel (la droite, ou le Midi de la terre, le côté des souffles de la grâce, le bon côté). « Quidam tamen signum crucis a sinistra producunt in dextram : quia de miseria transire debemus ad gloriam, sicut et Christus transivit de morte ad vitam, et de inferno ad paradisum. » INNOC. III, De Sacr. alt. myst., 1. 11, cap. 44).

gile, il se tournait au midi vers les hommes', les femmes étant réunies au septentrion 2.

'Ipse vero diaconus stat versus ad meridiem, ad quam partem viri solent confluere, alias autem ad septentrionem (Ordo roman. antiquus, de divinis catholicæ Ecclesiæ officiis et ministeriis per totius anni circulum, cap. 1. Cet Ordo est celui qui fut envoyé par le pape Étienne III à Charlemagne. Diaconus autem Evangelium legens, ad meridiem versus, significat Ecclesiam ferventem animo in amore Dei, elevatam esse in magno culmine virtutum (Expositio missæ transcripta ex venerandæ vetustatis codicibus, p.667 de la collection De Divinis officiis de G. Ferraris. Cet opuscule est de la plus haute antiquité et sans date).

Diaconus... vertitur ad meridiem, ubi et masculi conveniunt ; non ad aquilonem, ubi fœminæ consistunt, etc. (MICROLOGUS, De Eccl. observation., cap. 9).

Diaconus secundum ordinem se convertit ad austrum dum legit Evangelium, quia in hac parte viri stare solent, quibus spiritualia prædicari debent (Gemma animæ, cap. 16).

* Cet usage se continue encore de nos jours en Bretagne, en Alsace, et dans les provinces éloignées des grands centres. Les anciens mystagogues chrétiens en donnent diverses raisons. Amalaire et Durand de Mende en donnent l'un et l'autre un motif emprunté à l'un des sens allégoriques attribués rarement et presque exceptionnellement au Midi. Ces liturgistes, considérant les ardentes chaleurs et les souffles embrasés dont ce côté est le foyer, voient en lui l'emblême des violents assauts des tentations et des épreuves de la vie. « Masculi, disent-ils l'un et l'autre, stant in australi parte et fœminæ in boreali, ut ostendatur per fortiorem sexum firmiores sanctos semper constitui in tentationibus æstus hujus mundi: et per fragiliorem sexum, infirmiores sanctos aptiori loco, sicut dixit Paulus apostolus : Fidelis est Deus, qui non patietur vos tentari super id quod potestis. » (AMALAR. FORTUN., De Eccles. offic., lib. 1, cap. 2. - DURAND, Rationale divinor. officior., lib. 1, cap. 1).

Mais la masse des mystagogues n'attribuent l'adjudication du côté du midi aux hommes, qu'à ce que, étant le côté droit par rapport à la disposition générale de l'assemblée, il était le côté d'honneur et appuyés sur les commentaires de l'Écriture et sur l'Écriture elle-même, ils proclament toujours le sud comme le côté de la grâce, et le nord comme la région des mauvais esprits. Aquilo, ventus frigidus, diabolum significat qui flatu tentationum corda hominum congelat et infrigidat ab amore Dei... Merito contra aquilonem legitur Evangelium; quia fides, quæ in Evangelio continetur, armatura nostra est contra diabolum.» (Erudition. theolog. in spec. Eccles., c. 7).

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TOME V.

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Amalaire (Annal. de Eccl. offic. III, 2) remarque également cet usage qui, jusque là suivi à Rome, y lutta encore trois siècles contre l'innovation de plus en plus envahissante de

"Sicut enim per austrum, qui ventus est calidus et leniter flat, Spiritus Sanctus designatur, qui corda quæ tangit ad amorem dilectionis inflammat : ita et per aquilonem, qui durus et frigidus est, diabolus intelligitur, qui eos quos possidet, ab amore charitatis atque dilectionis torpentes et frigidos reddit. Quod enim per aquilonem diabolus designatur, ostendit Propheta, dicens : « O Lucifer, qui dicebas in corde tuo, sedebo in latere aquilonis, et reliquar (ALB. FLACC. ALCUINI, lib. De Divin. offic, De Celebratione Missæ).

S. Bernard ayant à expliquer ces paroles de l'Écriture, « sive ad austrum, sive ad aquilonem arbor ceciderit, ibi erit,» s'exprime ainsi :

« Austri calor et lenitas in sacra Scriptura bonam solet habere significationem ab aquilone vero panditur omne malum.... Rami nostri desideria nostra sunt, quibus ad austrum extendimur si spiritualia fuerint : si carnalia, ad aquilonem etc. »> (S. BERNARD., Serm. de Diversis, 85).

« Auster, dit S. Eucher, calor fidei... in psalmis, « sicut torrens in austro.>> (S. ECCHER, De Form. spirit., cap. 2).

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Aquilo, dit-il au même chap., diabolus vel homines infideles. In Propheta : « ab aquilone exardescent mala super terram. » (IBID., ibid.)

Cette bonne signification du côté du Midi n infirme en rien celle que le mysticisme lui donne partout simultanément en le désignant comme le côté symbolique à la Synagogue et au peuple Juif déicide et abandonné de Dieu pour un temps. Dans l'ordre d'idées où le nord étant la droite du Sauveur était considéré comme l'emblême des gentils et de la région de l'idolâtrie, le midi, par opposition, symbolisait la Synagogue et les Juifs. Dans l'ordre d'idées où le nord, à raison de sa froide température, symbolisait l'esprit du mal, les perverses inspirations qui glacent et endurcissent les àmes, le midi, par opposition, symbolisait les souffles tièdes et printaniers qui fondent la glace des cœurs, les souffles vivifiants et chauds de l'Esprit de grâce, les impressions de celle-ci et la foi qui s'insinuant au fond des esprits en vainc toutes les résistances. C'est ce qu'on voit dans l'explication donnée dans le savant traité Gemma animæ, à la lecture de l'Évangile faite primitivement au

Midi :

«Diaconus secundum ordinem se convertit ad austrum dum legit Evangelium, quia in hac parte viri stare solent, quibus spiritualia prædicari debent : per viros quippe spirituales significantur, et per austrum Spiritus Sanctus designatur... etc. » (Gemma animær xv1).

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