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verture des Heures de Charles-le-Chauve, conservée au Musée des Souverains, la couronne de Charlemagne qui enrichit le trésor impérial de Vienne, le calice et la patène de saint Gauzelin, conservés à la cathédrale de Nancy. La patène (fig. 2), moitié or, moitié vermeil, est décorée de fili

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granes et de cabochons. Le calice en or (fig. 3), dont la coupe est fort large, n'a que quinze centimètres de hauteur. Ces deux précieuses reliques, ainsi qu'un peigne liturgique en ivoire sculpté, ont été découvertes, en 1845, dans la châsse de saint Gauzelin, qui fut évêque de Toul de 922 à 962.

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Charlemagne et plusieurs Évêques de son temps interdirent de peindre le pourtour des églises, dans la crainte que les Germains ne s'imaginassent que les Saints qui y auraient été représentés, figuraient des Dieux et réclamaient de leur part un culte idolâtre. Mais cette prescription ne concernait point l'intérieur des églises. C'étaient les moines qui déco

raient de fresques les murs et les absides, ainsi que les stalles, les réfectoires et les salles capitulaires des abbayes. Un chanoine de Cambrai, nommé Madolulphe, illustra son nom en enrichissant de ses peintures les monastères de Fontenelles, de Luxeuil et de Saint-Germer de Flay. Foulques, abbé de Lobbes, peignit à fresques le dôme de son église. Les principaux sujets qu'on représentait alors étaient le mystère de la Trinité, la chute de l'homme, la passion du Sauveur, les scènes de l'Apocalypse. Guy, évêque d'Auxerre, fit peindre sur les murs de son église les châtiments de l'enfer et les joies du paradis.

On recouvrait parfois les fresques d'un vernis pour les protéger contre l'humidité. Dès cette époque, on peignit nonseulement sur des murs enduits de mortier, mais sur le parchemin, le cuir, la toile et l'argile.

Les archéologues sont aujourd'hui partagés sur la question de savoir si la peinture sur émail fut connue en France, sous la dynastie carlovingienne. Les uns croient que dès le IXe siècle, on fit chez nous, comme en Orient, des émaux translucides; les autres admettent que cet art fut exercé en Allemagne dès le Xe siècle, mais qu'en France nous n'avons point d'émaux qu'on puisse dater de cette époque, ni même du XIe siècle.

Les seuls monuments de peinture qui nous restent de ces âges reculés, sont les miniatures qui décorent les livres liturgiques. Charlemagne eut parfois recours à des peintres grecs ou italiens, pour orner les Missels et les Évangéliaires. Mais ce fut surtout dans les monastères que l'art de la miniature se développa dans le cours du IXe siècle; on entoura de magnifiques encadrements d'architecture les Canons évangéliques, espèce de tableau synoptique inventé par Eusèbe, pour faire concorder les quatre récits des Évangélistes. Les

lettres initiales déroulèrent leurs capricieux enroulements (fig. 4 et 5) et les grandes vignettes historiques commencèrent

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4.

Lettre L tirée de la Bible de Charles-le-Chauve. 5. --Lettre P de l'Évangéliaire de Gotteschalk. (Musée des souverains). (Musée des souverains).

à apparaître. C'était, il est vrai, l'enfance de la peinture; l'éclat du coloris préoccupait bien plus que la correction du dessin. En général, les personnages sont trapus, avec une énorme tête et des membres d'une longueur disproportionnée. Les profils sont droits et secs, les articulations ne sont pas accusées; enfin, les mêmes types sont reproduits presque invariablement. Ces défauts ne font qu'augmenter au Xe siècle, où les miniatures et même les lettres d'or deviennent beaucoup plus rares. Les manuscrits de cette époque sont une précieuse source d'études iconographiques. Il ne nous est point possible d'entrer à ce sujet dans de longs développe

ments, que ne comporte point le cadre d'un simple précis. Nous nous bornerons à rappeler que c'est par la comparaison de nombreux manuscrits que M. Didron a pu déterminer les formes chronologiques des nimbes et des auréoles. Au IX° siècle, on constate dans les manuscrits d'origine italienne, l'existence du nimbe carré, soit entièrement rectangulaire (fig. 6) ou bien se repliant en rouleau (fig. 8); il était exclusivement réservé aux personnages vivants. Quand on le donnait à Dieu, on le disposait de manière à former un losange. Au

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Xe siècle, l'auréole était exclusivement réservée aux personnes de la Trinité et à la sainte Vierge. Bien que le nimbe et l'auréole ne soient que deux variétés d'un même attribut, on voit parfois Marie, entourée de l'auréole, porter néanmoins le nimbe sur sa tête (fig. 7). C'est un pléonasme artistique qui affirme doublement la gloire de la Mère du Sauveur.

Parmi les plus remarquables livres liturgiques de l'époque carlovingienne, nous citerons :

L'Évangéliaire écrit en lettres d'or, sur vélin teint en pourpre, par Gotteschalck, pour l'usage de Charlemagne et d'Hildegarde (Musée des Souverains);

L'Evangéliaire de Lothaire, exécuté probablement à SaintMartin de Tours (Bibl. impériale);

Le Livre d'Heures et la Bible de Charles-le-Chauve (Musée des Souverains);

L'Évangéliaire donné à Charlemagne par son gendre saint Angilbert, abbé de Saint-Riquier (Bibl. d'Abbeville);

Un Psautier du IXe siècle, provenant de l'abbaye de Corbie, conservé à la Bibliothèque d'Amiens; on y remarque 160 lettres initiales historiées de figures, de plantes et d'animaux; la naïveté religieuse s'y allie aux plus bizarres conceptions du caprice; on y voit percer le génie national sous la tradition byzantine.

Dans ces manuscrits, comme dans tous ceux de cette époque, ce qu'il y a de plus remarquable, c'est l'ingénieuse fantaisie des décorations et la majesté de quelques grandes figures. Mais quand l'artiste essaie d'agencer une scène composée de plusieurs personnages, il se heurte aux difficultés de la perspective; il reste impuissant à donner à chaque physionomie le cachet qui lui convient; son inspiration est trahie par l'imperfection des procédés, et il ressemble trop souvent à cet inhabile potier, dont nous parle Horace, lequel méditait des amphores et produisait des marmites: Currit rota, urceus exit.

J. CORBLET.

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