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retrouve la même intention, bien autrement fréquente encore et bien autrement explicite, dans la pose affectée aux images du Crucifix sur les œuvres de la peinture et de la sculpture chrétienne. N'est-il pas bien remarquable, en effet, que tous les crucifix antérieurs au XVe siècle aient la têté inclinée sur l'épaule droite et la face tournée du même côté? Or, comme on l'a vu par le témoignage des Docteurs ecclésiastiques, ce côté droit vers lequel est tournée ou inclinée la tête de tous les crucifix mystiques, c'était le Septentrion pour les chrétiens qui s'orientaient en se plaçant vis-à-vis ce signe sacré. Le crucifix du maître-autel, celui de l'arc triomphal des églises orientées ont le Nord à leur côté droit et quant aux crucifix portatifs, si on les place, ainsi que c'était l'usage, comme celui du Calvaire, adossés à l'Est et faisant face à l'Ouest, ils ont, se tournant sur la croix, comme on observe que le font les crucifix du Moyen-Age, la tête, la face, et souvent même toute leur personne tournée au Nord.

L'universalité de cette inflexion de la tête divine au Septentrion, dans les œuvres d'art, ne peut, quoi qu'on fasse, être mise en doute: on la trouve, on la voit partout. Pourrait-il venir à l'esprit d'expliquer par le hasard une semblable concordance? et n'est-il pas bien évident qu'il y a eu à ce sujet parti pris et principe traditionnel?

Nous nous bornerons à citer, parmi d'innombrables exemples, quelques crucifix dont nous avons en ce moment la reproduction sous nos yeux: tels, le crucifix peint à fresque dans les Catacombes du Pape saint Jules, et gravé dans Bosio, Roma, p. 581; le célèbre crucifix dit « de Lucques » ; »; celui de la croix en or, dite « de Lothaire », dans le trésor d'Aix-laChapelle (fig. 4); le Christ d'Orcagna, au Campo Santo; celui qui décore le tympan du portail ouest de la basilique de Saint

Denis près Paris (baie centrale); ceux qui ornent les verrières

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1, 2, 3 Crucifix tournant le dos au midi (Miniatures d'un Bestiaire manuscrit du XIIle siècle. 4. Croix dite de Lothaire (Trésor d'Aix-la-Chapelle).

retrouve la même intention, bien autrement fréquente encore et bien autrement explicite, dans la pose affectée aux images du Crucifix sur les œuvres de la peinture et de la sculpture chrétienne. N'est-il pas bien remarquable, en effet, que tous les crucifix antérieurs au XVe siècle aient la têté inclinée sur l'épaule droite et la face tournée du même côté? Or, comme on l'a vu par le témoignage des Docteurs ecclésiastiques, ce côté droit vers lequel est tournée ou inclinée la tête de tous les crucifix mystiques, c'était le Septentrion pour les chrétiens qui s'orientaient en se plaçant vis-à-vis ce signe sacré. Le crucifix du maître-autel, celui de l'arc triomphal des églises orientées ont le Nord à leur côté droit et quant aux crucifix portatifs, si on les place, ainsi que c'était l'usage, comme celui du Calvaire, adossés à l'Est et faisant face à l'Ouest, ils ont, se tournant sur la croix, comme on observe que le font les crucifix du Moyen-Age, la tête, la face, et souvent même toute leur personne tournée au Nord. L'universalité de cette inflexion de la tête divine au Septentrion, dans les œuvres d'art, ne peut, quoi qu'on fasse, être mise en doute: on la trouve, on la voit partout. Pourrait-il venir à l'esprit d'expliquer par le hasard une scmblable concordance? et n'est-il pas bien évident qu'il y a eu à ce sujet parti pris et principe traditionnel?

Nous nous bornerons à citer, parmi d'innombrables exemples, quelques crucifix dont nous avons en ce moment la reproduction sous nos yeux: tels, le crucifix peint à fresque dans les Catacombes du Pape saint Jules, et gravé dans Bosio, Roma, p. 581; le célèbre crucifix dit « de Lucques » ; celui de la croix en or, dite « de Lothaire », dans le trésor d'Aix-laChapelle (fig. 4); le Christ d'Orcagna, au Campo Santo; celui qui décore le tympan du portail ouest de la basilique de SaintDenis près Paris (baie centrale); ceux qui ornent les verrières

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1, 2, 3 Crucifix tournant le dos au midi (Miniatures d'un Bestiaire manuscrit du XIIle siècie. 4. Croix dite de Lothaire (Trésor d'Aix-la-Chapelle).

des cathédrales de Tours, du Mans, de Bourges ', etc., etc.

Les miniatures des manuscrits de la Bibliothèque nationale sont remplies de ce même type. Dans un Bestiaire à miniatures, le crucifix est représenté plus de douze fois, toujours dans la même attitude (fig. 1, 2, 3): son corps même se tord vivement et se rejette au côté droit (le Nord), comme se retirant du gauche (le Midi), acte qui, comme nous l'avons dit, témoigne énergiquement le rejet de la Synagogue et l'appel des peuples gentils.

L'une de ces miniatures (fig. 5) donnerait la clef de toutes les autres, quand même les explications que nous avons développées ne suffiraient pas : c'est celle d'un chapitre intitulé « Le Kaladre. » Cet oiseau, le même que le charadrius ou charadrion, et l'un des emblêmes du Sauveur, était réputé rendre la vie et la santé aux malades désespérés vers lesquels il se tournait, tandis que ceux vers lesquels il se refusait à se diriger étaient menacés d'une mort certaine. Sur la miniature que nous reproduisons, le kaladre, posé au sommet du tau auquel Jésus est attaché, est tourné vers le Midi qui est la gauche du crucifix; ouvrant médiocrement le bec, il semble en train de parler, ou même de prêcher. Effectivement, sur le sol est un groupe de Juifs, debout, reconnaissables à leurs bonnets pointus, et ayant Moïse à leur tête : mais, à l'exception de leur chef, tourné en face du kaladre, ils rebroussent déjà chemin, tournent le dos au crucifix, et par conséquent au kaladre, et se dirigent vers la géhenne, gueule de monstre flamboyante: là, au plus épais du brasier, descend et plonge peu à peu une colonne d'autres Juifs, superposés les urs aux autres: assis sur la pile maudite, un démon la tasse, la

Les deux premiers sont gravés sur la pl. d'étude iv, et le troisième sur la pl. 1 de la « Monographie de Bourges » par MM. Martin et Cahier.

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