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tres, mandements et statuts synodaux, condamnant les abus qui s'étaient généralement introduits dans la célébration des fêtes patronales par les corporations: les danses, jeux et festins en faisaient toute las olennité. Il était défendu aux curés et ecclésiastiques d'y assister.

Les statuts synodaux de Mgr Faure, datés de 1662, portent ce qui suit:

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Toutes confréries qui n'ont pas été canoniquement érigées « seront interrompues jusqu'à ce que l'érection en soit faite « et que les règlements et statuts en soient donnés par nous. « Nous défendons tous festins qui se font sur les fonds des « revenus et aumônes des confréries. Ces associations ne « doivent avoir autres fins que l'accroissement du service de Dieu et la pratique des œuvres de miséricorde. »

Il ne paraît pas que ces défenses aient remédié complètement aux abus, car autrement il n'aurait pas fallu renouveler ces blâmes aussi souvent qu'on l'a fait.

La Révolution a mis fin aux confréries de toutes sortes. L'office de saint Jean n'a pas été rétabli depuis, et c'est seulement par un banquet ou dîner, offert par les maîtres aux ouvriers, que cette fête patronale est célébrée à Amiens.

A Lyon, les libraires et imprimeurs célébraient, outre la fête de saint Jean, une fête burlesque dite du seigneur de La Coquille qui n'était sans doute autre chose que la très-étrange personnification des fautes typographiques ou coquilles, et sur laquelle des détails forts piquants ont été donnés par P. Lacroix et E. Fournier dans leur Histoire de l'Imprimerie:

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«Le seigneur de La Coquille, disent ces auteurs, était représenté par un mannequin bizarre ou momon, promené dans la ville, avec une bannière ou guidon où se trouvaient «<les u u verds qui, plus tard, et sans qu'on sache par suite « de quelle coïncidence, ont servi de rubrique à la première

TOME V.

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FÊTE PATRONALE DES IMPRIMEURS ET LIBRAIRES.

édition des OEconomies royalles, de Sully. Sur un guidon « de taffetas rouge, on voyait, au milieu d'un u, en lettres

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d'or, Espoir de mieux. C'est la raillerie et l'impénitence narquoise après la faute, l'envie de rire au lieu du désir de « se corriger.

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Cette fête carnavalesque était encore en grande faveur à Lyon à la fin du XVe siècle. Elle se faisait pendant le Carême. Le rédacteur du Catalogue de la Bibliothèque Soleinne explique la présence du u sur la bannière du Patron des bourdes typographiques par préférence à toute autre lettre, par la raison que cette lettre, qui servait alors d'u et de v, pouvait aisément être retournée et passer ainsi pour un n. Cette lettre était donc très favorable aux coquilles.

Plusieurs ouvrages relatifs à cette fête burlesque se trouvaient chez M. de Soleinne, notamment : Les Plaisants Devis des suppôts du Seigneur de la Coquille recitez publiquement le deuxième mai l'an mil cinq cent huictante et un.- Les Plaisants Devis en forme de coq à l'asne rescitez par les suppôts du Seigneur de la Coquille en l'an 1589. Autres, le dimanche 6 mars 1594. Cette dernière pièce est imprimée « à Lyon, par le seigneur de la Coquille. Elle mentionne que cette fête était représentée et tolérée antérieurement » plus licencieusement à Paris et ailleurs en France. »

FERDINAND POUY.

L'ART CHRÉTIEN DANS LA FLANDRE

d'après un récent ouvrage de M. l'abbé Dehaisnes.

I.

L'ouvrage que nous allons examiner n'est point une œuvre de circonstance, une publication incomplète ou prématurée, c'est un livre, dans toute l'extension que l'on peut donner à ce mot, un livre tel qu'on en rencontre assez peu; car il a été, on le voit, lentement élaboré, mûrement réfléchi, coordonné avec sagesse, écrit avec clarté. Ce livre a 400 pages dans le format grand in-8° d'une composition serrée. Il contient énormément de matières, beaucoup d'idées connues heureusement présentées, un assez grand nombre de faits nouveaux bien observés et classés avec beaucoup de justesse; il traite en réalité d'une seule question, et il la traite bien. De l'Art chrétien dans la Flandre, tel est le titre de ce livre, dont je vais d'abord présenter une esquisse et une vue d'ensemble, pour arriver ensuite à en étudier les principaux détails.

L'auteur a divisé ce grand et beau sujet en neuf parties ou chapitres; il les a fait suivre d'un Appendice sur une œuvre

d'art très-connue dans ce pays, le Retable de Notre-Dame de Douai, antérieurement appartenant au docteur Escallier et primitivement à l'abbaye d'Anchin. Ce chapitre a été publié dans la Revue de l'Art chrétien, alors qu'il était encore inédit'.

D'abord, nous trouvons des considérations fort courtes, mais assez nettes, sur l'art en général et sur la source principale de l'art chrétien. Puis, nous étudions avec l'auteur le caractère particulier des populations celtiques et tudesques, et déjà nous pouvons pressentir quelque chose de l'influence qu'exercera ce caractère sur les monuments des âges futurs, lorsqu'il se combinera avec les autres éléments desquels doivent sortir les divers chefs-d'œuvre que nous aurons à admirer.

Puis, l'école de Byzance nous fait connaître la part trèsconsidérable qu'elle est venue apporter à cette œuvre; les apôtres et voyageurs sortis de la poétique Irlande et de l'Écosse viennent également avec justice réclamer celle qu'eux-mêmes y ont prise; le Christianisme dans la Gaule-Belgique, aux temps mérovingiens et aux siècles antérieurs au XIII, nous est ainsi présenté sous son jour vrai et sous un aspect saisissant, parce que nous le voyons plein de vie et que nous sommes témoins de son culte et de ses œuvres d'art. Cette première partie, spécialement consacrée à l'étude des peintures murales et des mosaïques dans nos contrées sous Charlemagne, comme avant ce prince et dès l'époque de saint Vaast, offre le plus grand intérêt.

L'auteur examine ensuite une seconde forme de l'art, la miniature ou la peinture des manuscrits. Après avoir dit l'origine réelle de cet art merveilleux, il en raconte l'histoire dans nos contrées, d'abord depuis le VIIe siècle jusqu'au

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XIII, et c'est avec délices que nous l'accompagnons dans ses visites aux monastères de la Flandre: Maseyck, SaintBertin, Saint-Amand, Stavelot, Marchiennes et Anchin; avec lui, nous reconnaissons les caractères qui distinguent, à cette époque, l'œuvre d'art et l'artiste ; avec lui, nous poursuivons notre voyage et nous voyons les caractères différents qui distinguent la miniature et les miniaturistes de l'an 1200 à l'an 1500. Nous voyons les enlumineurs protégés par les évêques et les abbés, par les ducs de Bourgogne, les seigneurs et les bourgeois; nous assistons enfin à la décadence de cet art, qui ne meurt, selon les lois générales des choses d'ici-bas, que pour donner la naissance à un art nouveau.

M. Dehaisnes nous fait passer des monastères dans les églises, pour y étudier la grande peinture.

C'est d'abord l'école de Cologne, un peu en dehors de notre cadre, mais qu'il est nécessaire d'étudier à cause de son influence sur plusieurs des maîtres de l'école flamande; ce sont les peintres des ducs de Bourgogne, puis les confréries de Saint-Luc, à Gand, à Anvers, à Bruges, à Tournay.

Enfin nous arrivons à la grande époque de l'art en Flandre, au siècle des Van Eyck, de Van der Weyden et de Memling. Le tiers de l'ouvrage, trois chapitres entiers sont consacrés à l'étude des œuvres de ces grands artistes du XVe siècle, et nous verrons plus tard que ce n'est pas trop.

Dans le chapitre suivant, M. l'abbé Dehaisnes parle des autres artistes de la Flandre moins connus que ces grands maîtres, mais fort estimables néanmoins et dignes d'une attention spéciale; et il nous apprend, d'une manière à la fois savante et animée de l'amour du pays, quelle fut l'influence de l'école flamande en Europe.

Enfin, un dernier chapitre nous dévoile les tristes causes de la décadence de l'art chrétien en Flandre. Il traite des

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