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Il mettra la même prudence à cacher ses dépêches pour le général en chef, et, dans le cas où il se verrait forcé de les jeter à la mer ou qu'elles seraient interceptées par les Anglais, son voyage ne sera pas inutile sous le rapport des nouvelles, en prenant à Lataquie la précaution de faire écrire en Arabe les nouvelles les plus saillantes, et de les confier à son interprète ou de les cacher dans un ballot de tabac. BONAPARTE.

Au Caire, le 26 fructidor an 6 ( 12 septembre 1798).

Au général Murat.

Si les Arabes que vous avez attaqués sont les mêmes que ceux qui ont assassiné nos gens à Mansoura, mon intention est de les détruire faites-moi connaître les forces qui vous seraient nécessaires à cet effet, et étudiez la position qu'ils occupent, afin de pouvoir les attaquer, les envelopper, et donner un exemple terrible au pays. J'imagine que, si vous avez fait la paix provisoirement avec eux, vous aurez exigé des ôtages, des chevaux et des armes. BONAPARTE.

Au Caire, le 27 fructidor an 6 (13 septembre 1798).

Au général Fugières.

Vous

J'espère qu'à l'heure qu'il est, citoyen général, aurez, de concert avec le général Dugua, soumis le village de Soubat et exterminé ces coquins d'Arabes.

J'attends toujours des nouvelles de la réquisition des chevaux, qui n'avance pas dans votre province.

BONAPARTE.

Au Caire, le 28 fructidor an 6 ( 14 septembre 1798).

Au général Murat.

Je vous répète que mon intention est de détruire les Arabes que vous avez attaqués, c'est le fléau des provinces de Mansoura, de Kélioubeh et de Garbieh.

Le général Dugua doit, de concert avec le général Fugières, avoir attaqué la partie de ces Arabes qui se trouve au village de Soubat; envoyez reconnaître où se trouvent les Arabes que vous avez attaqués; faites-moi connaître les forces dont vous aurez besoin, et l'endroit d'où vous pourrez partir pour les attaquer avec succès, en tuer une partie et prendre des ôtages, afin de s'assurer de leur fidélité.

Faites reconnaître la route de Met-Kamao à Belbeys: vous ne devez pas, à Met-Kamao, vous en trouver éloigné. BONAPARTE.

Au Caire, le 29 fructidor an 6 (15 septembre 1798).

A l'adjudant-général Bribes.

J'ai reçu, citoyen général, votre lettre du 25 fructidor, où vous me rendez compte de l'attaque qu'a essnyée le convoi d'Alexandrie à Damanhour. Le com

mandant du convoi ne mérite aucun éloge, puisqu'il a laissé prendre plusieurs bêtes chargées; il devait faire assez de haltes pour ne laisser rien en arrière : le commandant du convoi eût mérité des éloges, s'il l'eût amené sans avoir rien laissé prendre.

Donnez la chasse à ces brigands; écrivez au général Marmont à Rosette. Si vous avez besoin de lui, il s'y portera avec sa demi-brigade. BONAPARTE.

Au Caire, le 29 fructidor an 6 (15 septembre 1798).

A l'ordonnateur Leroy.

Il est extrêmement ridicule, citoyen ordonnateur, que vous vous amusiez à payer le traitement de table, quand la solde des matelots et le matériel sont dans une si grande souffrance. Je vous prie de vous conformer strictement à mon ordre, d'employer au matériel les trois quarts de l'argent que je vous ai envoyé, et le quart seulement au personnel de la marine. En faisant de si grands sacrifices pour la marine, mon intention a été de mettre les trois frégates à même de sortir le plus tôt possible, ainsi que les deux vaisseaux.

Par votre lettre du 23, il est impossible de savoir si les deux neutres l'Aimable Mariette et l'Alexandre sont rentrés ou non dans le port. BONAPARTE.

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Rosette, le 17 fructidor an 6 (3 septembre 1798).

Au général Bonaparte.

Je suis on ne peut plus sensible, général, à la lettre obligeante que vous avez bien voulu m'écrire. Soyez assuré que je saisirai toujours avec empressement toutes les occasions de vous être agréable, et de contribuer, en suivant vos ordres, à établir les Français en Egypte.

Je crois que l'Égypte doit nous remplacer les Antilles, qui, si elles ne sont pas tout à fait perdues, seront au moins pendant encore bien des années dans l'anarchie et la nullité pour nous. Ici, le sucre, le coton, le café, l'indigo et la cochenille doivent, dans mon opinion, remplacer toutes les autres cultures.

C'est de l'Égypte que sont sorties ces cannes à sucre pour se répandre dans l'Archipel, de là en Sicile, en Espagne, à Madère et en Amérique. L'eau est nécessaire à cette culture, comme à celle du riz. Tout existe donc établir en grand cette manufacture si précieuse. Quant à la cochenille, il ne s'agit que d'apporter ici l'animal qui la produit; car le nopal, arbre sur lequel vit l'insecte, croît dans les sols même les plus arides.

ici pour

C'est à vous, général, qu'il appartient de faire ces établissemens, qui seraient bien plus précieux pour la France que ceux de même espèce formés dans les Antilles. Les Anglais le savent bien, et c'est-là ce qui les détermine à employer tous les moyens pour détruire votre établissement. Ils savent, d'ailleurs, que la mer Rouge, dans laquelle ils sont les seuls qui commercent

aujourd'hui, deviendra nécessairement notre propriété; que de là aux Indes la distance n'est pas énorme; que le commerce de la côte orientale d'Afrique, Mehedie, Masbat, Mozambique, pourra un jour tomber entre nos mains; que les ports de la côte d'Aden et ceux des pays dépendans de l'Abyssinie, seront nécessairement fréquentés par nous; que nous pouvons établir des liaisons avec l'intérieur de l'Afrique, de proche en proche, au moyen des caravanes, et peut-être trouver le moyen de faire communiquer un jour le Nil avec le Niger, au Sénégal. Je sais que tout cela est encore éloigné; mais, en administration, il faut prévoir long-temps d'avance, et les Anglais, auxquels on ne peut refuser une grande intelligence, une prodigieuse activité et beaucoup d'esprit public, verront d'un coup d'œil tout ce qu'on peut faire ici actuellement et ce qui peut s'exécuter dans la suite.Voyant qu'ils ne peuvent et ne pourront rien contre nous directement, parce que nous pouvons rester longtemps en Égypte sans le secours étranger, ils prendront tous les moyens de nous nuire et de nous susciter des ennemis en Asie, à Constantinople et en Barbarie. C'est encore à vous, général, qu'il appartient de pourvoir à tout cela. Pardon de mon bavardage; mais ne voyez que mes intentions et surtout l'opinion d'un homme enthousiaste de l'expédition d'Egypte, et qui, pour contribuer à la faire réussir, est prêt à faire tout ce que vous lui ordonnerez.

MENOU.

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