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leur politique fondamentale , c'est-à-dire, à celle de leur intérêt territorial, quelque déviation qu'aient occasionnée des circonstances extraordinaires.

Il est toujours utile de présenter ces rapprochemens à la méditation des hommes d'état. Ainsi, lorsque le plus parfait accord régnait entre les deux nations alliées contre l'Angleterre, lorsque l'Infant duc de Parme traversant les Castilles pour se rendre en France, fut reçu à Burgos avec tous les hon

à neurs militaires par les soldats de la république qui venaient de lui conquérir une couronne,

nul n'eût osé prévoir que par une conséquence peu éloignée de cette coalition contre le Portugal, les deux peuples méridionaux,

les Français et les Espagnols deviendraientennemis acharnés; que la guerre qu'ils allaient allumer de concert, et qui ne semblait être pour leurs chefs ambitieux qu'une marche triomphale, ne s'éteindrait que dans des fleuves de sang,

causerait pres armes leur mutuelle ruine, et qu'après avoir changé le cours des événemens, affran

par leurs

leurs pro:

chi les souverains d'un joug inévitable, cette affreuse guerre civile les ramenerait au point d'où ils étaient partis, à la même alliance contre la même rivalité. Mais gardons-nous d'anticiper sur cette matière trop abondante de nos récits ultérieurs.

Les Espagnols commencèrent donc les hostilités sans attendre que l'armée française fût en mesure d'y coopérer selon le plan convenu, et la Gazette officielle de Madrid ne tarda pas à publier les rapides progrès de l'armée espagnole sur le territoire portugais. Ces

pompeux récits étaient une imitation burlesque des Bulletins des Français; le prince de la Paix se piquait de rivaliser avec eux d'ardeur et d'impétuosité, et la pusillanimité de l'ennemi le servait à souhait: il était entré sans résistance dans la petite place d'Arronches;il annonçait que les Portugais étaient en pleine déroute et jetaient leurs armes; l'armée espagnole marchait sur Extremos Campo-Mayor était privé de tout secours; Elvas était investi. Le régiment de Farnese et les hússards avaient fait, disait-il, des

prodiges de valeur; il espérait sous peu

faire la conquête de Lisbonne.

Le 20 mai, huit jours après les premières hostilités, les places de Jurumenha et d'Olivenza , les clefs de la frontière, quoique bien pourvues d'artillerie et de toute espèce de munitions de guerre et de bouche, ouvrirent leurs portes; les garnisons se retirèrent librement sous la promesse de ne point servir pendant la durée de la guerre, et la belle province d'Alentejo se trouva conquise. Dès les premiers jours de juin , trente mille Espagnols avaient déjà pénétré jusques à Gavion à quatre lieues d'Abrantès ; il n'y avait plus de place forte qui pût les arrêter ; celle de

'; Campo-Mayor qui opposa le plus de résișlance ne put tenir plus de dix-huit jours. Les Portugais fuyaient de toutes parts, et passant le Tage en désordre, se hâtaient de mettre ce fleuve entre eux et les Espagnols,

La cour de Lisbonne reconnut trop tard la réalité des menaces de la France et de l'Espagne; elle les avait considérées comme

, une sorle de diversion politique, dont l'u

.

nique objet était de hâter l'ouverture des négociations avec l'Angleterre ; les ministres portugais pensaient que l'exclusion des Anglais des ports de la péninsule, les invitant à chercher un dédommagement dans les possessions hors de l'Europe, il n'était pas vraisemblable que la France surtout voulût sérieusement offrir un si beau prétexte, pour s'emparer des riches comptoirs du Brésil : cette persuasion leur fit négliger les moyens de défense qu'offrait le pays. Il ne fallut rien moins que l'invasion et la conquête de la moitié du royaume pour leur prouver que le premier Consul ne s'arrêtait point à de telles considérations. Trompée par cette fausse politique, et livrée à la discrétion du vainqueur, la cour de Portugal se hâta de conclure la paix avec l'Espagne avant que les premières colonnes françaises eussent pu agir offensivement : l'un des ministres portugais, M. de Pinto, fut dépêché au quartiergénéral du prince de la Paix pour demander une trève et négocier un traité définitif. La trève fut accordée, sous la condition que les

troupes espagnoles continueraient leur marche; et peu de jours après on convint des bases d'une paix séparée.

Le prince de la Paix, flatté, comme il le disait lui-même, de jouer le premier rôle et de se présenter à l'Europe comme conquérant et comme pacificateur, commettait une grande faute en traitant sans l'intervention de la France; il s'exposait à un désaveu humiliant pour lui et pour sa nation. Le Portugal acheta une paix éphémère par le sacrifice d'une province , et consentit à céder Olivenza à la monarchie espagnole. Ce traité particulier fut conclu et signé à Badajoz le 6 juin ; il y fut stipulé que les ports seraient fermés à tous les vaisseaux anglais, que le Portugal payerait les fournitures faites à ses troupes pendant la précédente guerre contre la France. Enfin, les deux puissances s'engagèrent à renouveler l'alliance défensive qui avait jusques alors existé entre elles, avec les modifications qu'exigerait l'alliance entre la monarchie espagnole et la république française.

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