Abbildungen der Seite
PDF
EPUB
[ocr errors][ocr errors]

DES ÉVÉNEMENS MILITAIRES. 67 Nous nous permettons cet éloge, ou plutôt ce juste témoignage qui ne fut jamais contredit, pour faire d'autant mieux ressortir la présomption du favori de la cour d'Espagne. Le prince de la Paix, infatué de son titre de généralissime, ne voulant point jouer un rôle secondaire, prétendait cominander en chef les deux armées, entrer à Lisbonne et y ré, gner en couquérant. Mais le premier Consul, sans tenir aucun compte de ce délire, arrêta lui-même le plan de campagne, et détermina de la manière la plus impérative (comme on peut le voir parla correspondance du major-général ministre de la guerre Berthier, avec l'ambassadeur Lucien Bonaparte), la part que l'armée espagnoledevaityprendre.

On sait que la frontière entre le Portugal et l'Espagne offre deux principaux débouchés : l'un, du côté du nord , et suivant la vallée du Tage, par la rive droite, conduit au coeur du royaume. L'armée qui peut y pénétrer doit en effectuer promptement la conquête en s'emparant de Lisbonne et d'Opporto : cette partie principale de l'expédition

fut réservée à l'armée française. L'autre, du côté du sud en descendant la Guadiana ouvre à l'ennemi les provinces méridionales, et tout le pays à la rive gauche du Tage : mais l'armée qui opère de ce côté, et ce ne pouvait être que l'armée espagnole, ne peut que très-difficilement tenter le passage du fleuve, et se porter sur la capitale.

On voit que, d'après ce plan d'invasion, les troupes d'Espagne ne devaient agir que secondairement. Il ne restait donc au prince de la Paix d'autre ressource pour remplir son rôle de généralissime, que de précipiter ses opérations dans l’Alentejo , forcer les places de la Guadiana , avant que

les Français eussent franchi la frontière montagneuse de la Haute-Beyra , les devancer dans la vallée du Tage, et contraindre le Portugal à recevoir la paix de la seule main de l'Espagne. Il s'arrêta à ce parti; la déclaration

. de guerre fut signée à Aranjuez le 27 février 1801. Nos lecteurs ne manqueront pas de remarquer dans cette pièce officielle une multitude de faibles griefs, laborieusement

و

1

rassemblés pour donner quelque apparence de justice et d'intérêt national à une cause qui était uniquement celle de la république française.

Les Portugais, se fiant à la coopération des Anglais, et détrompés trop tard, négligèrent leurs préparatifs de défense, et perdirent un temps précieux dans cette fausse sécurité les secours de l'Angleterre se bornèrent à un subside de sept millions de francs et à quelques régimens incomplets, qui furent laissés en Portugal, après avoir réuni à l'armée du général Abercrombie, destinée pour l'Égypte, le reste des troupes anglaises qui se trouvaient à Lisbonne et à Opporto.

Le gouvernement portugais, ne pouvant douter de sa ruine prochaine, fit cependant bonne contenance il ordonna une levée générale dont aucune classe, aucun rang ne furent exceptés; l'argenterie des églises fut frappée en écus; la paye des soldats fut augmentée d'un tiers; mais ces efforts prode sirent à peine une armée de quir

hommes, mal organisée, incapable d'entrer en campagne, et de résister au premier choc de l'ennemi. Le prince de Brésil en prit le commandement et proclama la guerre le 26 avril, deux mois après la déclaration de l'Espagne.

Nos lecteurs trouveront dans les Pièces justificatives la déclaration de l'Espagne et celle du Portugal: nous les y avons insérées en entier, parce que nous avons trouvé qu'elles donnaient sur l'esprit des deux cours et sur leurs intérêts respectifs, des notions plus exactes qu'aucun autre document. Nous avons évité de tronquer ces déclarations diplomatiques, en relevant ici des expressions exagérées et par là même très-remarquables, parce qu'elles devaient faire suspecter d'une et d'autre part la véracité des motifs et l'intention qui semblaient les avoir dictées; les Anglais ne s'y trompèrent point, ils appelèrent cette guerre a sham war, une guerre pulée. Mais déjà le prince de la Paix, imtilites de commencer un simulacre d'hos

it parti de Badajoz, l'armée es

pagnole avait dépassé la frontière; elle était devant Elvas, que l'armée française avait à peine franchi les Pyrénées. Celle-ci fut trèsbien accueillie sur le territoire espagnol; son excellente discipline, le soin recommandé par le premier Consul de faire assister les soldats aux cérémonies religieuses, et d'y ajouter la pompe militaire, dissipaient les préventions et leur conciliaient la bienveillance du peuple. Les vieillards se souvenaient d'avoir vu quarante ans auparavant, à la fin de la guerre de sept ans, défiler à travers l'Espagne un corps de troupes françaises sous les ordres du prince de Beauveau, pour entreprendre contre le Portugal une expédition toute semblable, de concert avec l'armée espagnole. La cause, les moyens, le but étaient les mêmes les deux cours al→ liées cherchaient aussi, à cette époque, à détacher le Portugal de l'Angleterre, afin de décider plus promptement cette puissance à la paix qui fut conclue en 1762 : tant il est vrai que la situation géographique ramène forcément les états de l'Europe moderne à

« ZurückWeiter »