Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

marches du trône, et s'élevant tout à coup au rang et au pouvoir des anciens maires du palais, il se fit nommer généralissime et consultador general. L'accueil distingué fait à l'ambassadeur de France fit assez voir quelles mains avaient préparé son élévation. Le roi répondant à Lucien Bonaparte s'exprima ainsi : « Le premier Consul » peut compter sur ma loyauté, comme je >> compte sur la sienne, et chaque jour vous >> le prouvera davantage ». La reine ajouta : << Nous savons que le premier Consul a de » l'amitié pour nous, et nous le lui rendons > bien; il peut compter sur notre bienveil>> lance, puisqu'il nous donne tant de preuves » de la sienne ».

Après s'être assuré de la cour d'Espagne par les négociations, il ne restait plus qu'à les appuyer par l'appareil de la force militaire; dès que le premier Consul eut reçu la nouvelle de la victoire d'Hohenlinden et qu'il put en prévoir les conséquences, il pressa davantage la cour de Madrid; il flatta l'orgueil du prince de la Paix en fai

[ocr errors]

sant briller à ses yeux quelques rayons de gloire militaire, et lui présentant l'appât séduisant du rôle de conquérant et de pacificateur. Dès le 26 décembre 1800 des ordres furent expédiés pour la réunion à Bordeaux d'un corps d'observation, destiné à agir au-delà des Pyrénées: il était composé de sept régimens d'infanterie, deux divisions d'artillerie et cinq régimens de cavalerie; sa force totale était à peu près de 20,000 hommes; le général en chef, qui fut désigné plus tard, devait correspondre directement avec le ministre de la guerre, et avec l'ambassadeur de France à Madrid. Ces premières dispositions ne laissaient plus aucun doute sur le projet concerté avec l'Espagne, d'une entreprise contre le Portugal. L'alarme que devait causer une si formidable alliance y fut bientôt répandue; le premier Consul dut croire que le prince régent ne pouvant conjurer cet orage, et le voyant grossir aux approches de la paix continentale, ne hasarderait pas d'attirer

une armée française sur son territoire, et de préparer une si facile conquête atix vainqueurs de l'Italie et de l'Allemagne; il s'attendait à une prompte soumission , et ne reçut au contraire qu'un refus formel de fermer les ports aux Anglais, et d'accepter les conditions humiliantes qu'il prétendait imposer au Portugal.

Cette courageuse résistance du gouvernement porlugais ne lui était point inspirée par le sentiment de ses propres forces trop disproportionnées à celles qui le menaçaient; mais il comptait sur de puissans secours de la part de l'Angleterre : c'était en effet sa propre cause, et le ministère anglais s'était d'abord inontré disposé à la soutenir avec vigueur; il avait même rejeté la médiation, que la cour d'Espagne unie par les liens du sang avec celle de Portugal, et intéressée à la conservation d'une couronne qui pouvait lui écheoir, avait plusieurs fois proposée. Les chances de la guerre continentale avaient sans doute trompé les espérances de M. Pitt;

et cependant il n'avait cessé d'inciter les Portugais et de soutenir leur confiance. Les deux cabinets ne purent s'accorder sur la nature et l'emploi des forces qui seraient employées à la défense du Portugal. Celui de Londres offrait d'y entretenir un corps

de troupes anglaises, toutefois sous la condition que le commandement de l'armée alliée serait exclusivement confié au général anglais. La fierté portugaise rejeta ceite condition, et consentit seulement à admettre un ministre anglais, qui serait chargé de diriger les opérations de guerre, pourvu que le secours promis fût porté et maintenu à un effectif de 25,000 hommes. Le ministère anglais, refusant à son tour de prendre un tel engagement, montra le

montra le peu de sincérité de ses promesses; et l'on ne tarda et l'on ne tarda pas à voir

à clairement le motif qui l'avait empêché de les remplir. Les secours annoncés pour le Portugal, servirent de masque à l'expédi

à tion pour l'Égypte. Celle-ci, bien plus importante pour le ministère anglais, parce que le succès était certain, absorba toutes les

[ocr errors]
[ocr errors]

forces britanniques alors disponibles, et le Portugal fut abandonné.

Cependant, le roi Charles IV répugnait à commencer des hostilités sérieuses

que

désavouaient ses affections paternelles ; plusieurs mois s'écoulèrent dans cette hésitation et dans l'espérance d'un accommodement. La mort du comte de Lima, premier ministre de Portugal, et le plus ferme appui du parti anglais, semblait devoir aplanir les difficultés, et amener un changement favorable à la médiation; mais la cour de Lisbonne n'en persista pas moins dans son inflexible politique. Le traité de Lunéville , en affermissant le gouvernement du premier Consul, étendait indéfiniment son influence, et donna tant de poids à ses volontés, qu'il ne garda plus aucun ménagement; il dicta des conditions de paix plus humiliantes pour le Portugal, que ne l'aurait élé une soumission absolue, Une convention secrète fut conclue entre l’Espagne et son formidable allié ; il y fut arrêté : « Que sa majesté Catholique et la » République française , formeraient une

[ocr errors]
« ZurückWeiter »