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les deux nations rivales déployant l'une contre l'autre toutes les forces dont elles pouvaient disposer, également enorgueillies de leurs succès, l'une sur terre, l'autre sur mer, se menaçaient en vain; les moyens d'aggression étaient entre elles respectivement neutralisés, et la lutte devait bientôt finir, non faute de combattans, mais faute de champ de bataille où leurs forces pussent se rencontrer.

Le gouvernement français poursuivait l'exécution du vaste projet d'interdire aux Anglais l'abord de toutes les côtes du continent européen, et de les isoler politiquement. Depuis que la Russie s'était détachée de la grande alliance, et que l'empereur Paul Ier était entré dans les intérêts de la France le Portugal seul avait résisté à toutes les menaces. Tant que la guerre avait duré en Italie et en Allemagne, le premier Consul n'avait pa décider l'Espagne à exiger que tous les ports de la péninsule fussent fermés aux vaisseaux anglais, ni contraindre le Portugal par la force des armes, à rompre les liens qui

nes,

l'attachaient si étroitement à l'Angleterre; mais après la défaite des armées autrichien

il tourna ses vues vers le midi de l'Europe, et d'abord contre le Portugal, qu'il considérait, avec raison, comme une colonie de l’Angleterre, et, après les Indes orientales, comme celle qu'il importait le plus de lui enlever.

Depuis le commencement de la révolution, le Portugal était resté constamment l'ennemi de la France, et n'avait pris aucune part aux transactions de l'Espagne avec la République; rassuré par son éloignement du théâtre de

il jouissait avec sécurité de tous les avantages de sa position géographique; ses ports et ses arsenaux étaient ouverts aux Anglais. Les succès des armées françaises sur le continent, étaient mêmes favorables aux Portugais, parce qu'ils devenaient les seuls commissionnaires du commerce de la Grande-Bretagne, à mesure que la conquête des états maritimes de l'Italie, ou l'extension de la domination de la France fesaient refluer vers Lisbonne les pavillons anglais

la guerre,

:

que

repoussés des côtes de la Méditerranée et de l'Adriatique : ils flottaient sur le Tage en aussi grand nombre que sur la Tamise.

Malgré cet échange de faveurs, la balance penchait fortement du côté des Anglais ; ils vendaient cher leur protection, et le pavillon portugais était insulté comme celui des autres nations, par l'exercice du prétendu droit de visite; mais ces humiliations la nation supportait impatiemment, n'étaient pas assez vivement ressenties par le

gouvernement, pour qu'il prétat l'oreille aux insinuations du cabinet des Tuileries. Le premier Consul qui voulait les appuyer de toute l'influence de l'Espagne, ne négligea rien de ce qui pouvait la lui acquérir. Pendant qu'il flattait la cour, la rassurait sur ses vues ultérieures, et mortrait son mépris pour les faibles restes du parti républicain, en élevant au trône de Toscane un prince de la maison de Bourbon , il faisait pratiquer, par son frère Lucien Bonaparte, ambassadeur à Madrid, le trop célèbre prince de la Paix : le crédit de ce favori fortement

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attaqué, venait de se relever

par

l'éclatante disgrâce de son principal adversaire don Urquijo, qui, par ses talens et sa fermeté, s'était concilié l'estime publique. Le chevalier Azara, ambassadeur d’Espagne près du gouvernement français, accusa ce ministre de servir secrètement les intérêts de l'Angleterre ; l'inquisition le dénonça comme fortement imbu de principes démocratiques et anti-religieux : on prétendit aussi qu'il avait violé les lois sanitaires, et contribué à introduire le fléau de la fièvre jaune dans l'Andalousie, en dispensant de la quarantaine le vaisseau qui avait ramené l'intendant de la Havanne; enfin le bref du pape qui attribuait à don Urquijo la circulation d'écrits anti-catholiques, combla la mesure et décida sa perte.

Le nouveau triomphe du prince de la Paix fut celui du parti français; et ce fut aussi la première semence des calamités qui dans la suite accablèrent l'Espagne, et changèrent le cours des destinées de la France. Le favori ne s'arrêta point aux premières

marches du trône, et s'élevant tout à coup au rang et au pouvoir des anciens maires du palais, il se fit nommer généralissime et consultador general. L'accueil distingué fait à l'ambassadeur de France fit assez voir quelles mains avaient préparé son élévation. Le roi répondant à Lucien Bonaparte s'exprima ainsi : « Le premier Consul » peut compter sur ma loyauté, comme je » compte sur la sienne, et chaque jour vous » le prouvera davantage ». La reine ajouta : « Nous savons que le premier Consul a de » l'amitié pour nous, et nous le lui rendons > bien; il peut compter sur notre bienveil» lance, puisqu'il nous donne tant de preuves » de la sienne ».

Après s'être assuré de la cour d'Espagne par les négociations, il ne restait plus qu'à les appuyer par l'appareil de la force militaire; dès que le premier Consul eut reçu la nouvelle de la victoire d'Hohenlinden, et qu'il put en prévoir les conséquences, il pressa davantage la cour de Madrid; il flatta l'orgueil du prince de la Paix en fai

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