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marche de ce gouvernement ne parut plus embarrassée et plus incertaine; les chambres du parlement et la nation elle-même se partageaient entre les trois partis qui différaient d'opinion et d'intérêts, et qui s'accusaient mutuellement d'intentions factieuses. Le parti le plus ardent, et à la tête duquel s'était constamment montré M. Fox, s'était toujours opposé à la guerre. Plus effrayé de l'influence croissante de la couronne, que des effets de la révolution française, il captait la faveur populaire sans trop s'inquiéter des mouvemens séditieux, qu'il ne s'abaissa pourtant jamais à fomenter. Ce parti d'opposition voulait la paix à tout prix, pour désarmer le ministère, et lui ôter les motifs ou le prétexte de mesures coërcitives qui blessaient la constitution.

Le parti de M. Pitt, le plus considérable qui se fût jamais formé pour le gouvernement, avait de forts appuis, et tous les moyens de puissance, soit dans le parlement par une majorité sûre et bien disciplinée, soit dans la nation par l'intérêt du commerce

et de la propriété. Ce parti avait provoqué la guerre, et malgré sa mauvaise issue, il s'obstinait à la poursuivre ; il la considérait comme la seule digue qu'on pût opposer à l'inondation des principes démocratiques. L'état de guerre donnait beaucoup d'inten-. sité au parti de M. Pitt et de lord Grenville; il servait à développer leurs vues, à rendre leurs talens nécessaires; c'était un prétexte toujours prêt pour excuser les extensions d'autorité la fierté nationale et le point d'honneur ne leur permettaient pas de rétablir les relations avec la France, et de négocier la paix, car ils la trouvaient humiliante, s'ils n'en pouvaient dicter les conditions.

Le troisième partise composait des hommes modérés et indépendans de l'influence des deux autres. Ils désiraient sincèrement mettre fin à la guerre. Après avoir vu deux grandes coalitions se dissoudre, ils craignaient que cette continuité de vains efforts, n'affermît de plus en plus le pouvoir et l'influence de la France: ils croyaient que

les crimes qui avaient souillé la révolution, ne devaient pas faire proscrire, et traiter comme une contagion politique, les idées libérales qui l'avaient préparée, et les principes sur lesquels la liberté du peuple anglais était elle-même fondée; enfin ils trouvaient que le temps était venu d'agir de bonne foi selon l'esprit du siècle et les progrès de la civilisation générale : ce parti n'avait point de chef, mais il était nombreux, et s'était récemment accru par l'adhésion de tous les hommes sages. Ceux-ci ne se laissaient point entraîner par les déclamations des mécontens, ni éblouir par le brillant tableau des ressources du crédit qu'on leur présentait comme devant être inépuisables.

Si cette esquisse des débats parlementaires et de la situation respective des partis a pu fixer l'attention de nos lecteurs, et leur faire sentir l'état de crise où se trouvait l'Angleterre après le traité de Lunéville, notre but est suffisamment rempli. Toutefois ce n'est pas sans quelque peine que nous nous

défendons de nous étendre davantage sur ce sujet; car ici la matière abonde. La suite de cette session, les attaques réitérées de l'opposition, les harangues de M. Pitt pour

défendre son système et ses opérations, offrent un résumé historique et politique, aussi intéressant qu'instructif de tous les événemens de cette mémorable époque. Nous aurions dû, peut-être, achever de le reproduire; nous aurions pu le compléter en y ajoutant les portraits des acteurs les plus remarquables : mais pour ne pas sortir de notre cadre, nous renvoyons aux notes de ce Chapitre, cette espèce de biographie, et nous poursuivons notre narration.

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CHAPITRE II.

Efforts et intrigues du premier Consul pour

détacher le Portugal de l’Angleterre.Déclarations simultanées de l'Espagne et du Portugal.- Plan concerté entre l'Espagne et la France. --Hostilités. - Campagne du prince de la Paix. - Refus du premier Consul d'accéder au traité de paix séparée. Marche d'une armée Française sous les ordres du général Leclerc. - Madère occupé par les Anglais. - Paix

forcée entre la France et le Portugal.

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CHARGÉE seule du poids de la guerre, l'Angleterre n'avait plus aucune chance pour en atteindre le but; elle avait perdu son influence dans les Conseils des puissances continentales, qui, toutes occupées de réparer leurs pertes, ou d'obtenir des dédommagemens, cédaient aux circonstances et abandonnaient la cause commune. Ainsi,

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