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termina la guerre de la succession d'Autriche, ses efforts, la destruction de son armée de terre; et cinquante millions sterlings de dépense ne lui valurent pas la moindre indemnité. La paix de 1763 que l'Angleterre dicta à la France après la guerre de sept ans si malheureuse pour celle-ci, lui fit acquérir diverses possessions importantes; mais ces acquisitions n'étaient pas proportionnées aux conquêtes que la supériorité de ses forces navales, et la destruction de celles de la France lui avaient permis de faire sur les trois quarts du globe. La guerre d'Amérique ; terminée par le traité de Paris, en 1783, coûta à l'Angleterre, malgré sa dernière victoire sur la flotte française, la plus précieuse partie de ses possessions. Enfin, les préliminaires de Londres, en 1801, ne lui laissaient retenir de toutes ses conquêtes sur la France, l'Espagne et la Hollande, dont elle avait pendant dix ans ruiné les forces navales et anéanti -le commerce, que les seules îles de Ceylan et de la Trinité. La dépense de cette guerre était évaluée cent cinquante millions sterlings.

Ces observations justifient l'opinion consignée dans les discours publics, et dans les écrits de plusieurs hommes d'état de ce pays que « la première loi, la >> maxime constante de la politique du gouverne» ment anglais, devrait être de ne jamais s'immiscer » dans les affaires du continent, que de quelque

>> cause que proviennent les commotions et les trou>>bles dans les autres états, ils ne peuvent jamais » lui être profitables, et qu'il doit éviter avec soin » de les exciter, et de réveiller les haines et les ja»lousies ». Ces hommes d'état véritablement patriotes, ont été jusqu'à soutenir que les Anglais ne devraient jamais faire aucun établissement sur la terre-ferme.

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Et en effet, l'essence de la puissance de l'Angleterre est dans sa richesse. Elle ne s'acquiert point par les conquêtes le travail en est la source : comme il est aussi le remède aux maux que l'excessive richesse engendre. L'intérêt immédiat d'une telle puissance est l'état de paix et le bien-être de l'Europe, qui peut seul assurer et accroître le débit de ses produits et de ses fabrications. Elle doit donc, au lieu de s'aliéner l'esprit des peuples, et de croiser les intérêts des autres gouvernemens, en affectant la suprématie, se défendre de ce piége de la fortune; et sans jamais ambitionner pour elle de grands avantages territoriaux qui lui sont inutiles, s'appliquer à maintenir à tout prix un juste équilibre, et s'il se pouvait un parfait accord entre les puissances continentales. M. Fox avait raison de dire, la conquête d'une ou deux îles ne vaut pas les frais d'une campagne. C'est d'après ces principes qu'on doit juger la, conduite des ministres anglais dans la négociation de la

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paix avec la république française. Ces riches conquêtes, dont s'enorgueillissaient les anciens ministres, partisans de la guerre, n'avaient produit qu'une prospérité illusoire. Les Anglais avaient trouvé dans les îles françaises, espagnoles, hollandaises dont ils s'étaient emparés, d'immenses magasins, qui depuis le commencement de la guerre, et surtout depuis l'interruption de la navigation des neutres, n'avaient pu s'écouler; les importations abondaient et avilissaient le prix des denrées coloniales et des marchandises manufacturées, parce que tous les débouchés étaient fermés; la navigation de ce peuple marchand était devenue toute guerrière: bloquée dans ses ports par son propre système de blocus, la reine des mers voyait languir son commerce au sein de la victoire, et réalisant la fable de Midas, elle éprouvait au milieu de ses richesses tous les maux de la misère. Le peuple souffrant murmurait et demandait la paix à grands cris; elle était nécessaire, mais non sans doute commandée par le manque de ressources pour continuer la guerre. M. Pitt l'avait prouvé récemment par son emprunt de vingt-huit millions sterlings; la paix était donc bonne et pouvait être solide, car elle était également avantageuse aux deux parties contractantes le commerce anglais prêt à se répandre sur tous les marchés du continent était sûr d'en cueillir les premiers fruits; l'union de l'Irlande ne

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pouvait être consolidée que par l'état de paix. Si l'accroissement du territoire de la France, et surtout l'incorporation des Pays-Bas, qu'on ne pouvait plus empêcher, étaient encore d'un trop grand poids dans la balance, l'intérêt de l'Angleterre, ainsi que nous venons de le démontrer, était de chercher, de concert avec les grandes puissances , les moyens d'établir un nouvel équilibre en Europe ; éternel pro

; blème que cette fois encore une folle ambition (et non pas uniquement celle de Bonaparte rendit insoluble.

La conduite de M. Pitt peut servir de leçon aux hommes chargés de la direction d'affaires publiques. On n'y put apercevoir aucune trace de ses sentimens personnels, et du dépit qu'il ressentait aussi vivement que ses anciens amis, lord Grenville et M. Wyndham, de voir son premier système renversé. Dès qu'il jugea qu'il ne pouvait le soutenir plus long-temps, et que de quelque manière qu'on traitât avec la France, on avouait l'existence du nouvel ordre de choses , et la perte de la cause pour laquelle on avait pris les armes , il s'appliqua seulement, avec une flexibilité qui n'était pas caractère , à neutraliser les effets de ce changement, et à prévenir le danger du triomphe des principes français. Le parti de l'opposition qui les protégeait ouvertement fut habilement désarmé, déjoué et pris

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dans son

dans ses propres filets. Jamais ce ministre ne fut plus habile et plus maître de lui que dans cette circonstance, où, paraissant céder à la fortune qui s'était jouée de ses efforts et de sa prévoyance, il se montra supérieur à ses caprices.

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