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même si populaire , qu'elle a toujours eu en Angleterre parmi les hommes généreux plus de partisans qu'on ne le croit communément.

Personne ne fut la dupe de ces allégations spécieuses; la nation n'y vit que l'avey et la plus forte preuve de l'indispensable nécessité de la paix, et reconnut dans cette manoeuvre ministérielle la fierté de M. Pitt et de lord Grenville, dont les principes politiques ne pouvaient se plier à négocier avec le premier Consul, et n'auraient vraisemblablement pu le faire avec succès : ils chercherent donc à former une administration qui fût composée d'amis reconnaissans et dociles, avides de leurs conseils, et prêts à agir d'après leurs volontés. L'acteur principal, quoique derrière le rideau, n'en devait pas moins jouer le premier rôle. Si l'on se dépouille de tout préjugé national, et que l'on considère les effets qu'aurait produits un changement total de système dans la crise où se trouvait l’Angleterre, on ne pourra que reconnaître la justesse des vues de M. Pitt

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dans cette circonstance : il fut pourtant presque généralement blâmé; on s'accordait à penser qu'il était de son devoir et de son honneur, de ne pas déserter volontaireinent le service public, dans un moment où il était bien moins question de l'émancipation des catholiques, que du salut de l'état.

Les membres du conseil du roi qui résignèrent leurs charges en même temps que M. Pitt furent : M. Dundas, sécrétaire d'état de la guerre; lord Grenville, ministre des affaires étrangères; le comte Spencer, M.Wyndham, le comte Chatam, et quelques autres d'une moindre importance. La maladie du roi coïncidant avec ces changemens, en suspendit l'entier accomplissement; il en résulta une espèce d'interrègne à peu près semblable à celui qui avait eu lieu en 1783. M. Pitt, quoique ayant annoncé sa retraite, continua de diriger les affaires, prépara les voies à la nouvelle administration, repoussa les plus vives attaques, et soutint, par ses talens et son ascendant, cette situation équivoque, la plus difficile

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où se fût jamais trouvé un premier ministre d'Angleterre.

On suit avec un vif intérêt le développement de cette crise dans les débats qui s'engagèrent au parlement : en saisissant cette occasion de mettre en scène les principaux personnages , les chefs et les orateurs des divers partis, nous croyons offrir à nos lecteurs une clef qui leur sera utile pour l'intelligence d'événemens ultérieurs; ils y remarqueront surtout un bel exemple de l'énergie du gouvernement anglais, et la plus forte épreuve qu'ait pu subir leur constitution.

L'attaque fut ouverte dans la chambre des pairs par le comte Darnley, qui proposa de faire une enquête générale sur l'état de la nation; il en présenta le plus sombre tableau. Il reprochait aux ministres leurs fausses combinaisons et le mauvais succès des expéditions dirigées contre l'Espagne, l'emploi inconsidéré des forces de terre et de mer, l'inutile prodigalité des subsides, l'accroissement prodigieux des dépenses et de la

dette, enfin la misère du peuple et la disette, fruits d'une imprévoyante obstination à continuer la guerre.

Les partisans de l'ancienne administration s'opposèrent à ce que la motion du lord Darnley fût prise en considération; parce que cette attaque peu généreuse à l'égard des ministres qui se retiraient, était dangereuse à cause des motifs qu'on supposait les y avoir déterminés. Le lord Holland, neveu de M. Fox, appuya la motion par des considérations générales depuis le commencement de cette guerre désastreuse, disait-il, à la faveur de laquelle la France s'est agrandie, au-delà des bornes qu'avait posées le plus ambitieux de ses monarques, il ne nous a jamais été permis de faire une enquête, ni de montrer notre méfiance d'une administration qui conduisait si mal nos affaires. L'orateur ne garda aucun ménagement, et dit en parlant de la guerre des neutres. « Je trouve >> quelque chose de grand dans la compa>> raison de la Grande-Bretagne avec l'an>> cienne Rome; mais la comparaison avec Car

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» thage serait plus juste : n'en agissons-nous » pas avec les puissances du nord, comme » les Carthaginois qui ne voulaient pas qu'un » Romain pût laver ses mains dans les eaux » de Sicile? Qu'en résulta-t-il? une guerre » d'acharnement, et Carthage fut détruite. » Je n'examine point jusqu'où doivent s'é » tendre les droits maritimes que nous re» vendiquons; mais je sais que nous en » avons usé impolitiquement, puisque la » plupart de nos alliés sont devenus nos » ennemis ».

Lord Grenville, après avoir conjuré leurs seigneuries de ne point agiter des questions sur lesquelles la situation présente des affaires ne permettait pas de porter un jugement assez éclairé, et dont la discussion prématurée pouvait amener de grands malheurs, fit connaître à la chambre les motifs du changement qui s'était opéré dans l'administration. Il dit que tout récemment lord Spencer, lord Chatam et lui-même avaient émis l'opinion que les avantages de l'union de l'Irlande devaient recevoir sans

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