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le 22 septembre, ferma la discussion, et résolut le problème.

En persistant à placer l'île de Malte sous la garantie ou protection d'une puissance en état de maintenir son indépendance de la France, ainsi que de la Grande-Bretagne, l’Angleterre consentait à l'évacuer dans le délai qui serait fixé pour les mesures de ce genre en Europe, pourvu que l'empereur de Russie, ou toute autre puissance qui serait reconnue par les parties contractantes, se chargeât efficacement de la défense et de la sûreté de Malte ; et comme il fut impossible de tomber d'accord sur le choix de cette puissance, on convint de la remettre à la discussion du traité définitif.

Les autres difficultés furent aplanies; l’Angleterre consentit à ce que les limites de la Guyane française, s'étendissent jusqu'à la rivière d'Arawari, conformément à ce qui avait été stipulé par le traité de Badajoz. Elle se désistait de la franchise précédemment réclamée pour les ports de Demerary, Essequibo, et Berbice : elle persistait seu

lement, pour la forme, à demander la conservation de Tabago, presque entièrement peuplée de colons anglais.

Tous les points se trouvant fixés par ces concessions mutuelles, les articles préliminaires de paix entre la république française et sa majesté britannique, furent signés à Londres ( comme nous l'avons dit à la fin du chapitre précédent), le 1er octobre 1801.

L'attention publique avait été détournée par les derniers événemens militaires, et par l'activitédes nouveaux apprêts de guerre; la lenteur de la négociation avait si bien couvert le secret soigneusement gardé par

les deux cabinets, que la nouvelle de la signature des préliminaires fut une révélation inattendue. Peu de jours auparavant, on désespérait de la paix: les journaux de l'opposition accréditaient les rapports défavorables , et attaquaient à ce sujet le ministère de M. Addington, avec la même animosité que celui de M. Pitt; tandis que ceux qui s'étaient constamment déclarés contre la révolution et

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l'esprit de conquête des Français écartaient toute idée de modération. Le jour même de la signature , soit par un effet de ces préventions, soit par calcul sur le mouvement des fonds publics, toutes les feuilles anglaises assuraient que les négociations étaient rompues. Le lord maire de Londres reçut perdant la nuit du 1er au 2 octobre, de lord Hawkesbury, l'avis officiel et l'invitation à le publier dans la cité. La fanrille royale revenant de Weymouth à Windsor, fut reçue anx cris de joie du peuple rassemblé; l'allégresse fut générale ; on se félicitait avec ravissement, et pour faire connaître plus promptement la cessation des hostilités aux habitans des divers comtés, on inscrivit en grosses lettres, sur toutes les voilores publiques, peace with France! La paix avec la France ! La surprise et la joie ne furent

pas

moindres à Paris; le canon des Tuileries et des Invalides annonça subitement, dans la soirée du 3 octobre, la nouvelle que le premier

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Consul avait reçue quelques heures auparavant à la Malmaison : on s'arrêtait, on s'interrogeait mutuellement au milieu des rues et des places publiques, sur l'événement que le gouvernement proclamait : on se portait en foule aux théâtres, où la nouvelle fut officiellement notifiée. La ville fut spontanément illuminée comme aux jours de fêtes nationales. Les magistrats chargés de la

proclamation furent partout accueillis par de vifs applaudissemens, et le lendemain le premier Consul reçut les félicitations des autorités, et les témoignages multipliés de la reconnaissance publique.

Ainsi finit, au grand étonnement de l'Europe, cette guerre de neuf années, par une transaction dans laquelle on ne pouvait apercevoir aucune trace des motifs qui l'avaient allumée : l'Angleterre et la France se partageaient les dépouilles des puissances qu'elles y avaient entraînées. Ces préliminaires n'avaient point été, comme à Leoben et à Hohenlinden , dictés par le vainqueur; ils avaient été mûris par six mois de négo

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ciations ; toutes les conditions en avaient été pesées, et réciproquement consenties, selon les calculs de la plus froide politique. Ce grand événement qui donna la paix au monde, et laissa du moins pour quelque temps respirer l'humanité, peut apprendre qu'il n'y a pour la conduite des gouvernemens, comme pour celle de la plupart des individus, de principe in variable que

celui de leur propre

intérêt; heureux si les écarts des passions, et même l'exagération des sentimens généreux leur permettaient toujours de rechercher de bonne foi, et de reconnaître cet intérêt; car c'est la seulement qu'est la raison publique, pour ceux qui gouvernent, et pour ceux qui sont gouvernés : cette leçon, que l'histoire nous offre à chaque pas, ne fut jamais plus frappante qu'à cette époque.

L'Angleterre ne pouvait plus espérer l'atteindre le but moral de la guerre;.

la force des armes en avait décidé : elle n'avait pas à craindre sans doute, du moins pour long temps, de subir le sort des états du continent; mais elle avait épuisé, comme on l'a vu, tout

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