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rendu compte, et dont les premiers avis lui parvinrent à peu près à cette époque, le disposèrent à rechercher plus sérieusement qu'il ne l'avait fait jusques alors, lá paix avec l'Angleterre; toutefois loin de laisser pénétrer le désir et le besoin qu'en avait la France à cause du fâcheux état de ses finances, il redoubla d'ardeur et d'acti vité dans ses apprêts, et de virulence dans ses déclamations.

L'Angleterre avait perdu l'influence qu'elle avait exercée depuis le commencement de la guerre, ses ressources n'avaient pas faibli; mais les difficultés s'étaient tellement accrues, que la résolution de contraindre la France à changer la forme de son gouvernement, à abandonner ses conquêtes, et à rétablir sur le trône et dans leurs droits les princes de la maison de Bourbon, n'était plus qu'une prétention chimérique : les derniers efforts du ministère qui n'avait jamais dévié de ce but, n'avaient servi qu'à accélérer le développement de la puissance du premier Consul. Le midi et l'occident étaient

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subjugués par ses armes : sa politique avait réveillé la jalousie des états du nord, et les avait presque tous entraînés à concourir à l'exécution de son plan général d'hostilités. Depuis trois mois, la situation de l'Angleterredevenait de jour en jour plus alarmante: si les motifs pour continuer la guerre n'avaient rien perdu de leur force aux yeux du ministère, les prétextes étaient usés aux yeux de la nation: les troubles qu'on avait redoutés de la propagation des principes de la révolution française, allaient naître des moyens mêmes qu'on avait employés pour prévenir le danger. Menacés d'une affreuse disette, lès Anglais n'espéraient de secours que des ports du Weser, de l'Elbe et de la Baltique,'qui venaient de leur être fermés: quel étonnant résultat d'une habile et vigoureuse administration! quelle leçon pour les 'hommes d'état dont les événemens confondent la prévoyance. Dans le plus grand éclat de la prospérité, au milieu de ses richesses 'si'enviées, l'Angleterre souffrait tous les maux de la misère; le commerce était stagnant,

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la navigation interrompue, les manufactures sans débit. Les Irlandais trompés murmuraient hautement, et leur mécontentement était vivement excité par le remplacement du marquis de Cornwallis qui avait soutenu leurs justes réclamations. Enfin à cette même époque, dans les premiers jours du mois de mars, la crise d'une maladie mentale dont le roi fut atteint, mit le comble aux embarras du gouvernement et en paralysa les ressorts. Réduit à une politique incertaine et toute défensive au dedans comme au dehors, et prévoyant que la paix seule résoudrait cette crise, Pitt' ne voulut point fléchir devant la loi de la nécessité: il soutint ses opinions et son caractère, et plutôt que de se démentir en jouant le rôle de pacificateur, il préféra d'abandonner la direction des affaires.

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Comme l'histoire n'omettra aucune des circonstances de la carrière politique du plus célèbre ennemi de la révolution française, nous pensons que nos lecteurs ne désapprouveront pas que nous entrions ici dans quelques détails sur les causes appa

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rentes, et sur les vrais motifs du changement qui s'opéra dans l'administration anglaise : les vues et les calculs de l'homme d'état qui fut le plus redoutable adversaire du général Bonaparte, sont nécessairement liés aux divers événemens de la guerre pendant laquelle ces deux hommes extraordinaires luttèrent, pour ainsi dire, corps à corps. On a vu l'imperturbable constance de M. Pitt dans des circonstances difficiles , on pourra remarquer son habileté dans les moyens qu'il employa pour éluder le pénible aveu des embarras du ministère, pour que le changement devenu nécessaire, ne fût qu'un changement d'hommes et non de système, et que sa retraite ne pût être considérée comme une défaite, et comme le triomphe de ses ennemis.

Une suite de concessions avait déjà assuré aux catholiques irlandais la jouissance de leurs droits civils et religieux; ils avaient même été admis à l'exercice du pouvoir politique autant que l'avaient permis la tranquillité de l'état, et les engagemens solennels

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qui paraissaient les en exclure. Cependant ils restaient encore inhabiles à .siéger au parlement, et à remplir un assez grand nombre de fonctions publiques. En général, parmi les catholiques, la classe des propriétaires n'était point mécontente de sa situation sous ces rapports; cependant la plupart d'entre eux luttant contre des abus de pouvoir entièrement étrangers à la question de religion, s'agitaient et se montraient favorables aux innovations : quelques'ambitieux instigateurs de troubles cherchaient sans doute à profiter de cette disposition des esprits ; mais aussi les hommes les plus considérés à cause de leur

propre caractère, et de leur richesse, appuyaient de toute leur influence l'entière émancipation des catholiques, et voulaient même qu'elle précédât l'acte d'union de l'Irlande à la GrandeBretagne : ils se fondaient sur ce que les dix-huit vingtièmes des propriétés étant entre les mains de protestans, il ne pouvait résulter aucun inconvénient de l'émancipation des catholiques, tant que la propriété

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