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ici les motifs et le résultat. Le premier Consul, qui n'avait eu d'autre objet dans la soumission de ce royaume, que de s'assurer des garanties, s'empressa de prendre avantage de ce dernier succès; il venait de recevoir la nouvelle du traité conclu à Badajoz, par le prince de la Paix. Ce traité avait déjà imposé au Portugal des conditions rigoureuses, et dont les principales étaient dirigées contre l'Angleterre; il refusa cependant de le ratifier, et fit connaître à l'Angleterre qu'il ne cherchait dans les avantages remportés en Portugal, que des moyens de compensation à offrir en échange des restitutions qu'on ferait aux alliés de la France; pour donner plus de valeur au gage saisi, et plus d'efficacité à ses menaces il annonça qu'il était déterminé à ne point se désister de la déclaration notifiée à l'Orient, au ministre portugais, le chevalier d'Aranjo; que la paix avec la cour de Lisbonne ne serait conclue qu'autant que les alliés occuperaient trois provinces du Portugal qui pussent servir de

compensation pour leurs colonies, au moment de la paix générale.

Cette démarche mit à découvert les véritables intentions des deux parties, disons plutôt leurs vues également ambitieuses , puisque la contestation était désormais établie sur la valeur respective des conquêtes, et que

l'intérêt que chacun affectait de montrer pour ses alliés, n'était qu'un prétexte pour couvrir la détermination de leur faire supporter tout le poids des sacrifices. Le gouvernement français consentait à la cession de Ceylan , mais il entendait recouvrer ses colonies d'Amérique, et soustraire Malte à la domination anglaise. De son côté le ministère anglais mettait à si haut prix l'abandon de Malte , que la France ne pouvait l'obtenir que par des sacrifices devenus impossibles : il ne se départait point du système de balance entre les acquisitions continentales et les possessions maritimes; il considérait que si la France conservait la puissance et l'influence qu'elle avait récemment acquises en Italie, si elle n'évacuait le comté de Nice et

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tous les états du roi de Sardaigne, si le grand-duc de Toscane n'était rétabli dans les siens, la conservation de Malte était la seule garantie de la sûreté du commerce anglais dans la Méditerranée, et qu'on ne pouvait entendre différemment le status ante bellum dans cette partie. Quant à l'Amérique, on ne devait point s'attendre que le roi d'Angleterre restituât toutes les conquêtes que ses armes avaient faites sur la France, sur l'Espagne et sur la Hollande, comme une compensation pour la seule intégrité du Portugal; tout au plus en se désistant de garder l'île de la Trinité, sa majesté offrirait-elle le status ante bellum pour l'Espagne, en compensation de la même mesure pour le Portugal.

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Le premier Consul, qui s'était exagéré l'importance de l'occupation du Portugal, ressentit un vif dépit de l'inflexibilité du ministère britannique, et fit exprimer son mécontentement; la note présentée à ce sujet par son plénipotentiaire ne produisant aucune proposition nouvelle, et ne renfer

mant que de vagues récriminations, provoqua une semblable réponse. Lord Hawkesbury en prit occasion de se prévaloir à son tour du grand changement que les événemens arrivés en Égypte et dans la Baltique avaient récemment apporté dans la situation de l'Angleterre; il faisait observer que ces succès et l'espoir d'un prompt arrangement avec les puissances du nord, l'emportaient de beaucoup sur les conséquences de l'invasion du Portugal, et auraient pu justifier de la part de sa majesté britannique de nouvelles demandes; que cependant, elle se référait encore à ses premières propositions, et invitait le gouvernement français à établir distinctement à quelle partie de ces propositions s'appliquaient ses objections, et quelles condi- . tions lui semblaient propres à conduire les négociations vers une heureuse conclusion.

Il fallut modérer ce ton d'aigreur, et le premier Consul jugeant bien que cet échange de reproches et de vaines protestations menerait à ne plus s'entendre sur le fond de

>> ne sera point tenue à souscrire aux condi>>tions ci-dessus dans toute leur étendue »>.

Des propositions si peu modérées éloignaient les espérances qu'on avait conçues d'un prompt et sincère rapprochement : le silence du ministre anglais, sur les îles de la Martinique, de la Trinité, de Malte et de Ceylan, montrait assez l'intention d'en conserver la possession. Le premier Consul ne considéra cette première ouverture que comme un moyen de gagner du temps; il déclara que ces propositions ne pouvaient être sérieusement discutées, qu'il ne consentirait jamais à «< laisser aux mains » de l'Angleterre des pays et des établis>> semens d'un poids aussi considérable dans >> la balance de l'Europe, que ceux que l'An» gleterre prétendait se réserver ». Il n'admettait pas que les événemens de la guerre, quelque lenteur qu'on apportât dans la discussion, pussent désormais rien changer aux conditions de la paix maritime, dont le but devait être de rétablir un équilibre qui embrassât à la fois les possessions et le com

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