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des billets pour exciter toute la population à prendre les armes en cas d'invasion subite.

Tout cet appareil d'attaque et de défense, n'était au fond qu'un dispendieux et inutile simulacre de guerre; on eût pu dire une naumachie offerte dans le canal de la Manche, aux deux peuples appelés sur ses bords pour jouir de ce spectacle. Le théâtre de la guerre semblait être restreint à la petite étendue de côtes comprise entre Calais et l'embouchure de la Somme. Les bâtimens de la flotille française destinés pour Boulogne ne pouvaient prendre le large pour doubler les caps, les pointes ou les bancs selon les courans et les marées, sans'être chassés et canonnés par les frégales et les bricks dont la mer était couverte ; les Français serraient:

; aussitôt la terre, et se mettaient sous la protection de leurs batteries ; à l'aide de ces

à repos, et toujours combattant, ils parveňaient à atteindre le point de réunion. Ces fréquentes escarmouches à la vue des deux rivages,

excitaient plus d'intérêt qu'elles n'a

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vaient d'importance ; chaque parti faisait valoir ses moindres avantages , comme s'il se fût agi d'une grande bataille navale; six chaloupes françaises doublèrent le cap Griznez, en présence de l'escadre anglaise composée d'un vaisseau de soixante et quatorze, d'un vaisseau rasé, deux frégates , douze bricks et plusieurs canonnières. Après avoir soutenu le feu de cette division ennemie, elles mouillèrent sur la rade de Boulogne; cet heureux essai du contre-amiral Latouche, fut annoncé comme une victoire, et saisi comme un heureux présage.

D'un autre côté, trois frégates anglaises, la Doris, la Beaulieu et l'Uranie, ayant surpris et abordé pendant la nuit, dans la baie de Camaret, la corvette française la Chevrette , sous le feu des batteries, et s'en étant emparé après deux heures d'un combat sanglant, ce coup de main fut magnifié dans les rapports officiels, et cité comme un des plus rares exemples de témérité.

Le ministère anglais sentit enfin le désavantage d'une position qui permettait à l'ennemi de tenir en échec, et pour ainsi dire en alerte, avec de si faibles moyens, toutes les forces de terre et de mer de l'empire bri. tannique; craignant que cet état d'anxiété ne nuisît au cours des affaires de commerce, et n'attiédît l'esprit public, il se décida å prendre l'offensive. Pendant qu'il faisait menacer et insulter les ports et les mouillages sur les côtes de Hollande, de Normandie et de Bretagne, il préparait secrètement à Scheerness, et à Nore , une expédition destinée à attaquer sérieusement le port de Boulogne , où les apprêts d'une descente paraissaient avoir acquis plus de maturité.

L'amiral Nelson, de retour de la Baltique, fut consulté, et ne mit point en doute la possibilité d'incendier la flotille française, surtout si l'on pouvait la surprendre sur la rade, où la plus grande partie était mouillée pour favoriser l'arrivage successif des divisions et des petits convois qui venaient s'y rallier. Malgré l'interruption des communications, et le mystère dont les préparatifs étaient enveloppés, le premier Consul en fut

de

informé par ses intelligences ; il reçut des rapports circonstanciés sur l'espèce de bâtimens, de brûlots, de machines infernales qu'on avait construits et armés à Scheerness , et au Nore, avec une incroyable activité, et prévint le contre-amiral Latouche, qu'il serait incessamment et vivement attaqué.

Le 31 juillet, lord Nelson prit le comman. dement de l'escadre rassemblée à la rade de Deal: elle était composée de quarante voiles

guerre, dont trois vaisseaux de ligne, deux frégates, quelques bricks et cutters, et tout le reste, bombardes, brûlots et chaloupes canonnières. Il mit à la voile le 1er août à la vue des côtes de France, et se dirigea sur Boulogne.

Le contre-amiral Latouche avait formé un peu en avant de la rade sa ligne d'embossage de six bricks , deux schooners, vingt chaloupes canonnières et un grand nombre de bateaux plats : il ne changea rien à cette disposition et se borna à faire garnir les batteries, et tenir à portée une réserve de quatre mille hommes d'infanterie.

:

Lord Nelson employa toute la journée du 3 août à reconnaître de fort près, les divers points de la côte, et l'emplacement des nouvelles batteries au-dessus et audessous du port; il fit ensuite essayer la portée des bombes, et après s'être assuré qu'elles atteignaient le rivage, il concentra son escadre et jeta l'ancre à une lieue et demie de la terre : le lendemain, à la pointe du jour, il plaça lui-même les bombardes qu'il rangea obliquement par rapport à la ligné française, en les rapprochant de l'extrémité occidentale. Cette disposition avait l'avantage de tenir les bombarbes presque toutes hors de la portée des batteries qui défendaient l'entrée du port, et ne pouvaient découvrir à leur gauche la droite de la ligne des bombardes; les autres bâtimens. de l'escadre anglaise restèrent mouillés en arrière. L'amiral anglais espérait, par le seul effet des bombes, contraindre la flotille française à se réfugier dans le port, où se trouvant resserrée, elle eut pû, selon le succès de

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