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et de la propriété. Ce parti avait provoqué la guerre, et malgré sa mauvaise issue, il s'obstinait à la poursuivre ; il la considérait comme la seule digue qu'on pût opposer

à l'inondation des principes démocratiques. L'état de guerre donnait beaucoup d'inten- . sité au parti de M. Pitt et de lord Grenville; il servait à développer leurs vues,

à rendre leurs talens nécessaires; c'était un prétexte toujours prêt pour excuser les extensions d'autorité : la fierté nationale et le point d'honneur ne leur permettaient pas de rétablir les relations avec la France, et de négocier la paix, car ils la trouvaient humiliante, s'ils n'en pouvaient dicter les conditions.

Le troisième partise composait des hommes modérés et indépendans de l'influence des deux autres. Ils désiraient sincèrement mettre fin à la guerre. Après avoir vu deux grandes coalitions se dissoudre, ils craignaient que cette continuité de vains efforts, n'affermît de plus en plus le pouvoir et l'influence de la France : ils croyaient que

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les crimes qui avaient souillé la révolution ne devaient pas faire proscrire, et traiter comme une contagion politique, les idées libérales qui l'avaient préparée, et les principes sur lesquels la liberté du peuple anglais était elle-même fondée; enfin ils trouvaient que le temps était venu d'agir de bonne foi selon l'esprit du siècle et les progrès de la civilisation générale : ce parti n'avait point de chef, mais il était nombreux, et s'était récemment accru par

l'adhésion de tous les hommes sages. Ceux-ci ne se laissaient point entraîner par les déclamations des mécontens, ni éblouir le brillant tableau des ressources du crédit qu'on leur présentait comme devant être inépuisables.

Si cette esquisse des débats parlementaires et de la situation respective des partis a pu fixer l'attention de nos lecteurs, et leur faire sentir l'état de crise où se trouvait l’Angleterre après le traité de Lunéville, notre but est suffisamment rempli. Toutefois ce n'est pas sans quelque peine que nous nous

par

>> mon honorable ami, M. Pitt, doivent >> rendre mon indépendance suspecte ; j'es>>père qu'on ne préjugera rien sur mon admi>>nistration ». Plusieurs membres, parmi lesquels se trouvait le colonel Addington, son parent, supplièrent la chambre de ne point condamner d'avance ses intentions; et jusqu'à ce qu'il y eût des preuves acquises contre lui, de lui conserver l'opinion bien méritée par son zèle et ses talens ; qu'il continuerait à agir de manière à mériter l'estime dontilavait siéminemment joui jusques alors. La question fut alors mise aux voix, et la chambre se forma en comité de subsides.

Ainsi les nouveaux ministres furent, par l'issue de ces débats, avoués et reconnus par la majorité dans les deux chambres du parlement quoiqu'ils eussent prêté serment entre les mains du roi, le 20 février, M. Pitt n'en continua pas moins à diriger les affaires jusqu'au 14 mars, jour auquel il remit solennellement les clefs et le sceau à M. Addington. Il termina cette longue période de sa brillante carrière politique par la présenta

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tion du budjet : la totalité des charges s'éleva à la somme de quarante-deux millions cent quatre-vingt-dix-sept mille livres sterling (un milliard douze millions sept cent ving!huit mille francs ). Les diverses ressources ne pouvaient produire que seize millions sept cent quarante quatre mille liv. sterl.; il restait un vide de vingt-cinq millions cinq cent mille liv., qui fut rempli par l'emprunt le plus considérable qui eût jamais été proposé (vingt-huit millions sterling, dont vingt-cinq millions et demi pour l'Angleterre, et deux millions et demi pour l'Irlande). M. Pitt annonça que cet énorme emprunt avait été fait aux conditions les plus avantageuses; il considérait ce contrat et la glorieuse rivalité des deux compagnies qui s'étaient rendues adjudicataires, comme une preuve évidente de l'énergie et de la persévérance du peuple anglais, et de sa confiance dans la force et les ressources du pays. Il terminait ainsi son exposé : « Si tout >> le monde fait son devoir, la nation sortira >> triomphante de la lutte où elle se trouve

>> engagée : jamais le commerce ne fut à un si >> haut point de prospérité; si le peuple >> anglais éprouve quelque malaise, il n'en >> faut accuser que l'intempérie des saisons; » mais il n'a jamais été plus grand, plus » digne de l'admiration et de l'envie de tous. >> les peuples de la terre ».

Dans le vote des subsides, on accorda pour le service de mer le payement d'une force de cent trente-cinq mille hommes, y compris trente-neufmille matelots: l'effectifdes forces régulières était de cent quatre-vingt-treize mille cent quatre-vingt-sept hommes; le nombre des milices anglaises et irlandaises de soixante-dix-huit mille quarante-six; celui des fencibles, de trente-un mille quatre cent quinze; en sorte que la totalité des forces de l'empire britannique, sans y comprendre les corps de volontaires, était de quatre cent trente-sept mille cinq cent quarante-huit hommes.

Telle fut à cette époque la brillante mais orageuse situation de l'Angleterre ; jamais les esprits ne furent plus divisés, jamais la

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