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rent à l'empereur de Russie la conduite foible à la fois et peu franche du ministère anglois depuis la bataille de Jéna, et l'égoïsme avec lequel la Grande-Bretagne voulut profiter du danger auquel l'empire de Russie se trouvoit exposé, pour arracher à Alexandre des concessions favorables au commerce anglois. L'expédition de Copenhague acheva de rompre tous les liens qui avoient anciennement attaché Alexandre à George III.

Nous avons vu qu'avant la paix de Tilsit, la bonne intelligence entre les cabinets de SaintPétersbourg et de Londres avoit souffert quelque atteinte, par le refus du dernier de garantir un emprunt que la Russie vouloit négocier en Angleterre, et de coopérer effectivement à la guerre par une diversion qui devoit se faire sur les derrières de l'armée françoise. Cependant l'empereur Alexandre crut devoir, en considération de l'ancienne amitié qui avoit régné entre les deux cours, s'entremettre entre celle de Londres et Buonaparte pour opérer une réconciliation. Il fit, en conséquence, offrir sa médiation au secrétaire d'état, M. Canning, par M. d'Alopéus l'aîné, son ministre en Angleterre, en annonçant que, par l'article 13 dú traité de Tilsit, Buonaparte avoit accepté cette médiation sous la condition que la GrandeBretagne feroit de même, un mois après l'échange du traité. Les termes dans lesquels cette proposition fut faite à Londres ne sont

pas connus; mais le ministère britannique a communiqué au parlement la réponse qu'il y

fit par une note que M. Canning fit remettre, le 8 août 1807, à M. d'Alopéus, et par une autre que lord Granville Leweson Gower, ambassadeur du roi à Saint-Pétersbourg, remit le 1.er septembre. Le ministère accepta la médiation de la Russie, à condition qu'on lui communiqueroit les articles secrets de la paix de Tilsit, et que le cabinet de Saint-Pétersbourg s'expliqueroit franchement sur ses vues. « Les conférences, dit lord Leweson Gower, que l'empereur avoit eues à Tilsit avec Buonaparte, et dans lesquelles S. M. I. a connu les principes d'après lesquels le gouvernement françois est intentionné de traiter, ont naturellement produit à Londres une sensation désagréable, qui ne peut être détruite que par une communication franche. » Il ajouta que, quoique la fixation dans l'article 13 du traité de Tilsit, d'un terme péremptoire pour l'acceptation de la médiation, eût pu offenser le roi, néanmoins le désir d'une paix honorable avoit prévalu sur ce motif de mécontentement, mais que le roi s'attendoit à recevoir en même temps quelque preuve d'amitié de la part de l'empereur. Il insinua que la prompte conclusion d'un traité de commerce, d'après les bases indiquées dans un projet qu'il remit, seroit la preuve la plus agréable des dispositions bienveillantes de l'empereur, qui d'ailleurs ayant accordé à

la France, par l'article 27 du traité de paix de Tilsit, le rétablissement de ses anciens rapports de commerce donneroit ainsi une preuve de son impartialité.

Le baron de Budberg convint de l'existence d'articles secrets, mais qui cessoient d'être obligatoires au bout de deux ans ; il ajouta que si Buonaparte avoit fait part à la Russie des bases sur lesquelles il prétendoit traiter de la paix avec la Grande-Bretagne, il ne s'ensuivoit pas que l'empereur lui eût fait, de son côté, des communications sur les vues futures et le système la cour de Saint-Pétersbourg se proposoit de suivre à l'avenir. Sur les instances du ministre d'Angleterre, le baron de Budberg promit de porter ses demandes devant l'empereur.

que

Le même jour on apprit à Saint-Pétersbourg ce qui s'étoit passé dans l'entrevue que sir Francis Jackson avoit eue à Kiel, au commencement du mois d'août, avec le prince royal de Danemark. L'empereur fit déclarer à lord Gower que les liens du sang et de l'amitié qui l'attachoient au roi de Danemark, ne lui permettoient pas de voir avec indifférence le danger qui menaçoit l'indépendance de ce monarque: il demanda à connoître les motifs qui avoient porté le cabinet de Saint-James à tenir envers le Danemark une conduite si extraordinaire. Lord Gower répondit de la manière qui lui avoit été prescrite par son

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gouvernement, et qui est connue de nos lecteurs par ce que nous avons rapporté plus haut. Le 9 septembre, le prince Soltikoff, qui dans l'intervalle avoit succédé au baron de Budberg, déclara à lord Gower que l'empereur ne croyoit pas convenable de communiles articles secrets de la paix de Tilsit, non qu'ils renfermassent des stipulations préjudiciables à l'Angleterre, mais parce qu'il avoit été arrêté qu'ils ne seroient pas publiés, et que l'empereur ne voyoit pas de motif de changer sa résolution.

quer

Le 22 septembre, on sut à Saint-Pétersbourg la capitulation de Copenhague. L'empereur se plaignit du secret que le cabinet de Londres lui avoit fait de ses intentions contre le Danemark, comme d'une preuve qu'il avoit bien senti qu'elles étoient contraires aux intérêts de la Russie, « à quoi l'empereur se doit à luimême, comme aux intérêts de son empire, de ne pas se montrer insensible. » Il se déclara à cette occasion le garant de la tranquillité et de la sûreté de la mer Baltique. Lord Gower répondit que la Russie n'avoit aucun droit de se plaindre du silence qu'on avoit observé envers elle, tant qu'elle-même cachoit à l'Angleterre le contenu de ses engagemens avec Buona

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Il fut remplacé peu de jours après par le comte Nicolas Romanzoff, qui réunit le ministère des affaires étrangères à celui du commerce, dont il étoit déjà revêtu.

parte. Il termina sa note par ces mots : « Pour ce qui regarde la tranquillité de la mer Baltique, l'Angleterre n'a jamais reconnu des droits exclusifs; mais, de quelque nature que les prétentions de la Russie, à titre de garante de la sûreté de cette mer, aient pu être, son silence, à une époque où, depuis Lubeck jusqu'à Mémel, les ports étoient fermés au pavillon anglois, paroît être une renonciation à ces prétentions. >>

En transmettant à lord Gower la déclaration publiée par la cour de Londres relativement à l'événement de Copenhague, M. Canning le chargea de faire sentir au ministère russe que la manière dont l'empereur avoit offert sa mé diation, indiquoit moins le désir de parvenir à un résultat pacifique, que l'intention de préparer des causes de rupture; qu'il transpiroit dans le public que, dans les conférences de Tilsit, il avoit été question d'une confédération générale contre l'Angleterre, à laquelle les marines du Danemark et du Portugal étoient destinées à coopérer, et que cette nouvelle avoit été confirmée par une communication officielle du cabinet de Lisbonne, qui annonçoit qu'en effet une proposition de ce genre lui avoit été faite. Le ministère anglois, auquel la conservation de la bonne harmonie avec l'empereur tenoit fortement à cœur, et qui recommandoit a lord Gower, dans toutes les dépêches, de ne pas aigrir ce monarque, en lui représen

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