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vence, S. M. auroit envoyé des forces assez considérables pour justifier, aux yeux même de la France, la cession de la flotte, en rendant toute opposition inutile.

Si le Danemark eût été réellement prêt à résister aux prétentions de la France et à maintenir son indépendance, S. M. l'auroit secouru de ses forces militaires et navales, de ses moyens pécuniaires. Elle lui auroit enfin garanti l'intégrité de son territoire européen, la possession et l'accroissement de ses colonies.

S. M. est sincèrement et douloureusement affligée qu'il ait fallu avoir recours aux armes pour l'exécution d'un acte nécessaire à la sûreté de ses domaines, L'état et les circonstances actuelles du monde ont exigé ces mesures de propre conservation; c'est une vérité que S. M. déplore, mais dont elle n'est, en aucune façon, responsable.

S. M. a long-temps soutenu le combat inégal d'une extrême longanimité contre une violence toujours active: mais cette longanimité doit avoir un terme. Quand on avoua hautement le projet qui n'a déjà que trop réussi, de soumettre tous les états de l'Europe à une même usurpation, et de les coaliser, par la crainte ou par la force, contre le droit maritime et contre l'existence politique de ce royaume, S. M. sentit la nécessité de prévenir l'accomplissement d'un dessein qui n'est pas plus contraire à ses intérêts qu'à ceux qui devoient en être les instrumens.

Il étoit temps que les effets de cet effroi que la France a inspirés aux nations du monde, fussent balancés par l'exercice du pouvoir de la Grande-Bretagne, pouvoir proportionné à la grandeur du péril.

Nonobstant la déclaration de guerre faite par le gouvernement danois, il reste au Danemark à décider si la guerre continuera entre les deux nations. S. M. propose encore un arrangement à l'amiable; elle souhaite ardemment de remettre dans le fourreau l'épée qu'elle en a tirée avec tant de répugnance : elle est prête à prouver au Danemark et au monde, qu'ayant agi seulement pour assurer la tranquillité de ses propres domaines, aucun autre motif, aucun projet d'aggrandissement ou d'avantage quelconque, ne lui font désirer de prolonger la guerre au-delà du temps fixé par la nécessité qui l'a produite.

Le moment approchoit où, d'après la capitulation, les Anglois devoient évacuer la Séelande. L'intervalle avoit été employé à des négociations qui sont encore couvertes du voile du secret. On a su seulement, ainsi que nous aurons ailleurs l'occasion de le dire, qu'on avoit proposé au roi de Suède de prendre possession de l'île, et que ce monarque n'avoit pas été éloigné de donner les mains à ce projet. Dans d'autres momens, on offrit au Danemark l'alternative entre le rétablissement de sa neutralité et une alliance intime avec l'Angleterre. Dans le premier cas, on promettoit de lui rendre la flotte trois ans après la conclusion de la paix générale; mais on demandoit la cession d'Helgoland. Dans le second cas, on promit au Danemark une puissante protection, la garantie de son intégrité, ou un équivalent de ses pertes, ainsi qu'une augmentation de ses

possessions dans les autres parties du monde ; mais on demandoit que les troupes angloises pussent continuer à occuper l'île de Séelande. déclare la guerre gouvernement danois ayant rejeté l'une novembre et l'autre alternative, le cabinet de Londres lui

L'Angleterre Le

au Danemark,

le 4

1807.

déclara la guerre le 4 novembre 1807; mais il
ne se permit pas de violer la capitulation du
7 septembre, en restant en possession de Co-
penhague L'évacuation de cette ville et de l'île
de Séelande se fit du 12 au 20 octobre. Il est
vrai que le prince royal avoit fait des prépara-
tifs
pour attaquer les troupes angloises, et que
la saison de l'hiver, peu favorable à la naviga-
tion, pouvoit les laisser sans défense au milieu
d'un pays ennemi.

La guerre entre le Danemark et la GrandeBretagne, qui éclata au mois de septembre 1807, dura jusqu'à la paix de Kiel qui fut conclue le 14 janvier 1814. Dépouillé de sa marine, le Danemark vit son commerce anéanti et ses colonies envahies, tandis que tout le mal qu'il put faire à ses ennemis se borna à des ordonnances stériles. Des proclamations prescrivirent l'arrestation de tous les Anglois qu'on saisiroit, la confiscation de toutes les propriétés angloises, le séquestre de toutes les sommes dues à des Anglois; un édit du 6 novembre 1807, daté de Rendsbourg, ordonna même de punir de mort toute correspondance avec l'Angleterre.

Avant la fin de l'année 1807, le Danemark perdit ses colonies en Amérique. Le général

im

Alliance de Fontainebleau du

Bowye et l'amiral Cochrane prirent Saint-Thomas par une capitulation qui fut signée le 21 décembre, et d'après laquelle toutes les propriétés danoises durent être respectées, mais toutes celles des ennemis de l'Angleterre livrées. Sainte-Croix se soumit deux jours après. L'événement du mois de septembre 1807 pliqua le Danemark dans une guerre avec la 51 octobre 1807. Suède, dont nous parlerons ailleurs 1. Il le rapprocha de Buonoparte avec lequel il eut des liaisons qui finirent par tourner à sa perte. Ce fut le 31 octobre 1807 qu'une alliance entre les deux gouvernemens fut conclue à Fontainebleau. On a laissé ignorer au public les conditions de ce traité, mais la suite a prouvé qu'on y avoit arrêté que les îles danoises seroient occupées par des troupes françoises, destinées à agir contre la Suède. Le maréchal Bernadotte qui devoit attaquer ce royaume sur lequel il fut appelé par la suite à régner, passa le Belt au mois de mars 1808, et arriva en Séelande à la tête de 32,000 François, Hollandois et Espagnols, ces derniers, alors les alliés, bientôt les ennemis irréconciliabes de Buonaparte.

Cette invasion attira au ministère anglois de graves reproches de la part de l'opposition. On lui avoit reproché d'abord l'invasion de la

où nous

Dans la seconde partie de cet ouvrage, nous occuperons des traités entre les puissances du Nord.

Débats entre

l'Angleterre et la Russie sur les ar

la paix de Tilsit.

Séelande; on le blâma ensuite de l'avoir évacuée. Cette fidélité scrupuleuse à observer ses engagemens rendit inutile, dit-on, toute l'expédition, puisqu'elle eut pour résultat l'exclusion des bâtimens anglois de la mer Baltique. En même temps elle exposa à un danger imminent l'allié fidèle de l'Angleterre, le roi de Suède. A ce reproche les ministres répondirent qu'au dire des militaires qui furent consultés à cette époque, la conservation de la Séelande auroit exigé l'emploi d'une force armée supérieure à celle qui avoit été employée à l'occuper, et, dans tous les cas, beaucoup plus considérable que celle dont la Grande-Bretagne pouvoit se passer. Au reste, d'autres événemens que nous raconterons dans le chapitre, suivant rappelèrent quelque temps après le général Bernadotte sur les bords du Danube. Quant au Danemark, il resta dès-lors fidèle au système continental, malgré la ruine qu'il portoit à son commerce.

Ce système désastreux prit un aspect vraiticles secrets de ment alarmant, lorsqu'on vit y entrer avec empressement l'empereur Alexandre. La liaison intime qui régna entre ce monarque et Napoléon Buonaparte pendant quatre années, fut une des plus malheureuses suites de la paix de Tilsit; elle devint indirectement la cause de la cinquième coalition, à l'histoire de laquelle le chapitre suivant est destiné. Cette liaison avoit été préparée par le mécontentement qu'inspire

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