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Aussitôt qu'on connut dans cette ville le dessein des Anglois, toute la population prit les armes, et l'on fit des préparatifs pour une vigoureuse défense, et pour remplacer par des milices l'armée que le prince royal avoit cru devoir réunir en Holstein pour protéger la neutralité de la presqu'île. Après avoir donné les ordres nécessaires, et engagé son père à quitter l'île, le prince royal retourna en Holstein, où se trouvoit l'armée danoise; de manière que M. Jackson, qui arriva le 12 août à Copenhague, n'y trouva que le comte Joachim de Bernstorff, qui étoit chargé du porte-feuille des affaires étrangères, à la place de son frère resté à Kiel. M. Jackson lui ayant demandé s'il étoit autorisé à traiter sur la base proposée, le comte répondit qu'il étoit obligé de transmettre toutes les affaires au prince. Le ministre anglois regardant cette réponse comme une preuve que le gouvernement danois vouloit éviter toute négociation, se rendit à bord de la flotte de lord Gambier, et avertit cet amiral que tout espoir d'un arrangement à l'amiable avoit disparu.

1 Christian VII courut quelques dangers de tomber entre les mains des Anglois; il ne devoit plus revoir sa capitale. Ce monarque mourut, le 13 mars 1808, à Rendsbourg, après un règne de quarante-deux ans, presque toujours heureux pour son peuple, malheureux pour lui-même.

Les Anglois débarquèrent le 16 août à Webeck. Le général Cathcart et l'amiral Gambier publièrent une proclamation en langue allemande, par laquelle ils firent connoître aux habitans danois que les changemens opérés dans la politique par les derniers traités ne permettoient pas au Danemark de rester neutre, et que la Grande-Bretagne devoit empêcher que les puissances qui prétendoient conserver leur neutralité, ne fussent obligées de tourner leurs armes contre elle; qu'en conséquence elle demandoit la remise de la flotte danoise comme un dépôt qu'elle promettoit de restituer à la paix dans le même état où elle se trouvoit alors. Les généraux finissent par annoncer que si on ne faisoit pas droit à leur réquisition, ils se verroient obligés de bombarder Copenhague.

Le gouvernement danois publia alors un manifeste, dans lequel, après avoir parlé des efforts par lui faits depuis quinze ans pour conserver sa neutralité et maintenir la bonne intelligence avec toutes les puissances, il dit: << Cet état de paix et de tranquillité a subitement disparu. Ce même gouvernement anglois, dont la honteuse inaction a naguère sacrifié l'intérêt de son allié impliqué dans une guerre

* On prétend que les généraux anglois croyoient qu'elle étoit rédigée dans la langue du pays, l'original anglois ayant été remis par erreur à un traducteur allemand au lieu d'un danois.

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difficile et incertaine, montre subitement toute son activité pour assaillir un état neutre auquel il n'a aucune offense à reprocher. L'exécution de son plan d'attaque contre le Danemark, que des liens anciens et sacrés attachent à la GrandeBretagne, a été préparée avec autant de célérité que de secret. Le gouvernement danois à vu les forces britanniques sur ses côtes, avant de pouvoir deviner qu'elles fussent dirigées contre lui. L'île de Séelande étoit cernée, le territoire danois violé avant que la cour de Londres eût manifesté par un seul mot ses intentions hostiles. Bientôt cependant on les annonce; mais l'Europe aura peine à croire ce qu'elle apprendra. Pour colorer l'attentat le plus noir, le plus violent, le plus révoltant, qui ait jamais eu lieu, on se référa à de prétendus renseignemens, ou plutôt à des bruits vagues, des tentatives qui doivent avoir été faites pour entraîner le Danemark dans des liaisons hostiles contre la Grande-Bretagne. Se fondant sur de telles données, dont la futilité est démontrée au plus léger examen, le gouvernement anglois fit dé-clarer à la cour de Copenhague que, pour mettre ses intérêts à couvert, et pour sa propre sûreté, il ne pouvoit laisser au Danemark que le choix entre la guerre et une alliance étroite avec la Grande-Bretagne. Et quelle alliance lui offriton! une alliance qui, pour premier gage de la sujétion du Danemark, auroit remis ses vaisseaux de guerre au gouvernement britannique.

Dans cette alternative il n'y avoit pas à balancer. L'ouverture qu'on avoit faite, aussi révoltante par ce qu'elle offroit que par ses menaces, aussi offensante par sa forme que par la chose même, ne permit pas de négociation. L'indignation la plus profonde et la plus juste ne connut pas d'autre considération. Placé entre le danger et la honte, le gouvernement danois n'eut pas à choisir': la guerre éclata. Le Danemark ne se fait pas illusion sur les dangers, sur la perte dont il est menacé par cette guerre. Surpris de la manière la plus insidieuse, attaqué dans une province isolée, et presque entièrement dépouillée de tout moyen de défense, forcé d'entrer dans la lutte la plus inégale, il doit s'attendre à des désavantages sensibles; mais il a à conserver son honneur intact et la considération des puissances européennes qu'il croit avoir acquise par une conduite irréprochable; il croit qu'il y a plus de gloire dans la résistance de celui qui succombe à la force que dans les victoires faciles de celui qui en abuse. »

Cependant le général Cathcart avoit cerné Copenhague du côté de la terre ferme. Il fit le 18 août une tentative pour engager le général-major Peymann, auquel la défense de la ville avoit été confiée, à éviter le bombardement. « Si cette ville, lui dit-il, la capitale du Danemark, la résidence du roi, le séjour de la maison royale et du gouvernement, le siége

Bombardement de Copenhague le

des sciences et du commerce, remplie d'habi tans de tout rang, de tout âge et de tout sexe; si cette ville veut essuyer les horreurs d'un siége, elle sera attaquée par tous les moyens qui peuvent amener sa destruction. Une attaque sur une ville si riche en hommes et en trésors, ne peut avoir d'autre résultat que la destruction de ses habitans et la ruine de leurs propriétés. » Le général Peymann refusa toute capitulation, et inquiéta les assiégeans par des sorties vigoureuses.

Les généraux Kastenskiold et Oxholm, à la 25 septemb. 1807. tête des milices séelandoises, au nombre de 10,000 hommes, prirent poste à Kiöge, d'où ils se proposèrent de venir au secours de la capitale; mais ils furent surpris et dispersés par la légion hanovrienne, le 29 août. Copenhague se trouvant ainsi abandonné à ses propres forces, et le général Peymann ayant répondu négativement à une nouvelle sommation, le bombar-, dement commença le 2 septembre. Il dura pendant trois jours, et produisit un effet terrible. Une grande partie de la ville fut détruite. Le 5,. le général Peymann demanda un armistice pour traiter d'une capitulation. Les généraux anglois n'accordèrent l'armistice qu'après qu'il eut été convenu que la remise de la flotte danoise seroit la base de la capitulation.

Capitulation de Copenhague du 7

Celle-ci fut signée, le 7 septembre, entre le septembre 1807. général-major de Waltersdoff, le contre-ami ral Lutken, et M. Kirchhoff, aide-de-camp du

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