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amitié avec l'ennemi de toute indépendance nationale, il falloit que les souverains consentissent à détruire le commerce de leurs sujets et à ruiner leur prospérité. L'ignorance du tyran du continent, la bassesse de ses conseillers, qui ne furent que ses flatteurs, crurent peut-être à la possibilité d'exécuter un tel système, qui devoit arracher à l'Angleterre le sceptre des mers. Le système continental a plongé tout le continent de l'Europe dans la misère, et ruiné son bien-être pour long-temps; il ne put détruire celui des Anglois. Ce n'est pas que cette mesure ne produisît d'abord une stagnation momentanée dans l'industrie et le commerce des habitans de la Grande-Bretagne; mais bientôt ce pays prouva que si le commerce européen avoit été jusqu'à présent la principale source de ses richesses, il n'en étoit pas la seule. Le continent, appauvri par le despotisme de l'usurpateur, perdit l'importance qu'il avoit eue auparavant pour ces insulaires; leurs capitaux et leur activité se tournèrent vers des régions où l'on ne professoit pas la liberté des mers et les droits des neutres.

C'est en vain que, pour justifier cette mesure absurde et tyrannique de Buonaparte, les écrivains à ses gages ont voulu la faire regarder comme un acte de représailles contre l'ordre du conseil britannique du 16 mai 1806. Cet ordre, provoqué par l'occupation du pays d'Hanovre par la Prusse, prononça, il est vrai,

le blocus contre les côtes, ports et rivières de l'Elbe jusqu'à Brest; mais la seule partie de ces côtes qu'il désigna comme rigoureusement bloquée, étoit comprise entre Ostende et l'embouchure de la Seine, et renfermoit les ports dans lesquels se firent, pendant plusieurs années, les préparatifs pour une descente dans les îles britanniques. Quant aux ports de l'Allemagne septentrionale et de la Hollande, la déclaration disoit que l'entrée et la sortie de ces ports ne seroient point défendues aux vaisseaux neutres, pourvu que ceux qui arrivoient n'eussent été frétés, ni ceux qui sortoient ne fussent destinés pour un des ports de l'ennemi, et que leur cargaison ne consistât ni en propriété de l'ennemi ni en contrebande de guerre. Peu de jours après, le 21 mai, le gouvernement britannique publia un nouvel ordre portant << que S. M. Britannique, toujours animée du désir d'éviter, autant que les opérations de la guerre le rendroient possible tout ce qui pouvoit nuire au commerce des états en paix avec l'Angleterre, enjoignoit strictement à tous ses vaisseaux, armateurs, etc. de n'arrêter aucun bâtiment qu'ils rencontreroient dans la mer Baltique. » Ainsi les seules victimes de cet état de choses étoient les villes de Hambourg et de Brème. Il faut remarquer que le gouvernement françois ne songea pas à se plaindre de la déclaration du 16 mai, qui fut donnée à l'époque même où une négo

Ordre du conseil britannique

ciation étoit ouverte entre la France et la Grande-Bretagne : cette déclaration étoit l'ouvrage de Fox, celui de tous les ministres qu'on peut le moins soupçonner de projets hostiles contre les neutres. Mais ce qui prouve jusqu'à l'évidence la mauvaise foi ou l'ignorance des défenseurs du système continental, c'est qu'à l'époque où le décret de Berlin fut signé, la déclaration du 16 mai 1806 n'existoit plus. Elle avoit été formellement révoquée par une circulaire du 25 septembre 1806, qui annonçoit que la navigation entre l'Ems et l'Elbe étoit aussi libre qu'avant la déclaration du 16 mai.

Après la publication du décret de Berlin on du7 janv. 1807. devoit s'attendre que l'Angleterre useroit de représailles. En effet, le 7 janvier 1807, il parut un ordre du conseil britannique qui statua qu'il ne seroit permis à aucun vaisseau de faire le commerce de l'un à l'autre des ports appartenant à la France ou à ses alliés, ou occupés par eux, ou se trouvant sous leur influence, et que tout vaisseau neutre qui tenteroit de violer cette défense, seroit amené avec sa cargaison et jugé de bonne prise.

Buonaparte répondit à cette mesure sévère, mais dont la rigueur ne tomboit que sur ceux que l'avidité du gain portoit à s'y exposer, par des dispositions contraires à tout principe de droit et de justice. Un décret du 25 janvier 1807, daté de Varsovie, ordonna la confiscation de toutes les marchandises angloises

et denrées coloniales, saisies dans les villes hanséatiques.

La Grande-Bretagne opposa à ce décret un ordre du conseil du 11 mars 1807, prescrivant de nouveau un blocus rigoureux de l'Elbe du Weser et de l'Ems, sur le motif que l'ennemi dominoit la navigation de ces fleuves.

Dans une audience publique qu'il donna, le 14 octobre de la même année, au corps diplomatique à Fontainebleau, Buonaparte déclara qu'il ne permettroit plus de liaisons commerciales ni politiques des puissances continentales avec l'Angleterre.

no- Ordre du con

que

pays

Cette puissance publia, de son côté, le 11 vembre 1807, un nouvel ordre déclarant tous les ports et places de France, et des qui lui étoient alliés, ou de tout autre pays en guerre avec la Grande-Bretagne, ainsi que tous les autres ports et places en Europe d'où le pavillon britannique étoit exclu, quoique n'étant pas en guerre avec la Grande-Bretagne, et tous autres ports et places dans les colonies appartenant à ses ennemis, seront dorénavant soumis aux mêmes restrictions, pour le commerce et la navigation, que s'ils étoient réellement bloqués; en conséquence, les vaisseaux destinés pour ces ports, assujétis à la visite des croisières angloises, à une station forcée en Grande-Bretagne, et à une imposition qui devra être réglée par la législature angloise 1. Il

seil britanniqne du 11 novembro 1807.

d

Il faut observer que cette imposition n'a jamais été réalisée.

Décret de MiJan du 17 décembre 1807.

ne fut permis qu'aux neutres de naviguer directement des colonies ennemies dans les ports de leurs pays, et d'y porter des denrées coloniales destinées à la consommation de ces pays.

Cet ordre fut modifié par un autre du 25 novembre de la même année, qui porte que les bâtimens neutres pourront charger dans les ports anportsanglois des marchandises angloises ou denrées des Indes orientales, ou marchandises saisies, et les porter dans des ports non bloqués des colonies occidentales ennemies ou de l'Amérique. L'ordre accorde encore quelques autres exportations défendues par celui du 11 novembre; mais il les accorde conditionnellement et de manière qu'il faudra avoir obtenu une licence pour cela.

Buonaparte étoit à Milan lorsqu'il eut connoissance de ces ordres du conseil britannique. Pour enlever aux neutres tout espoir de conserver la plus foible branche de commerce, il donna un décret par lequel il exigea d'eux le contraire de ce que l'Angleterre leur prescrivoit, de manière que tout commerce fut anéanti d'un coup. Cet ordre est connu sous le nom de décret de Milan. Il porte que tout bâtiment, de quelque nation qu'il soit, qui se sera soumis à ce qui est ordonné par l'ordre du conseil britannique du 11 novembre, est, par ce fait même, déclaré dénationalisé et devenu propriété angloise; que, comme tel, il sera déclaré de bonne prise, soit qu'il entre dans un port de France ou de ses alliés, soit qu'il tombe au pouvoir des vaisseaux de guerre ou corsaires françois.

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