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toutes nos instances de vouloir bien renoncer à des engagemens qu'il nous est physiquement impossible de remplir. Les levées extraordinaires d'argent qui, depuis 1795, ont été faites en Batavie, ont donné à cette contrée plutôt la physionomie d'un pays asservi et livré aux horreurs d'un pillage organisé, que celle d'une nation libre et indépendante, protégée et garantie par un allié formidable et magnanime. L'épuisement général qui devoit être, et qui est effectivement la suite de ces exactions, nous oblige, citoyen premier consul, de vous inviter à vouloir bien concerter avec nous des moyens plus équitables, plus doux, et surtout plus analogues à notre position, pour prévenir la ruine totale de notre patrie, pour la mettre à même de soutenir honorablement cette guerre, d'en supporter raisonnablement les frais, et pour la préparer enfin à être toujours la plus utile alliée de la France.

Une des mesures les plus propres 'à atteindre ce but seroit, citoyen premier consul, de nous dégager de la solde et de l'entretien des 18,000 hommes qui sont en Batavie, ainsi que de l'entretien des deux flottilles que nous allons incessamment mettre sous vos ordres : cette diminution dans nos dépenses ne parera pas, le nous savons, à tous les inconvéniens d'un déficit de 40 millions; mais au moins elle soulagera le peuple. Cette idée d'un bienfait actuel lui rendra moins douloureux les derniers sacrifices de la nécessité. Il sera plus résigné en voyant qu'après huit années de peines et de tourmens on lui montre enfin des dispositions plus amies, qu'on cesse de le traiter en peuple tributaire, et qu'on s'occupe véritablement d'adoucir et d'améliorer son sort. Il est

difficile de calculer tout l'effet moral de cette mesure; elle relèvera le courage de nos concitoyens, et leur donnera la patience d'attendre les nombreuses réductions que nous ne pouvons réaliser qu'à la paix.

Voilà, citoyen premier consul, les moyens provisoires que nous soumettons à votre haute sagesse ; eux seuls peuvent sauver une nation respectable et intéressante. Ces moyens sont en votre puissance; ils ne dépendent que de votre volonté. Nous osons donc croire que le premier consul ne dédaignera pas cette gloire de sauveur de petits états; elle est digne de son cœur; et nous sommes bien sûrs qu'il ne voudra pas arracher cette belle page de son histoire. Si cependant nous étions trompés dans notre unique et plus légitime espérance; s'il étoit possible qu'un grand homme fût sourd et insensible à la voix de la vérité, de l'amitié et du malheur, le gouvernement batave, libre de craintes et de reproches, attendroit le fatal événement avec tout le calme de la résignation. Mais sa conscience lui commandant alors de respecter les misérables débris des fortunes abîmées de ses concitoyens, il déclare hautement que nulle puissance sur la terre ne pourroit le forcer à continuer plus long-temps un système de dépenses qui ne s'est souteuu jusqu'ici que par les emprunts forcés, portant plutôt le cachet d'exécutions militaires que celui d'une administration sage et paternelle. Il lui seroit d'autant plus impossible de se prêter à être encore l'instrument de ces dépenses, que, ne pouvant plus être justifiées par le motif sacré du maintien de la patrie, elles réduiroient gratuite

ment le peuple à l'ignominie et à l'opprobre de la mendicité.

Le gouvernement batave ne se fait point illusion sur les suites que pourroit avoir la détermination qu'il a prise, dans le cas où la démarche solennelle que lui prescrit aujourd'hui le plus impérieux des devoirs ne produiroit pas le succès qu'il a le droit d'en espérer. Cette détermination est bien méditée, bien réfléchie, et il l'annonce avec toute la fermeté que le dernier excès du malheur inspire à des ames fortes, sensibles et indépendantes. Rien ne peut ajou, ter aux horreurs de la situation présente; il fauț absolument que cette longue crise cesse " parce qu'elle est devenue intolérable. Jusqu'ici la nation batave a porté la patience jusqu'à l'héroïsme; elle a tout souffert, tout perdu; il ne lui reste plus que sa vieille réputation d'honneur, de sagesse et de probité; et, certes, elle ne la compromettra jamais. Si, oubliant toutes les lois de la délicatesse et de la pudeur; si, parjure aux plus honorables souvenirs, le gouvernement batave étoit assez coupable pour ravir à ses concitoyens leurs dernières ressources, il joueroit le rôle d'un débiteur sans foi, qui accumule tous les jours ses dettes avec la certitude de ne pouvoir jamais les acquitter. Un tel rôle lui mériteroit l'exécration de ses contemporains, le mépris de la posté rité; et il seroit indigne de l'estime de Buonaparte, s'il avoit la bassesse de s'en charger.

Traité de paix de Gand, du 24 décembre 1814, entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis d'Amérique.

férends entre les

Anglois et les

Les différends entre la Grande-Bretagne et les Origine des difÉtats-Unis d'Amérique, qui firent naître la Américains. guerre en 1812, remontent jusqu'à l'année 1806. Les Anglois accusoient les Américains de prêter leur pavillon aux François, aux Espagnols et aux Hollandois, pour soustraire les productions des colonies de ces peuples aux armateurs anglois qui couvroient toutes les mers. La GrandeBretagne avoit d'abord autorisé le commerce qui, par la suite, donna lieu à cet abus. Une décision de l'avocat-général, du 16 mars 1801, que lord Hawkesbury communiqua officiellement, le 11 avril suivant, à M. Rufus King, ministre des États-Unis à Londres, déclare

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qu'il est maintenant clairement entendu que les productions des colonies de l'ennemi peuvent être introduites par un neutre dans son propre pays, et de là réexportées, même à la métropole de ces colonies..... Le débarquement des marchandises et le payement des droits dans le pays neutre rompent la continuité du voyage, et constituent une introduction qui légalise le commerce, quand même les marchandises sont rembarquées sur le même na

vire et pour le compte du même propriétaire neutre, et expédiées à la métropole pour y être vendues 1. >>

Ces principes furent suivis pendant quelques années; car un ordre du conseil britannique, du 24 juin 1803, enjoignit aux commandans de vaisseaux de guerre et aux armateurs de ne saisir aucun bâtiment neutre employé au commerce direct entre les colonies de l'ennemi et le pays neutre auquel le bâtiment appartenoit, pourvu que la cargaison fût la propriété d'un habitant de ce pays. Lorsque les tribunaux anglois pratiquoient cette jurisprudence, qui procura aux Américains l'expédition de toutes les denrées coloniales des ennemis de la GrandeBretagne, ils ignoroient les circonstances qui rendoient illusoires, et l'importation de ces denrées dans un port des États-Unis, et le

1 Nous trouvons même qu'en 1801, cette faveur s'étendoit encore aux marchandises ennemies portées d'Europe dans les colonies ennemies, après avoir fait une station dans les Etats-Unis. Une sentence de la cour de la viceamirauté, du 20 octobre 1800, avoit condamné le brigantin américain Léopard, chargé de vins de Malaga, qui avoient été introduits dans les États-Unis, mais que ce navire alloit porter dans les colonies espagnoles. M. King ayant réclamé, le 13 mars 1801, contre cette sentence, lord Hawkesbury demanda l'avis de l'avocatgénéral de la couronne; celui-ci improuva le procédé du tribunal, et lord Portland ordonna, le 20 mars, aux commissaires de l'amirauté, de se conformer à l'avenir à la décision de l'avocat-général.

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