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ministre comte de Goltz publia une proclamation par laquelle, conformément au système continental, tous les rapports avec la Suède furent rompus, et tous les ports prussiens fermés aux bâtimens suédois; on interdit même l'entrée aux neutres venant des ports de Suède '.

Le gouvernement prussien fut forcé de prononcer, par son ordonnance du 9 mars 1810, la confiscation contre toutes les denrées coloniales trouvées sur un navire qui viendroit d'un port européen quelconque, ou de tout pays ou de toutes colonies des Indes orientales ou

1 Voici la déclaration par laquelle le roi de Suède répondit à celle de la Prusse :

« Nous, Gustave, etc., savoir faisons que S. M. le roi de Prusse nous a déclaré que toute espèce de communication entre ses états et la Suède est interrompue, et qu'en conséquence tout commerce et toute navigation à des ports suédois sont sévèrement interdits, et que dorénavant tous les ports prussiens sont fermés aux vaisseaux suédois. Ce procédé n'a été nullement provoqué de notre part; ledit gouvernement, subjugué par la tyrannie françoise, offre une nouvelle preuve de l'oppression à laquelle doivent se soumettre tous les états qui entretiennent quelque liaison avec le gouvernement françois. Une infortunée lassitude, en empêchant la Prusse de résister quand il en étoit temps encore, l'a placée dans la malheureuse situation où elle est maintenant, gémissant sous la domination de la France, dont les armées continuent d'occuper une partie considérable des restes de cette monarchie, malgré la conclusion de la paix. »

occidentales avec lesquels la France n'auroit aucune relation amicale ou commerciale 1.

Par l'ordonnance du 19 juillet 1810, les ports de la Prusse furent fermés aux navires des ÉtatsUnis d'Amérique ; et comme le roi crut au moins, par une déclaration du 5 août suivant, pouvoir modifier un peu l'effet rétroactif de cette mesure, il se vit contraint, par une réquisition du gouvernement françois, de retirer, le 1 novembre, une modification si juste 2.

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Il fut enfin obligé d'adopter, le 10 octobre 1810 3, le fameux impôt continental que Buonaparte établit, par son tarif de Trianon du 5 août 1810, et d'exécuter, le 28 octobre 18104, cette ordonnance extravagante du 19 octobre, en vertu de laquelle les souverains du continent de l'Europe furent obligés de livrer aux flammes les propriétés que leurs sujets avoient achetées des Anglois. Tout-à-l'heure nous suivrons Buonaparte dans la série des actes atroces ou insensés qu'il commit depuis la paix de Tilsit Ici nous devons relever un fait particulier à la Prusse.

Berlin du 28 juin

1811.

Pendant l'été de 1810, un grand nombre de Convention de navires chargés de denrées coloniales avoit été attiré dans la Baltique par l'espoir de tromper la vigilance des gardes-côtes, et de trouver

Voy. MARTENS, Recueil, T. XII, p. 489.
Ibid., p. 514.

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quelque moyen de débarquer leurs marchandises. Buonaparte somma la Prusse, non de redoubler d'attention pour empêcher ces navires de se glisser dans ses ports, mais plutôt d'en favoriser l'entrée, puis de les saisir, de les confisquer et de tenir leurs cargaisons en nature à la disposition de la France, qui en déduiroit la valeur de la contribution de guerre que la Prusse devoit encore. A la suite d'une longue négociation, le cabinet prussien fut obligé de signer, le 28 janvier 1811, une convention avec le chargé d'affaires de France. Par cet acte, tous les navires chargés de denrées coloniales, mis sous le séquestre dans les ports prussiens, étoient vendus par la Prusse à la France, d'après une estimation particulière. Les détails de cette transaction ne sont pas encore bien connus.

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Cependant rien n'importoit tant à la Prusse d'achever le payement de ses contributions pour recouvrer ses places fortes et son indépendance. Ayant, dans le courant de l'année 1811, payé la moitié des contributions et les intérêts de ce qui restoit dû, le gouvernement prussien réclama, en vertu des conventions, la restitution de Glogau; mais il fut obligé de consentir, le 24 février 1812, à une convention qui laissa les trois places entre les mains des François. Nous parlerons ailleurs de cette convention, et de la part que la Prusse se vit dans le cas de prendre à la guerre contre

la Russie. Il nous suffit d'avoir tracé ici un tableau rapide des injustices que la Prusse a éprouvées de la part de la France depuis la paix de Tilsit.

Origine du système continental.

SECTION IV.

Système continental et autres conséquences immédiates de la paix de Tilsit.

LA ruine de la monarchie prussienne devoit nécessairement entraîner la perte de l'indépendance du nord de l'Allemagne, et opérer à la longue une révolution rétrograde dans les mœurs, les lumières et les sciences. Cet avenir se présentoit en perspective aux patriotes éclairés; mais le vulgaire, qui ne s'occupe que du présent, étoit moins frappé de cette crainte qu'il ne souffroit d'un résultat immédiat que la paix de Tilsit avoit produit, et qui, en imposant aux habitans d'une grande partie de l'Europe des privations pénibles, sans leur offrir aucun dédommagement, détruisoit la fortune des uns sans enrichir les autres, et prolongeoit pour les peuples les maux de la guerre bien au-delà de la signature de la paix. Le projet d'une monarchie universelle, masqué sous le titre de système fédératif de l'Europe, fut mûri dans la tête de Buonaparte à l'époque de la paix de Presbourg. Celle de Tilsit engendra le système continental. Après l'avoir nommé plusieurs fois dans le cours de ce chapitre, nous croyons devoir le développer ici.

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