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magne, et très-recommandable par ses travaux, quoique ses symboles servent souvent de masque à l'intrigue et à la charlatanerie.

On dit que plusieurs hommes de lettres de Koenigsberg, affligés des maux qui désoloient leur patrie depuis quelques années, et les regardant comme une suite de la corruption des mœurs qui, après avoir envahi tous les états, avoit étouffé le véritable patriotisme, et produit dans l'armée de Prusse l'indiscipline, et dans la nation le découragement, concurent le projet de recréer un esprit public et de ranimer cet amour de la patrie, qui rend capable des plus grands efforts. Une union intime entre les hommes capables de donner aux autres l'exemple des sacrifices qu'exigeoit la délivrance de la patrie, leur parut le meilleur moyen pour acquérir une influence salutaire sur la masse des peuples. Ils pensèrent que si les hommes de bien, assez courageux pour se dévouer à une cause si méritoire, unissoient leurs travaux, et concertoient leurs efforts, pour atteindre ce but, une telle réunion de forces et d'exemples produiroit une révolutiou salutaire dans le caractère du peuple. Néanmoins, comme il y avoit peu de bien à espérer de la génération actuelle, élevée dans la mollesse et énervée par la corruption, il fut nécessaire de remonter à la source du mal, et de changer l'éducation physique et morale des générations futures. En conformant ce plan aux vues sages du

gouvernement, on vouloit ainsi préparer une réforme insensible, quoique complète : l'amour de la patrie et l'attachement pour le monarque étoient les principaux mobiles d'une société, qui devoit être un instrument dans les mains du gouvernement. Aussi le dévouement pour la cause du souverain légitime, et pour le maintien de l'indépendance nationale, fut-il le premier devoir que s'imposèrent les sociétaires.

Le réglement de la société, qui prît le titre d'Union morale et scientifique, obtint l'approbation du roi, à condition qu'elle resteroit étrangère à la politique. Telle fut une institution dont les fondateurs poursuivirent peut-être une chimère, mais qui ne mérite certainement que des éloges 1.

Cependant, à la même époque se forma, dit-on, sous les auspices du duc de Brunswick-Oels, et peut-être par la protection d'un autre souverain détrôné, une autre société qui se proposa un but purement politique, Guillaume, troisième fils du dục de Brunswick, mort des blessures qu'il avoit reçues à la bataille de Jéna, avoit été destiné à succéder à son père, ses deux frères, plus âgés que lui, ayant renoncé à leurs droits; mais Buonaparte l'avoit dépouillé de l'héritage

On peut consulter sur cette société les lettres II et III du Vol. I du Correspondant. Paris, 1817, in-8°, chez Gide fils. L'auteur de ces lettres paroît ne pas connoître cette autre société qui s'est, dit-on, amalgamée avec celle-là.

des Guelfes. Dans la retraite où il vivoit depuis la paix de Tilsit, dans sa principauté d'Oels en Silésie, qu'il avoit obtenue en 1805, à la mort de son oncle, il conçut l'idée de réunir en une société un certain nombre d'hommes assez hardis pour entreprendre de le rétablir dans la possession de ses états, et l'électeur de Hesse-Cassel dans celle de son électorat. Pour y réussir, il falloit renverser la confédération du Rhin, et expulser d'Allemagne les François auxquels Guillaume avoit voué une haine mortelle. Ces deux entreprises furent le but de cet ordre. Il comptoit, dit-on, parmi ses membres beaucoup d'officiers prussiens. Plusieurs d'entre eux appartenoient à l'association morale de Koenigsberg, qui avoit formé des affiliations dans toutes les villes de la monarchie. Ce fut par ces membres que les deux sociétés se confondirent, et que le Tugendbund se voua à l'exécution d'un plan politique qui étoit bien éloigné des vues de ses fondateurs; mais ce fut aussi l'époque de sa décadence, parce que l'extension de ce plan ouvrit la porte à beaucoup de ces prétendus réformateurs dont l'Allemagne abonde, et que n'a pu corriger l'exemple de la révolution francoise, si toutefois ce grand bouleversement n'est pas précisément l'objet de leur admiration, et le renversement des trônes, le but véritable auquel ils tendent.

Bientôt après son retour à Berlin, le roi de Prusse, jugeant que cet ordre dégénéré pouvoit

compromettre la tranquillité de l'état, eut la sagesse de borner ses mesures prohibitives à un ordre adressé aux fonctionnaires publics et aux officiers de l'armée de sortir de cette association. Par leur retraite, l'ordre perdit ses membres les plus distingués. Si depuis il a continué d'exister, comme quelques patriotes le prétendent, c'est dans les ténèbres; son but légitime ayant cessé d'exister, on ne doit plus regarder une telle société que comme une association criminelle.

Lorsque la maison d'Autriche commença ses préparatifs contre la France, elle conclut avec le duc de Brunswick une convention par laquelle il fut reconnu en sa qualité de prince d'Empire, et s'engagea à lever, à ses propres frais, un corps de 2000 hommes. Nachod et Braunau en Bohème, situés sur les frontières de la Silésie, dans laquelle se trouvoient beaucoup de soldats licenciés, furent assignés au duc pour lieu de rassemblement de son corps. Lorsqu'ensuite le roi de Prusse, pour maintenir sa neutralité, prit des mesures contre les recrutemens étrangers, on assigna au duc un des points situés sur les frontières de la Saxe. La réputation de bravoure et d'affabilité dont jouissoit le prince lui attirèrent beaucoup de monde. Son corps fut bientôt complet; il lui inspira une partie de son courage et de l'esprit de vengeance dont il étoit animé. L'uniforme de ce corps, uniquement composé de cavalerie, avoit été choisi

tel, que son aspect frappoit de terreur : il étoit noir,et sur leurs bonnets ces soldats portoient des têtes de mort. Comme chef d'ordre, le ducavoit des affidés dans toutes les parties de l'Allemagne, Ce fut par leur moyen qu'il tenta d'exécuter des révolutions partielles.

La guerre n'avoit pas encore été déclarée qu'un ancien capitaine prussien, nommé Katt, se mit à la tête de quelques aventuriers, entra dans la Vieille-Marche, s'empara des caisses du gouvernement westphalien, qu'il rencontra sur son chemin, et tenta un coup de main sur Magdebourg; n'ayant pas réussi dans cette tentative, il se retira auprès du duc de Brunswick,

Peu de temps après, un colonel de la garde de Jérôme Buonaparte, nommé Doerenberg, organisa une émeute, et faillit à s'emparer de la personne de celui qu'il étoit appelé à protéger, Un troisième aventurier, mais homme doué de beaucoup de bravoure et de vertus civiques, imagina une entreprise plus vaste et plus hardie: nous voulons parler du major Schill. Cet officier prussien s'étoit distingué dans la dernière guerre. Les papiers de Doerenberg, que la police westphalienne avoit saisis, firent voir que les projets de soulèvement ne se bornoient pas à la ville de Cassel et au royaume de Westphalie. On décou vrit que le major Schill y avoit pris une part active, et le ministre de Jérôme Buonaparte à Koenigsberg le dénonça au roi, comme impliqué dans la conspiration. Schill fut promptement

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