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généreuse envers la monarchie, envers le souverain, envers la capitale ; elle pouvoit garder ses immenses conquêtes; elle en rendit la plus. grande partie. L'empire d'Autriche exista de nouveau. La couronne fut raffermie sur la tête de son monarque. L'Europe ne vit pas, sans étonnement, cet acte de grandeur et de générosité.

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« V. M. n'a pas recueilli le tribut de reconnoissance qui lui étoit dû. L'empereur d'Autriche a bientôt oublié ce serment d'une amitié éternelle à peine rétabli sur son trône, égaré sans doute par des conseils trompeurs, il n'a eu d'autre vue que de réorganiser ses moyens de force, et de se préparer à une nouvelle lutte pour le moment où elle pourroit être soutenue avec avantage. La guerre contre la Prusse fit promptement connoître ces dispositions malveillantes. L'Autriche se hâta de réunir ses armées en Bohème : mais la victoire d'Iéna vint déconcerter ses projets. Encore foible manquant d'hommes, de canons, de fusils, elle remit à un autre temps l'exécution de ses vues hostiles. >>

Il seroit inutile de suivre le ministre de France dans son rapport. Il prouve très-bien ce qui, aux yeux de tout homme impartial, ne peut pas être douteux; savoir, que l'Autriche avoit, depuis la paix de Presbourg, préparé les moyens de se débarrasser de ce traité, et de reprendre son ancien rang dans le système politique de

Cinquième coalition.

l'Europe, et que, voyant Buonaparte occupé en Espagne, elle avoit pensé que le moment d'éclater étoit arrivé. Le ministre ne manque pas de rappeler la phrase du message du roi d'Angleterre, du 15 décembre 1808, qui avertissoit presque la France des préparatifs de l'Autriche: mais, en la citant, il a grand soin de la tronquer. Le soupçon manifesté dans ce message, que l'offre de paix, partie d'Erfurt, n'ait eu d'autre motif qne de paralyser les efforts de l'Autriche, est prudemment supprimé, et cette suppression même fait penser que le soupçon n'étoit pas sans fondement 1.

C'est ici qu'on demande naturellement: quelle espèce de concert a existé, en 1809, entre l'Autriche et la Grande-Bretagne ? Les documens qui ont été publiés ne nous mettent pas en état de répondre à cette question. On trouve dans l'ordre du jour de l'archiduc Charles, du 6 avril, que nous avons cité, cette phrase: «Bientôt des troupes étrangères, intimement unies à nous, combattront l'ennemi commun: braves compagnons, vous les recevrez et honorerez comme vos frères; ce n'est pas la jactance qui honore le militaire; ce sont les faits. Vous montrerez, par la bravoure, que vous êtes les meilleurs soldats. » Quelles sont les troupes étrangères dont l'archiduc annonce l'arrivée? Le caractère de ce prince ne permet

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pas de regarder cet avertissement comme une de ces fanfaronades qu'on s'est quelquefois permises pour entretenir l'illusion des peuples. Il faut qu'au moins il y ait eu quelques négociations qui aient autorisé l'espoir d'un secours étranger; il paroît même que les troupes qu'on attendoit n'étoient pas celles qui jouissoient d'une grande réputation militaire, puisque l'archiduc recommanda aux siennes de ne pas leur faire sentir leur supériorité. On prétend qu'un rapport autrichien, daté de Wolkersdorff le 18 juin, dit que les étrangers qu'on attendoit étoient, outre les Anglois, des troupes musulmanes. Nous n'avons pu nous procurer ce rapport, cité, par quelques écrivains; ainsi nous ignorons quel degré de croyance il mérite. On sait bien, et nous en avons fait l'observation, que le cabinet de Vienne étoit, au commencement de 1809, en bonne intelligence avec le divan de Constantinople, et que l'internonce impérial contribua à la réconciliation entre la Porte et l'Angleterre ; mais on n'a aucune donnée sur des négociations qui auroient eu lieu, afin d'engager les Ottomans à fournir des secours à l'Autriche. Cependant le manifeste autrichien dont nous avons parlé renferme un passage qui, quoique peu clair par lui-même, jette cependant quelque jour sur les négociations qui eurent lieu à cette époque entre l'Autriche et la Porte. Il y est question d'une proposition faite au cabinet de

Campagne de 1809 sur le Danube.

Vienne par Buonaparte, et tendante à partager l'Empire Ottoman. Si cette proposition a été faite en effet, on ne peut douter que le cabinet de Vienne n'en eût instruit le divan.

Quant à la Grande-Bretagne, nous parlerons bientôt de la malheureuse expédition de Walcheren, par laquelle elle tenta de faire une diversion en faveur de l'Autriche. Il paroît qu'il n'y eut pas d'alliance entre les cours de Vienne et de Londres; que chacune d'elles agit isolément contre l'ennemi commun, et qu'il n'y eut pas de concert, si ce n'est qu'on se communiquoit peut-être ses projets. C'est donc improprement qu'on a nommé la guerre de 1809 la cinquième coalition. Il est vrai que la Grande-Bretagne agit dans cette guerre comme l'alliée de l'Espagne, du Portugal et de la Sicile, mais elle ne fut pas celle de la puissance qui y joua le principal rôle. Il est très-probable cependant que la coalition auroit eu lieu, si la campagne s'étoit prolongée de quelques mois, et si le cabinet de Londres n'avoit détruit, par une expédition entreprise dans des vues intéressées et mal combinées, la confiance que les autres puissances avoient en ses ressources.

Le roi de Bavière quitta sa capitale à l'approche des Autrichiens. Ceux-ci forcèrent, le 16 avril, le passage de l'Iser, et entrèrent le même jour dans Munich. Le 17, Buonaparte arriva à Donawerth; le 18, il eut son quartier-général à Ingolstadt, où les divers corps

françois se réunirent. Un combat sanglant fut livré à Tann le 19. Les deux partis s'attribuè→ rent la victoire, mais les troupes françoises réussirent à effectuer leur réunion avec les Bavarois. Buonaparte ayant sous ses ordres le maréchal Lannes, avec les Bavarois et les Würtembergeois, marcha contre l'archiduc Louis et Hiller, les battit, le 20, à Abensberg, et les coupa de l'armée du généralissime. Celui-ci prit le même jour Ratisbonne, ce qui le rendit maître du Danube et le mit en contact avec le corps de Bellegarde, qui venoit de la Bohème. L'archiduc avança sur la droite du fleuve et prit position à Eckmühl.

Buonaparte avoit suivi l'archiduc Louis et le général Hiller jusqu'à Landshut, où il les battit encore une fois le 21. Laissant au maréchal Bessières le soin de poursuivre les fuyards, luimême marcha contre l'archiduc Charles, et lui livra, le 22 avril, à Eckmühl, une bataille décisive. Les Autrichiens se retirèrent à Ratisbonne. Ils furent forcés le lendemain dans cette ville, qui fut le théâtre d'un combat meurtrier, et devint en grande partie la proie des flammes. L'archiduc se retira par le HautPalatinat, allant à la rencontre de Bellegarde, et Buonaparte résolut de ne pas l'inquiéter dans cette marche, mais de tourner toutes ses forces contre le centre de la monarchie autrichienne.

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