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gères, permette aux peuples de l'empereur de jouir en repos des bienfaits d'une administration paternelle, et lui permette à lui-même de jouir du bonheur de ses peuples.

« L'Autriche veut une tranquillité, au moyen de laquelle S. M. puisse soulager enfin ses sujets du fardeau des impôts et d'un état militaire disproportionné à l'étendue de sa monarchie, mais nécessité par l'attitude permanente d'agression que le cabinet des Tuileries, soutenu de ses alliés, conserve contre elle depuis la paix de Presbourg. Qu'une telle paix et qu'une telle tranquillité soient donc assurées, qu'elles soient garanties par l'établissement d'un ordre de choses, basé sur les principes de l'indépendance politique, et les vœux du cabinet de Vienne seront remplis.

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l'Autriche

Indépendamment de cette déclaration minis- Manifeste de térielle, la cour de Vienne publia, quelque temps après, un manifeste plus détaillé, qu'on peut regarder comme le commentaire de la première. Nous allons en extraire quelques passages qui peuvent jeter du jour sur la politique de ce temps 1.

L'empereur Napoléon avoit arrêté que sa guerre contre la Grande-Bretagne seroit la cause commune de tout le continent, que la haine qu'il avoit vouée au gouvernement britannique deviendroit le prin

On trouve ce manifeste dans mon Recueil de pièces officielles, Vol. IX, p. 261.

cipe de tous les souverains, et que les vexations que, dans son désir de nuire à l'Angleterre, il exerçoit contre l'industrie commerciale de chaque pays accessible à ses armes ou à ses décrets, serviroient de règle à tous les gouvernemens. Pour n'avoir pas assez complétement obéi à ce système jusqu'alors inconnu, la maison de Bragance fut précipitée du trône de Portugal. A la même époque, le cabinet des Tuileri es demanda formellement à S. M. 1. de cesser toutes ses relations avec le gouvernement anglois; et, pour tout argument, il lui présenta l'alternative ou de se rendre sur-le-champ à cette proposition, ou de se préparer à une rupture immédiate avec la France.

Déjà, par les mesures arrachées à l'empereur en 1806, par l'exclusion du pavillon britannique, par la fermeture de tous les ports du continent, exécutée en vertu des ordres suprêmes de l'empereur Napoléon, le commerce des états autrichiens se trouvoit sensiblement paralysé. La nouvelle mesure exigée par la France devoit porter le mal à son comble; et les suites en effet n'en furent que trop pernicieuses. Sous des rapports d'un ordre plus élevé, le sacrifice que, dans ce moment difficile, S. M. crut devoir faire au maintien de sa tranquillité, n'étoit pas d'une moindre importance. Ce sacrifice brisoit un des liens les plus essentiels qui, jusque-là, avoient cimenté les intérêts communs des différentes puissances de l'Europe; il détruisoit toutes les communications; il diminuoit les moyens de défense de ceux des états indépendans qui avoient encore conservé des ressources; il achevoit le découragement des autres; enfin, les motifs d'animosisé, motifs entièrement étrangers à l'Autriche, qui avoient concouru à le faire exiger,

le rendoient encore plus pénible à l'empereur. Aussi, en consommant ce sacrifice, S. M. sentit plus vivement que jamais combien il lui seroit difficile de fixer, aux condescendances que lui prescrivoit son amour pour la paix, des limites quelconques qui pussent arrêter enfin les prétentions toujours croissantes du gouvernement françois.

Après cette tirade, le manifeste fait allusion à une transaction que l'on ne connoît absolument que par le peu de mots que cette pièce en

dit; les voici:

Peu de temps après, les vastes projets de ce gouvernement se développèrent sous une forme nouvelle, et en apparence moins hostile pour l'Autriche. On fit à S. M. I. des insinuations tendantes à dissoudre un grand empire voisin et à en partager d'avance les dépouilles; insinuations d'autant plus inattendues pour S. M., qu'elles lui venoient de la part d'un cabinet qui n'avoit jusque-là négligé aucune occasion pour proclamer la conservation de ce même empire comme une des bases de son système politique. L'entreprise proposée renfermoit en elle un principé d'injustice si révoltant, que ce seul motif eût suffi pour en détourner l'empereur; mais une saine politique et le véritable intérêt de sa monàrchie lui défendoient également d'y concourir. L'aug mentation de territoire qui auroit pu en revenir à S. M. ne lui auroit paru qu'un avantage illusoire, tandis qu'un résultat plus réel et plus certain auroit été l'admission d'une armée françoise dans l'intérieur de ses états.

On ne peut douter qu'il ne soit question ici de l'empire ottoman. Le partage de cet empire

L'Autriche ap

pelle aux armes

ples de l'Alle magne.

auroit-il été un des objets des conférences d'Erfurt?

Enfin nous croyons devoir encore insérer ici un passage de ce manifeste qui nous paroît intéressant, parce qu'il indique qu'avant de se décider à la guerre, l'Autriche avoit balancé entre ce parti et celui d'un rapprochement qui auroit changé tous les rapports où elle se trouvoit à l'égard de Buonaparte. Ce passage explique d'avance comment, après avoir succombé dans la guerre, l'Autriche subilement à un syspassa tème tout opposé, en concluant avec l'usurpateur un lien qui pouvoit affermir sa domination :

Il y avoit même eu des momens où elle ne s'étoit pas éloignée de l'idée de fixer ses relations avec la France, de consolider et de garantir sa propre sûreté et celle de ses voisins par le lien de quelque nouveau traité; projet inexécutable, puisque, loin de favoriser les vues de l'empereur Napoléon, il n'auroit fait que les entraver et les déranger.

Le 6 avril, l'archiduc Charles publia un ordre Les différens peu du jour qui fit connoître à l'armée sa destination. Le 8, l'empereur Francois annonça l'objet de la guerre à ses peuples. Le même jour le généralissime publia un appel à la nation allemande. Ce fut la première fois que l'Autriche essaya d'un moyen dont les révolutionnaires françois avoient tant abusé, celui de

'On trouve ces trois pièces dans mon Recueil de pièces officielles, Vol II, p. 455; 459; 461.

s'adresser aux peuples, sans l'intermédiaire des gouvernemens. Il paroît que l'effet produit en Espagne par les proclamations énergiques des juntes et des généraux, avoit inspiré au cabinet de Vienne l'idée d'imiter cet exemple. Indépendamment de quelques pièces anonymes, quoique publiées sous l'autorité publique, on vit successivement paroître une proclamation du général Rosenberg, aux Bavarois; une autre du général Radivojevics aux habitans de la principauté de Bayreuth; celle du général Am-Ende, publiée en Saxe; une proclamation de l'archiduc Jean aux Italiens; celle de l'archiduc Ferdinand aux peuples du duché de Varsovie. Toutes ces pièces appeloient les peuples à l'insurrection, sans le concours des gouvernemens: tentative dangereuse , parce que s'il étoit vrai que tous ces peuples se trouvoient sous le joug françois, il étoit vrai aussi que leurs souverains étoient les alliés de la France. Les changemens de maîtres que ces pays avoient éprouvés, étoient consacrés par des traités, et avoient été annoncés aux habitans par leurs souverains légitimes. Au reste, ce fut en vain que les proclamations autrichiennes s'adressèrent aux Allemands, et parlèrent des intérêts de l'Allemagne. Il n'existoit plus d'Allemagne, si ce n'est dans un sens géographique. Depuis long-temps les habitans de ce pays n'avoient plus d'intérêts communs; il régnoit des haines héréditaires et des jalousies

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