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d'y ajouter tous les éclaircissemens qu'elle pourra désirer. Je la prie de lui accorder la même bienveillance avec laquelle elle a bien voulu le recevoir à Paris et à Varsovie. Les nouvelles marques qu'elle lui en donnera me seront un gage non équivoque de l'entière réciprocité de ses sentimens, et elles mettront le sceau à cette entière confiance qui ne laissera rien à ajouter à la satisfaction mutuelle.

Veuillez agréer l'assurance de l'inaltérable attachement et de la haute considération avec laquelle je suis,

Monsieur mon frère,

De V. M. I. et R., le bon frère et ami,

Signé FRANCOIS.

Voici la réponse que Buonaparte fit à cette Lettre de Buolettre, le 14 octobre 1808:

Monsieur mon frère, je remercie V. M. I. et R. de la lettre qu'elle a bien voulu m'écrire, et que M. le baron de Vincent m'a remise. Je n'ai jamais douté des intentions droites de V. M.; mais je n'en ai pas moins craint un moment de voir les hostilités se renouveler entre nous. Il est à Vienne une faction qui affecte la peur pour précipiter votre cabinet dans des mesures violentes qui seroient l'origine de malheurs plus grands que ceux qui ont précédé. J'ai été le maître de démembrer la monarchie de V. M., ou du moins de la laisser moins puissante : je ne l'ai pas voulu. Ce qu'elle est, elle l'est de mon vœu : c'est la plus évidente preuve que nos comptes sont soldés, et que je ne veux rien d'elle. Je suis toujours prêt à garantir l'intégrité de sa monarchie. Je ne ferai jamais rien contre les principaux intérêts de ses états.

naparte à l'empereur d'Autriche, du 14 ociobie 1808.

discussion ce que

remettre en pas

eu

Mais V. M. ne doit quinze ans de guerre ont terminé ; elle doit défendre toute proclamation ou démarche provoquant la guerre. La dernière levée en masse auroit produit la guerre, si j'avois pu craindre que cette levée et ces préparatifs fussent combinés avec la Russie. Je viens de licencier les camps de la confédération; cent mille hommes de mes troupes vont à Boulogne pour renouveler mes projets sur l'Angleterre. Que V. M. s'abstienne de tout armement qui puisse me donner de l'inquiétude et faire une diversion en faveur de l'Angleterre. J'ai dû croire, lorsque j'ai le bonheur de voir V. M. et que j'ai conclu le traité de Presbourg, que nos affaires étoient terminées pour toujours, et que je pourrois me livrer à la guerre maritime, sans être inquiété ni distrait. Que V. M. se méfie de ceux qui, lui parlant des dangers de sa monarchie, troublent ainsi son bonheur, celui de sa famille et de ses peuples. Ceux-là seuls sont dangereux; ceux-là seuls appellent les dangers qu'ils feignent de craindre. Avec une conduite droite, franche et simple, V. M. rendra ses peuples heureux, jouira elle-même du bonheur dont elle doit sentir le besoin après tant de troubles, et sera sûre d'avoir en moi un homme décidé à ne jamais rien faire contre ses principaux intérêts. Que ses démarches montrent de la confiance, elles en inspireront. La meilleure politique aujourd'hui, c'est la simplicité et la vérité : qu'elle me coufie ses inquiétudes, lorsqu'on parviendra à lui en donner : je les dissiperai sur-le-champ. Que V. M. me permette un dernier mot : qu'elle écoute son opinion, son sentiment: il est bien supérieur à celui de ses conseils.

Je prie V. M. de lire ma lettre dans un bon sens, et de n'y voir rien qui ne soit pour le bien et la tranquillité de l'Europe et de V. M.

ration du Rhin à

Les démarches de l'Autriche convainquirente la confédé tellement Buonaparte de ses intentions paci-desarmer. fiques, qu'il écrivit, avant de répondre même à l'empereur Francois, la lettre suivante aux rois de la confédération du Rhin, ainsi qu'au grand-duc de Bade et au prince-primat :

Erfurt, le 12 octobre 1808.

Monsieur mon frère, les assurances données par la cour de Vienne que les milices étoient renvoyées. chez elles, et ne seroient plus rassemblées, qu'aucun armement ne donneroit plus d'inquiétude pour la frontière de la confédération; la lettre ci-jointe, que je reçois de l'empereur d'Autriche, les protestations réitérées que m'a faites M. le baron de Vincent, et, plus que cela, le commencement de l'exécution qui a déjà lieu en ce moment en Autriche des différentes promesses qui ont été faites, me portent à écrire à V. M. que je crois que la tranquillité des états de la confédération n'est d'aucune manière menacée, et que V. M. est maîtresse de lever ses camps et de remettre ses troupes dans leurs quartiers de la manière qu'elle est accoutumée de le faire. Je pense qu'il est convenable que son ministre à Vienne reçoive pour instruction de tenir ce langage, que les camps seront réformés, et que les troupes de la confédération et du protecteur seront remises en situation hostile toutes les fois que l'Autriche feroit des armemens extraordinaires et inusités; que nous voulons enfin tranquillité et sûreté.

Sur ce, etc., etc.

Signé NAPOLÉON.

Rupture entre J'Autriche 1 la France.

Divers incidens vinrent bientôt troubler la sécurité de Buonaparte. Les intelligences que les agens de l'Autriche en Italie entretenoient avec les Espagnols'; les difficultés que cette cour opposoit à la reconnoissance de Joseph Buonaparte comme roi d'Espagne, tandis que la police de Vienne autorisoit la vente d'une brochure, où le ministre de Ferdinand VII, Cevallos, avoit dévoilé les intrigues employées pour faire tomber ce prince dans le piége; la part que l'internonce de cette puissance à Constantinople prit à la réconciliation entre la Porte et la Grande-Bretagne 1, et surtout le passage du message du roi d'Angleterre à son parlement, du 15 décembre 1808, dont nous avons parlé 2, lui ouvrirent les yeux. Dans les premiers jours de 1809, il adressa, de Valladolid, des circulaires aux souverains de la confédération du Rhin, pour les requérir de compléter leurs contingens et de les rendre mobiles. Lui-même quitta l'Espagne, et arriva à Paris.

Rien ne contrarioit plus les projets de Buonaparte qu'une guerre avec l'Autriche, à l'instant où il espéroit réduire l'Espagne. Il fit une tentative pour l'éviter ; il employa l'intervention du comte de Roumanzoff qui étoit encore à Paris, et par lequel il fit faire à l'ambassadeur d'Au

1 L'histoire de ce différend qui forme un épisode dans celle de la guerre entre la Russie et la Porte, appartient à la troisième partie de cet ouvrage.

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triche la proposition d'un arrangement qui uniroit la France, la Russie et l'Autriche par les liens d'une triple garantie, et qui donneroit à l'Autriche, pour sûreté de l'intégrité de son territoire, la garantie de la Russie contre les entreprises de la France, et celle de la France contre les entreprises de la Russie; la garantie de l'Autriche auroit aussi été acceptée par les deux autres puissances.

Cette proposition n'eut aucun résultat. Il ne s'agissoit pas pour l'Autriche de s'assurer la tranquille possession des états que le dernier traité lui avoit laissés ; elle espéroit que les conjonctures actuelles lui permettroient de briser les conditions onéreuses de ce traité et de rentrer dans l'intégrité de ses possessions. D'ailleurs, le cabinet de Vienne devoit savoir apprécier la valeur de ces garanties qu'on promet facilement, lorsque les conjonctures en font regarder l'effet comme éloigné, et qu'on a tant de moyens de décliner, lorsque la politique a changé. Qui, plus que cette maison, a éprouvé l'insuffisance de ces garanties; elle à laquelle l'Europe entière avoit garanti la Pragmatique sanction de Charles VII?

Voici comment le comte de Stadion, ministre des affaires étrangères, s'exprime dans une lettre qu'il écrivit le 30 mars au comte de Metternich, mais que celui-ci lut pour la première fois dans le Moniteur du 27 juin, parce que le courrier qui la lui portoit avoit été intercepté: «La part que la proposition de M. de Cham

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