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derrière laquelle on organise une milice, comme si la monarchie d'Autriche vouloit épuiser toutes ses ressources pour frapper un grand coup, ou se sauver d'un grand danger. >> Une lettre particulière du même ministre, et de la même date, élève cette question : « Quel but se propose-t-on en inquiétant ainsi une grande partie de l'Allemagne ? Si on veut conserver la paix, et nous n'admettons aucun doute à cet égard, pourquoi ces apparences hostiles? Un des bienfaits de la paix est la sécurité dont elle fait jouir.

Bientôt l'inquiétude de Buonaparte augmenta: «< Que veut votre gouvernement? écrit M. de Champagny le 27 juillet: pourquoi trouble-t-il la paix du continent? Non seulement il arme, mais il prend de ces mesures ex→ trêmes qu'un extrême danger peut seul justifier. Vos princes parcourent vos provinces ; ils appellent le peuple à la défense de la patrie; toute la population, depuis 18 jusqu'à 48 ans, est mise sous les armes; une partie de la milice est appelée à renforcer l'armée active; tout est en mouvement dans la monarchie autrichienne. Partout on dit: Que veut l'Autriche? » Et, sans attendre la réponse, il écrit le 30 juillet : « Arrêtez donc ce mouvement imprimé à la monarchie autrichienne, et dont la guerre sera l'inévitable résultat.» «L'Autriche ne veut, répond M. de Metternich, que se mettre à l'unisson avec ses voisins. Les institutions sociales ont, depuis vingt ans, changé dans la plus

grande partie de l'Europe. Tous les états qui se trouvent en deçà de la frontière de l'Isonzo, de l'Inn et de la Bohème, sont devenus éminemment militaires; tous ont adopté les principes d'une conscription qui englobe la totalité de leur population; la conscription françoise, en un mot, cette institution par laquelle l'empire a fourni tant de ressources, n'est pas seulement mise en exécution dans les deux tiers du continent; elle se trouve former une des bases. premières du pacte social de la constitution de plusieurs nouveaux états, tel que le royaume de Westphalie. Elle vient d'être également introduite dans le duché de Varsovie. La Bavière. se donne une constitution; la conscription y est étendue, contre les idées qui, jusqu'à présent, régirent les anciens états de l'Allemagne, à l'universalité de ses habitans. Toute l'Italie recrute ses armées par la voie de la conscription. En Autriche, la conscription n'est pas, étendue, dans ce moment même, aux classes privilégiées. Il existe chez nous des vices auxquels il a fallu remédier. Notre armée se complétoit anciennement en partie par des hommes. qui arrivoient de l'ancien empire germanique: cette ressource n'existe plus. Le mal devint plus sensible, à mesure que des institutions nouvelles réformèrent le reste de l'Europe. L'état complet de repos, les relations tranquilles et satisfaisantes dans lesquelles se trouve l'Autriche avec toutes les puissances du continent,

lui indiquèrent le moment où, après quinze ans de guerre ou d'agitations, elle pût tourner ses regards vers son intérieur, et où elle pût enfin mettre à exécution les plans conçus et adoptés immédiatement après la paix de Presbourg. » Enfin le comte de Metternich appelle les corps qui ont été organisés par les patentes du mois de juin, une garde nationale sédentaire, dont l'existence permanente indique suf→ fisamment qu'elle n'a pas été instituée dans des vues hostiles.

Au reste, cette même lettre renferme un fait historique qui n'a pas encore été suffisamment éclairci, mais qu'il est important de consigner ici, en attendant que le voile qui le couvre ait été levé : c'est qu'à cette époque il étoit arrivé à Trieste un parlementaire anglois, dépêché par l'amiral Collingwood, commandant des forces angloises dans la Méditerranée, chargé d'une lettre à l'archiduc Charles, par laquelle l'amiral lui offroit une frégate pour le transpor¬ ter en Espagne. On sait qu'une partie des Espagnols avoit conçu l'idée d'offrir le trône à l'archiduc Charles; mais on ne conçoit pas comment un amiral anglois a pu appuyer un tel projet, dès que son gouvernement avoit formellement reconnu Ferdinand VII.

On pense bien que les assurances que M. de Metternich ne cessoit de donner, ne purent tranquilliser le gouvernement françois, qui avoit fait trop de mal à l'Autriche pour croire

à la possibilité d'une réconciliation sincère. Buonaparte, de retour à Paris, donna, le 15 août 1808, une audience solennelle au corps diplomatique. Ce fut à cette occasion, en présence de toutes les autorités, qu'il accabla le comte de Metternich de reproches, relativement aux préparatifs que faisoit sa cour. Il lui parla avec cette impétuosité et avec ce manque de liaison entre les idées, qui le caractérisoient. Nous avons de la peine à croire que la postérité, en lisant le récit de cette scène, soit dans le Moniteur, soit dans la correspondance de M. de Metternich, partage l'admiration que « la conduite noble, loyale, franche, de Buonaparte, observant toutes les convenances, y mettant une entière délicatesse, éloquent autant que sensible, et de cette sensibilité qu'excitent les grands interets de l'humanité, » avoit inspirée à son ministre, qui, pour prévenir ou affoiblir l'impression que la nouvelle de cette incartade devoit produire à Vienne, s'empressa d'en rendre compte lui-même, le 16 août, au général Andréossi, ambassadeur de France à Vienne 1.

Peu de temps après eut lieu l'entrevue d'Erfurt. Il paroît que l'empereur d'Autriche désiroit y assister, mais que choqué de la manière dont l'empereur Alexandre s'expliqua à cet égard, il s'en abstint. On voit aussi par la suite

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Lettre de l'empereur d'Autriche

des dépêches qui ont été publiées, qu'on ne
voulut
pas que le comte de Metternich se ren-
dît à ce congrès.

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Cependant Buonaparte, alarmé des armemens

du 18 septembre de l'Autriche, en faisoit de son côté; il requit

1808.

les princes de la confédération du Rhin de pré-
parer leurs contingens. L'Autriche n'étoit pas
prête; il fallut dissimuler pour laisser à Buona-
parte le temps de s'enfoncer dans les embarras
que la
guerre d'Espagne devoit lui procurer.
L'empereur Francois nomma le baron de Vin-
cent pour aller porter à Buonaparte, rendu à
Erfurt, une lettre ainsi conçue:

Presbourg, le 18 septembre 180S. Monsieur mon frère, mon ambassadeur à Paris m'apprend que V. M. I. se rend à Erfurt, où elle se rencontrera avec l'empereur Alexandre. Je saisis avec empressement l'occasion qui la rapproche de ma frontière, pour lui renouveler le témoignage de l'amitié et de la haute estime que je lui ai vouée; et j'envoie auprès d'elle mon lieutenant-général le baron de Vincent pour vous porter, monsieur mon frère, l'assurance de ces sentimens invariables. Je me flatte que V. M. n'a jamais cessé d'en être convaincue, et que si de fausses représentations qu'on avoit répandues sur des institutions intérieures organiques que j'ai établies dans ma monarchie, lui ont laissé, pendant un moment, des doutes sur la persévérance de mes intentions, les explications que le comte de Metternich a présentées à ce sujet à son ministre, les auront entièrement dissipées. Le baron de Vincent se trouve à même de confirmer à V. M. ces détails, et

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