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nand VII, seroit partie des négociations dans lesquelles S. M. est invitée à entrer. »

Comme le comte Roumanzoff, ministre des affaires étrangères de l'empereur de Russie, se trouvoit à Paris, il répondit directement à cette note le 28 novembre 1808. L'admission au congrès des rois alliés de la Grande-Bretagne, dit-il, ne peut être l'objet d'aucune difficulté; mais on ne peut étendre ce principe jusqu'à admettre des plénipotentiaires de la nation espagnole, ou, comme M. de Roumanzoff les appelle, des insurgés espagnols. Il annonce que son maître a reconnu Joseph Buonaparte, et qu'il ne séparera pas ses intérêts de ceux de son allié Napoléon. Saisissant adroitement l'annonce qu'il n'existoit pas de traité entre la Grande-Bretagne et les Espagnols, il exprime sa satisfaction qu'une diversité d'opinion sur les Espagnols ne pourra pas empêcher l'ouverture du congrès.

Cette note est écrite avec dignité; mais celle du ministre de France nous paroît une des pièces les plus médiocres qui soient sorties du département des affaires étrangères de France. Son auteur n'est pas encore guéri de la peur qui le tourmentoit, que la démarche de Buonaparte pour la paix ne fût attribuée à foiblesse. Quoique rien dans la note angloise n'indique une telle opinion, M. de Champagny dit : « Les deux. empereurs s'étoient flattés qu'on ne se seroit pas mépris à Londres sur le but de leur démarche.. Le ministère anglois l'auroit-il attribuée à foiblesse et à besoin,

lorsque tout homme d'état impartial reconnoît, dans l'esprit de paix et de modération qui l'a dictée, le caractère de la puissance et de la véritable grandeur? » Bientôt comparant une - nation qui repousse un joug que l'usurpateur veut lui imposer, à des sujets révoltés contre l'autorité légitime, il demande : « Qu'auroit dit le gouvernement anglois, si on lui avoit proposé d'admettre (au congrès) les insurgés catholiques irlandois? La France, sans avoir de traité avec éux, a eu aussi avec eux des rapports, leur a fait des promesses, et souvent leur a envoyé des secours. » Tel étoit le bouleversement des idées sur la justice que la révolution françoise avoit opéré dans les têtes, que des hommes mêmes, qui s'efforçoient de faire envisager le gouvernement de Buonaparte comme légitime, retomboient sans cesse dans des erreurs que les premières notions du droit réfutent suffisamment.

Les dernières notes de M. Canning sont du 9 décembre. Dans celle qui est adressée à M. de Champagny, il dit : « Il est spécialement ordonné au soussigné, par S. M., de s'abstenir de relever les choses et les expressions insultantes pour S. M., pour ses alliés et pour la nation espagnole, dont abonde la note officielle transmise par M. de Champagny... S. M. est déterminée à ne pas abandonner la cause de la nation espagnole et de la royauté légitime d'Espagne; et la prétention de la France, d'exclure de la négociation le gouvernement

central et suprême agissant au nom de S. M. C. Ferdinand VII, est telle, que S. M. ne pourroit l'admettre sans acquiescer à une usurpation qui n'a rien de comparable dans l'histoire du monde. »

Dans la note adressée à M. de Roumanzoff, M. Canning dit: « S. M. ne peut concevoir par quelle obligation de devoir ou d'intérêt, ou par quel principe de politique russe 1, S. M. I. peut s'être trouvée forcée de reconnoître le droit que s'est arrogé la France, de déposer et d'emprisonner des souverains, ses amis, et de s'attribuer à elle-même la souveraineté de nations loyales et indépendantes. Si tels sont les principes auxquels l'empereur s'est inviolablement attaché, pour le soutien desquels il a engagé l'honneur et les ressources de son empire, et, s'il est uni à la France pour les établir par la guerre et les maintenir dans la paix, S. M. y voit avec un profond regret une détermination d'aggraver et de prolonger les maux de l'Europe. Mais on ne peut lui attribuer d'occasionner la continuation des calamités de la guerre, en faisant évanouir toute

1

C'est ainsi qu'on lit cette phrase dans le Moniteur, Il faut sans doute la remplacer par celle-ci : Par quel principe de la politique russe, etc.

2

Le mot attribuer est celui dont se sert le Moniteur, probablement par euphonie, à la place de celui d'usurper qui se trouve dans l'allemand. Nons n'avons pas trouvé Poriginal de cette note.

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espérance d'une paix incompatible avec la justice et l'honneur. »

Les négociations furent ainsi rompues, et un message du 15 décembre 1808 en donna avis au parlement d'Angleterre. On voit, par cette pièce, qu'indépendamment des raisons développées dans les notes de ses ministres, le gouvernement anglois avoit encore un motif secret pour ne pas faire la paix dans ce moment; c'étoit l'espoir que l'Autriche se déclareroit bientôt contre Buonaparte. Le message y fait allusion par ce passage: « Comme il n'étoit pas possible de parvenir à la paix, l'apparence prolongée d'une négociation ne pouvoit être utile qu'à l'ennemi. Elle auroit donné à la France le moyen de semer la méfiance et la jalousie dans les conseils de ceux qui se sont réunis pour résister à son oppression. Et si parmi les nations sur lesquelles pèse l'alliance de la France', ou parmi celles qui reçoivent d'elle une indépendance douteuse, précaire et incertaine, il y en avoit qui pussent encore rester incertaines sur le choix entre une ruine certaine, résultant d'une inaction prolongée, et les dangers incertains d'un effort, pour échapper à cette ruine, la trompeuse perspective d'une paix entre la Grande-Bretagne et la France ne manqueroit pas d'être extrêmement funeste

'Le Moniteur du 15 décembre 1810 a retranché la phrase imprimée en italique.

à ces nations. Le vain espoir du retour de la tranquillité pourroit ralentir leurs préparatifs, ou leur résolution pourroit être ébranlée par la crainte d'être obligés à continuer seuls la lutte. S. M. penchoit fortement à croire qu'au fond c'étoit là le principal but des propositions qui lui avoient été adressées d'Erfurt. »

gne de 1808 eu

Pendant ces négociations, de nouvelles scènes Seconde campa de guerre s'étoient ouvertes en Espagne. Jus- Espagne. qu'alors la défense de la patrie avoit été dirigée par les diverses juntes provinciales, d'accord avec celle de Séville, ou sous son autorité;' mais la délivrance de la capitale, de la présence du roi intrus, permit de concentrer l'autorité entre les mains d'une junte suprême centrale, formée de deux députés choisis par chaque junte provinciale. Cette mesure, dont on ne pouvoit présager qu'un grand bien, devint par événement très-préjudiciable à la cause des Espagnols. Les juntes provinciales, voulant retenir dans leurs mains le pouvoir qu'elles avoient acquis, ne déférèrent aux députés qu'ils envoyèrent à Madrid qu'une autorité extrêmement bornée, et subordonnée à la leur. Ainsi la junte centrale, au lieu d'une représentation nationale, ou d'un gouvernement indépendant, ne fut qu'une assemblée de délégués responsables à ceux qui les avoient envoyés. Un corps, composé de pareils élémens, ne put acquérir la considération, ni agir avec l'énergie

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