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Négociations pour la paix maritime.

Alexandre I.er, la suite des événemens a prouvé qu'il fut convenu que la France ne s'opposeroit pas à ce que la Moldavie et la Walachie fussent réunies à l'empire de Russie1, tandis que l'empereur Alexandre paroît avoir promis qu'il n'empêcheroit pas Buonaparte d'exécuter ses projets à l'égard de l'Espagne'. Quant aux négociations entre l'Autriche et Buonaparte, nous en parlerons tout-à-l'heure ; il nous reste donc à nous occuper seulement des négociations avec la Grande-Bretagne.

L'amiral Saumarez avoit fait au gouvernement russe une ouverture, sur le contenu et l'époque de laquelle nous sommes dans la plus parfaite ignorance.

Le 12 octobre 1808, Alexandre et Buonaparte adressèrent à George III la lettre suivante : 3

Sire, les circonstances actuelles de l'Europe nous ont réunis à Erfurt. Notre première pensée est de

'M. Maret dit positivement dans une lettre qu'il adressa, le 25 avril 1812, au chancelier Roumanzoff, et que le Moniteur du 8 juillet de la même année publia, que Buonaparte prit cet engagement.

2

PRADT, Mémoires, p. 19.

3 La correspondance à laquelle les négociations avec l'Angleterre ont donné lieu, a été mise sous les yeux du parlement d'Angleterre, au mois de janvier 1809, sous le titre de Correspondance with the russian and french government, relative to the overture received from Erfurth. Je n'ai pu me procurer cette brochure; mais j'ai eu sous les yeux la traduction qu'en donne le Mo

céder au vœu et aux besoins de tous les peuples, et de chercher, par une prompte pacification avec V. M., le remède le plus efficace aux malheurs qui pèsent sur toutes les nations. Nous en faisons connoître notre sincère désir à V. M. par cette présente lettre.

La guerre longue et sanglante qui a déchiré le continent est terminée, sans qu'elle puisse se renouveler. Beaucoup de changemens ont eu lieu en Europe; beaucoup d'états ont été bouleversés. La cause en est dans l'état d'agitation et de malheur où la cessation du commerce maritime a placé les plus grands peuples. De plus grands changemens peuvent encore avoir lieu, et tout contraires à la politique de la nation angloise. La paix est donc à la fois dans l'intérêt des peuples du continent, comme dans l'intérêt des peuples de la Grande-Bretagne.

Nous nous réunissons pour prier V. M. d'écouter la voix de l'humanité, en faisant taire celle des passions, de chercher, avec l'intention d'y parvenir, à concilier tous les intérêts, et par-là garantir toutes les puissances qui existent, et assurer le bonheur de l'Europe et de cette génération à la tête de laquelle la Providence nous a placés.

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Le comte Nicolas Roumanzoff et M. de Champagny transmirent à M. Canning deux expédiniteur du 25 décembre 1810, et une traduction allemande faite sur une version danoise; car les feuilles du Danemark sont les seules qui aient publié ces pièces dès le mois de mars 1809. Cette traduction allemande se trouve dans Voss Zeiten, Vol. XVIII, p. 159 et suiv. J'en ai aussi eu uue traduction angloise.

tions de cette lettre. Les deux lettres d'accompagnement sont presque conformes. Chaque ministre dit que son souverain espère que la grandeur et la sincérité de cette démarche seront appréciées, et qu'on ne peut attribuer à foiblesse ce qui est le résultat de l'intime liaison des deux plus grands monarques du continent, unis pour la paix comme pour la guerre ; chacun ajoute que son empereur avoit nommé des plénipotentiaires qui attendroient à Paris la réponse de Londres, et se rendroient dans la ville du continent, où ceux de la Grande-Bretagne et de ses alliés seroient envoyés ; enfin, qu'il étoit disposé à admettre pour base le principe de l'uti possidetis, précédemment proposé par l'Angleterre, et telle autre base fondée sur la justice, et sur la réciprocité et l'égalité qui doivent régner entre toutes les grandes nations.

M. Canning transmit, le 28 octobre, à l'ambassadeur de Russie, à Paris, une note en réponse à la lette d'Erfurt, avec une lettre d'accompagnement : « Quelque disposée qu'auroit pu être S. M., dit le ministre, de répondre directement à S. M. l'empereur de Russie, vous ne pourrez vous empêcher de sentir, monsieur l'ambassadeur, que, par la manière inusitée dont les lettres, signées par S. M. I., ont été rédigées,

La phrase en italique est exactement copiée d'après le Moniteur; mais la vérité est qu'elle ne se trouvoit pas dans la lettre de M. Roumanzoff; un sentiment de diguité l'a sans doute fait supprimer au ministre d'Alexandre.

et qui les a privées entièrement du caractère. d'une communication particulière personnelle, S. M. s'est trouvée dans l'impossibilité de se servir de cette marque de respect envers l'empereur de Russie, sans reconnoître en même temps des titres que S. M. n'a pas reconnus. » Cette observation fait allusion à la circonstance que Napoléon Buonaparte étoit qualifié, dans la lettre, d'empereur des François, titre que le cabinet de Londres n'avoit pas reconnu. Quant à la manière que le ministre de la Grande-Bretagne déclare inusitée, nous rappellerons que, pour la même raison, la lettre que Napoléon Buonaparte avoit adressée au roi d'Angleterre, le 26 décembre 1799', étoit restée sans réponse. Le ministre de la Grande-Bretagne dit encore dans sa lettre que son souverain se proposoit de communiquer au roi de Suède et au gouvernement existant de l'Espagne la proposition qui lui avoit été adressée, et qu'il demandoit une déclaration positive que la France reconnoissoit le gouvernement d'Espagne comme participant aux négociations; convaincu,comme il étoit, que l'empereur n'a pu être porté à sanctionner, par son concours ou par son approbation, des usurpations dont le principe n'étoit pas moins injuste que l'exemple n'en étoit dangereux pour tous les souverains légitimes.

Cette lettre étoit accompagnée d'une note officielle, dont une expédition fut aussi adressée Voyez Vol. V, p. 311.

à M. de Champagny; nous allons en placer ici la fin seulement.

«En s'engageant dans la guerre actuelle, S. M. a eu pour objet immédiat la sûreté nationale. Cette guerre ne s'est prolongée que parce que ses ennemis n'ont offert aucun moyen de la terminer avec sécurité et d'une manière honorable. Mais, dans le cours d'une guerre continuée pour sa propre défense, de nouvelles obligations ont été imposées à S. M. en faveur des puissances que les agressions d'un ennemi commun ont forcées de faire cause commune avec elle, ou qui ont sollicité l'assistance et l'appui de S. M. pour le recouvrement de leur indépendance nationale, les intérêts des couronnes de Portugal et ceux de S. M. Sicilienne, confiés à l'amitié et à la protection de S. M. S. M. tient au roi de Suède par l'alliance la plus étroite et par des stipulations qui unissent leurs conseils pour la paix comme pour la guerre.

«S. M. n'est pas encore liée à l'Espagne par aucun acte formel; mais elle a contracté avec cette nation, à la face de l'univers, des engagemens non moins sacrés, et qui, dans l'opinion de S. M., la lient autant que les traités les plus solennels. S. M. suppose donc qu'en lui proposant des négociations pour la paix générale, les relations entre elle et la monarchie espagnole ont été clairement prises en considération, et que l'on a entendu que le gouvernement, agissant au nom de S. M. C. Ferdi

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