Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

rages, et de grandes difficultés pour les transporter d'un endroit dans l'autre. Anciennement il avoit existé dans chaque village d'Espagne de petits greniers, nommés positos, où les laboureurs étoient obligés de déposer tous les ans une partie de leur récolte pour servir dans des années de disette. Dans la guerre du Portugal de 1801, le gouvernement s'étoit em+ paré de ces provisions pour entretenir l'armée; et, comine il n'avoit pas tenu la promesse de les restituer, il n'y eut plus moyen d'engager les paysans à confier aux greniers publics une partie de leur moisson. Mais ce qui surtout fit espérer aux Espagnols le succès de leur entre→ prise, c'est la manière dont ils se proposoient de faire la guerre, par petites bandes desti→ nées à intercepter les vivres de l'ennemi, à abimer les chemins et les ponts sur lesquels il devoit passer, à exécuter contre lui des coups de main et des surprises, à le harceler enfin de toutes les manières, en ne lui laissant pas un instant de repos ni jour ni nuit. Cette espèce de petite guerre, par laquelle les Espagnols ont fait tant de mal aux soldats françois, a été organisée par une instruction remarquable que junte suprême publia, peu de temps après qu'elle eut pris la noble résolution de s'opposer à l'oppression de la patrie 1.

[ocr errors]

la

On la trouve dans mon Recueil de pièces officielles, Vol. I, p. 337.

[ocr errors]

A l'exemple de Séville, d'autres capitales établirent des juntes provinciales; mais toutes reconnurent, quoique tacitement, ceite espèce de supériorité que la junte d'Andalousie s'étoit arrogée pour le bien de la nation, et qu'elle exerça jusqu'au mois de septembre, où se forma la junte suprême centrale d'Aranjuez. L'importance de l'Andalousie, renfermant à elle seule plus d'un cinquième de la population de l'Espagne', possédant la seule fonderie de canon du royaume, avec un noyau d'armée, et pouvant compter sur l'assistance de la flotte angloise de lord Collingwood croisant devant Cadix, et sur celle de la garnison de Gibraltar, donna droit à sa junte à une supériorité d'autorité qu'elle exerça sans exciter la jalousie des autres provinces. Parmi les autres juntes, celle de Valence fut une des plus puissantes 2. L'union qui régna entre ces diverses autorités, et la soumission qu'on témoigna à leurs ordres font le plus grand honneur au caractère et au patriotisme de la nation.

Nous n'entrerons pas dans le détail des événemens qui se passèrent dans les diffé

'Le royaume de Cordoue, avec..

237,000 hab.

[blocks in formation]

rentes provinces, ni des combats partiels qui furent livrés entre les Espagnols et les François. Il suffit, pour notre but, d'en indiquer brièvement les plus importans.

Depuis la bataille de Trafalguar, l'amiral françois Rosilly se trouvoit dans le port de Cadix, avec cinq vaisseaux de ligne et une frégate, montés par 4,000 soldats et matelots. Don Thomas Morla, qui avoit succédé à Solano dans le commandement de la ville, força l'amiral Rosilly à lui remettre ces forces, par une capitulation qui fut signée le 14 juin.

Une expédition que le maréchal Moncey entreprit le 21 juin, avec 15,000 hommes, pour réduire Valence, échoua. Le général Caro le harcela dans sa marche avec tant de succès, qu'il fut obligé de se retirer à Madrid, après avoir perdu le tiers de son monde.

Un corps de 35,000 Espagnols, formé dans les Asturies, en Gallice, Léon et Estramadoure, et commandé par le général Cuesta, marcha sur Burgos. Le maréchal Bessières le défit le 14 juillet à Medina del Rio Secco: la soumission momentanée des provinees de Léon, Palencia, Valladolid, Zamora et Salamanque fut le résultat de cette journée.

Il fut compensé par un échec considérable que les François éprouvèrent d'un autre côté. Le général Dupont, à la tête de 18 ou 20,000 hommes, s'étoit avancé jusqu'à Andujar et Cordoue, Joù ses troupes commirent de graves

excès. Castaños, général en chef de l'armée d'Andalousie, s'étant porté contre lui avec des forces supérieures, Dupont se retira à Baylen pour se rapprocher d'un secours de 8000 hommes que Savary, qui, depuis le départ de Murat, commandoit en chef à Madrid, lui envoyoit sous le général Béliard. Mais Castaños coupa la communication non seulement entre Béliard et Dupont, mais aussi entre celui-ci et le général Vedel, qui commandoit un détachement de son armée fort de 6000 hommes. Le 20 juillet, Dupont attaqua les Espagnols, et fut battu. Il signa, le même jour, une capitulation par laquelle il se rendit prisonnier de guerre, avec 8,000 hommes qui lui restoient. Le général Vedel, qui, de son côté, avoit remporté un avantage sur le général Peña, obtint des conditions plus favorables. On convint que sa division seroit renvoyée par mer à Rochefort. Buonaparte n'acessé de déplorer la capitulation de Baylen comme le principe des désastres qu'il éprouva en Espagne1. En effet, cet événement inspira une grande confiance à la nation espagnole, et on commença en Europe à la regarder comme une puissance. Il

3

J'ai placé, dans le Vol. I, p. 368 de mon Recueil de pieces officielles, les lettres que le général Dupont adressa, le 16 juillet, à Savary et Béliard, et que les Espagnols interceptèrent. Elles servent à la justification de ce général. Il faut voir dans le même reçueil, Vol. I,

força Joseph Buonaparte à quitter, le 1er août, Madrid, où il n'avoit fait son entrée que le 20 juillet, et à se retirer à Burgos.

La campagne d'Arragon fut encore plus glorieuse pour les Espagnols que celles de Valence et d'Andalousie; elle offre un événement extraordinaire, le siége de Saragosse par LefebvreDesnouettes. Cette ville fut attaquée, pour la première fois, le 14 juin, et ensuite, avec des forces plus considérables, le 28. Le génie de Palafox créa une armée, et tous les moyens de défense qui manquoient. Toute la population, sans excepter les femmes et les enfans, prit les armes, et travailla aux fortifications et à la fabri cation de la poudre. Quoique les François se fussent rendus maîtres d'une partie de la ville, la persévérance et le courage indompté des habitans les en expulsèrent. Ils furent obligés de se retirer le 13 août. Ce premier siége de Saragosse seroit plus célèbre, s'il n'avoit pas été suivi d'un autre plus célèbre encore, dont nous parlerons en son temps 1.

p. 363, la proclamation pleine de modestie de Castaños, du 21 juillet.

2

" Lefebvre-Desnouettes ayant sommé quelque temps après don Joseph Palafox de se soumettre avec son armée, celui-ci lui adressa cette lettre vigoureuse qu'on trouve dans mon Recueil de pièces officielles, Vol. I, p. 3. Je redresse ici une erreur que j'ai commise p. xxj de la table du même volume, en donnant à cette réponse la date du 28 août 1809, au lieu de 1808,

« ZurückWeiter »