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Le premier soin du nouveau roi, qui prit le nom de Ferdinand VII, fut de rétablir la tranquillité à Madrid; on n'y parvint qu'au bout de quatre jours.

Le plan de Buonaparte se trouva bouleversé par l'événement du 19 mars. Au lieu d'une cour foible et perdue dans l'opinion publique, il trouvera un jeune prince, entouré de conseillers énergiques, et adoré par son peuple. Cependant Murat dirigea sa marche sur la capitale. Le 2 avril, Buonaparte quitta Paris pour se rendre à Bayonne; le nouveau roi lui fit annoncer son avénement au trône. L'envoyé de Ferdinand VII fut reçu avec froideur; mais Buonaparte ne s'expliqua pas sur ses vues.Cependant Charles IV étoit mécontent de ce qu'on lui eût assigné Badajoz pour sa résidence future; son épouse regrettoit vivement un trône auquel le désir de sauver le prince de la Paix avoit seul pu la faire renoncer. A son instigation, la reine d'Etrurie, sa fille, entra en correspondance avec Murat, confident des projets de son beau-frère; ce général saisit avec avidité cette occasion pour rendre impossible une réconciliation entre le père et le fils. Un de ses aides-de-camp fut député auprès de Charles IV, qui lui remit une protestation, datée du 21 mars, par laquelle

signer. » EscoIQUIZ, Exposé, p. 117 de sa conversation avec Buonaparte.

il déclara son abdication extorquée par la force, et par conséquent nulle 1.

Le 23 mars, Murat entra à Madrid à la tête d'une partie de ses troupes; les autres campèrent sur les hauteurs qui entourent cette ville. Le lendemain, Ferdinand VII qui, depuis l'abdication de son père, avoit habité Aranjuez, fit son entrée dans la capitale. Sentant l'impossibilité de rien entreprendre de décisif, tant que le roi se trouveroit entouré de ses sujets, Murat résolut de tout tenter pour l'éloi 'gner de Madrid. Il fut aidé dans cette manœuvre par le général Savary, qui vint à Madrid pour tromper le jeune roi sur les dispositions de son maître, et l'entraîner dans l'abîme. Ferdinand avoit envoyé son frère don Carlos à la rencontre de Buonaparte, dont un ordre du jour du 2 avril annonçoit à l'armée la prochaine arrivée. Les intrigues de Savary parvinrent à faire prendre au roi la même route, malgré la répugnance qu'il avoit de quitter la capitale de ses états, et malgré les représentations de ses serviteurs fidèles 2.

Il est très-probable que cette protestation a été antidatée de deux jours.

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→ Une circonstance qui contribua à décider Ferdinand VII à ce voyage, nous est révélée par DON JUAN ESCOIQUIZ, Exposé, p. 32; c'est que peu après les événemens d'Aranjuez il étoit arrivé un courrier adressé à Godoi, et porteur de dépêches d'Izquierdo. Il y rendit compte d'une conversation qu'il avoit eue avec M. de

Ferdinand VII, trop loyal pour soupçonner le piége que lui tendoient Murat, Savary et le ministre Beauharnois, le dernier certainement sans le savoir, établit, le 10 avril, une junte de gouvernement présidée par son oncle, don Antonio, et partit pour Burgos où, d'après les assurances de Savary, il devoit trouver Buonaparte. De Burgos le perfide Savary sut l'attirer à Vittoria :ici il le quitta, et Ferdinand VII se vit subitement entouré de troupes françoises, sans pouvoir reculer. Savary lui apporta des lettres de Buonaparte qui lui promettoit de le reconnoître comme roi d'Espagne aussitôt qu'il se seroit convaincu que l'abdication de Charles IV avoit été volontaire. Quelque peu satisfaisante que fussent ces nouvelles, Savary sut cependant tromper sa victime qui le suivit à Bayonne 2.

Talleyraud-Périgord et avec Duroc, et par laquelle il paroissoit que les vues de Buonaparte se bornoient à se faire céder les provinces du nord de l'Ebre, contre le Portugal auquel il renonceroit. On se flattoit qu'on se racheteroit de ces prétentions par la cession de la Navarre ou par la concession d'un chemir. militaire conduisant en Portugal.

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"Don JUAN ESCOLQUIZ, Exposé, p. 55, assure que les ordres étoient donnés pour enlever Ferdinand VII de force à Vittoria, dans la nuit du 183 avril; mais que Savary ayant réussi à persuader ce prince de continuer son voyage, donna contre-ordre aux soldats chargés de l'exécution.

Ferdinand y arriva le 20 avril 1808, cinq jours après Buonaparte.

Dès-lors on jeta le masque. Le même jour, Savary vint annoncer à ce prince que Buonaparte étoit décidé à ne pas permettre que le trône d'Espagne fût plus long-temps occupé par une dynastie qui n'oublieroit pas qu'une de ses branches avoit régné en France. On lui demanda sa renonciation, contre laquelle on lui offrit le royaume d'Etrurie et la main d'une nièce de Buonaparte; mais le roi d'Espagne, soutenu par ses conseillers fidèles, don Pedro Cevallos, don Juan Escoiquiz et l'inébranlable Labrador, refusa un pareil accommodement et réclama la liberté de retourner en Espagne.

On s'aperçut que, pour fléchir Ferdinand VII, il falloit tenter d'autres moyens. Charles IV et son épouse, avec le coupable favori que Murat avoit forcé la junte de régence de lui livrer arrivèrent, le 30 avril, à Bayonne. Buonaparte abusa de la foiblesse du vieux roi et des pas-. sions de la reine, pour les exciter et pour les forcer peut-être à une action contre nature; ils devinrent les accusateurs de leur fils. Charles IV déclara qu'il ne vouloit pas remonter sur le trône, mais qu'il demandoit que son fils renonçât à la couronne pour qu'elle fût cédée à Buonaparte. La postérité croira-t-elle qu'un père qui aimoit ses enfans, ait voulu non seulement déshériter un fils contre lequel on

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pouvoit lui avoir inspiré des préventions, mais aussi dépouiller de son patrimoine toute sa famille, en faveur d'un étranger qu'il ne pouvoit ni aimer ni estimer..

Ferdinand VII résista d'abord; mais, intimidé, prisonnier, et cédant à la volonté de son père, il fit, le 1.er mai, une renonciation conditionnelle de sa couronne en faveur de son père, renonciation qui devoit être sanctionnée en présence des cortès. On le força, par des menaces et des injures, le 6, à une renonciation absolue, mais qui porte tous les caractères de la violence. Dès la veille, et cette circonstance est remarquable, Charles IV avoit conclu le fameux traité de Bayonne, qui n'est pas susceptible d'un extrait. Le voici textuellement :

Napoléon, empereur des François, roi d'Italie, protecteur de la confédération du Rhin, et Charles IV, roi des Espagnes et des Indes, animés d'un égal désir de mettre promptement un terme à l'anarchie à laquelle est en proie l'Espagne, de sauver cette brave nation des agitations des factions, voulant lui épargner toutes les convulsions de la guerre civile et étrangère, et la placer sans secousse dans la seule position qui, dans la circonstance extraordinaire dans laquelle elle se trouve, puisse maintenir son intégrité, lui garantir ses colonies et la mettre à même de réunir tous ses moyens à ceux de la France pour arriver à une paix maritime, ont résolu de réunir tous leurs efforts et de régler, dans une convention particulière, de si chers intérêts. A cet effet, ils ont nommé, savoir :

Traité de

Bayonne du 5 mai 1807,

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