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Peu de temps après, le contre-amiral sir Sidney Smith arriva à la hauteur de ce port avec une flotte angloise, et déclara, le 22 novembre, l'embouchure du Tage bloquée.

Déjà le Moniteur du 13 novembre avoit annoncé la chute prochaine de la maison de Bragance, lorsque le général Junot, trompé par les événemens qui se passoient sous ses yeux, ou, plus probablement, pour mieux tromper la cour de Lisbonne, déclara, le 19 novembre, que le Portugal ayant fermé ses ports aux Anglois, il n'entreroit dans le pays que comme un ami et comme un allié. Son avant-garde arriva, le 26 novembre, a Abrantès, à trente lieues de Lisbonne.

Ce fut alors que le prince-régent exécuta la seule résolution qui pouvoit sauver son indépendance. Après avoir établi une régence, composée de quatre personnes, il s'embarqua, le 27 novembre, avec la reine sa mère, la famille royale, les principaux fonctionnaires, et un grand nombre d'autres personnes, sur la flotte portugaise qui, forte de 36 voiles, ne put, à cause des vents contraires, sortir du fleuve que le 29 novembre, lorsque Junot n'étoit plus qu'à deux lieues de la capitale. Le 6 décembre, cette flotte, accompagnée de quelques vaisseaux de ligne anglois, se mit en route pour Rio-Janeiro, où elle arriva le 18 janvier 18081.

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La flotte portugaise qui quitta l'Europe se composoit de 8 vaisseaux de ligne, 3 frégates et 4 brigs: on

Portugal par les

Occupation du Le 30 novembre, les François entrèrent à François, en1808. Lisbonne. Les habitans de cette grande ville firent, le 13 décembre, une tentative infructueuse de secouer par une insurrection le joug des étrangers. Les articles de la convention du 27 octobre, qui avoient statué que les provinces destinées au roi d'Étrurie et au prince des Algarves seroient occupées par des troupes espagnoles, n'eurent pas leur exécution. Buonaparte nomma Junot gouverneur-général du royaume, et celui-ci déclara, par une proclamation du 1.er février 1808, qu'en quittant le Portugal, le prince de Brésil avoit renoncé à tous ses droits à la souveraineté de ce royaume, et qu'en conséquence la maison de Bragance avoit cessé de régner.

Une escadre angloise, sous les ordres du contre-amiral Hood, se rendit à l'île de Madère avec des troupes de débarquement, commandées par le général Beresford. Ces deux officiers conclurent, le 26 décembre, une capitulation avec le gouverneur de l'île, qui la leur remit pour être possédée par la Grande-Bretagne, avec les mêmes droits qui avoient appartenu à la couronne de Portugal. Les Anglois promirent , par l'article 2, de la rendre aussitôt que la liberté de naviguer dans les ports

estime à 500 millions de francs les trésors qu'elle emporta. Cinq vaisseaux de ligne, autant de frégates, 12 goëlettes, 4 chaloupes canonnières et des arsenaux bien garnis restèrent en Europe.

du Portugal auroit été rétablie, et que cet état He seroit plus sous l'influence françoise. L'article 3 dit que les armes et les munitions de toute espèce seront remises pour le moment aux Anglois; mais l'article 4 stipule que les propriétés publiques seront respectées pour être rendues avec l'île, le roi de la GrandeBretagne se réservant d'employer ces propriétés ou leurs revenus à l'entretien des établissemens religieux, civils et militaires de l'île, aussi long-temps qu'elle sera occupée par ses troupes.

L'île de Madère, riche en vins et bestiaux, est un point de relâche pour les vaisseaux qui vont aux Grandes-Indes; sa possession remplaçoit pour les Anglois les ports du Portugal, où leurs navires avoient coutume de se rafraîchir. Malgré ces avantages, l'île de Madère fut rendue aux Portugais le 23 avril 1808; en revanche, Goa dans l'Indostan, et les îles Açores, le grenier de Madère et de Lisbonne, furent abandonnés aux Anglois. On ne connoît pas les conditions de cette cession. On sait seulement qu'elles furent réglées par une convention signée le 16 mars 1808, sous le titre d'articles additionnels au traité du 22 OCtobre 1807.

Rome

par les

Tandis que l'Espagne et le Portugal flé- Occupation de chissoient sous la volonté de Buonaparte, en François. accédant au système continental, un souverain dont le nom est rarement mêlé aux débats poli

tiques; un prince sans armée et sans finances mais fort par le courage que donne le sentiment de ne pas être sorti de la ligne de ses devoirs, osa résister à la volonté du tyran du monde. Le souverain-pontife consentit à fermer ses ports aux ennemis de la France, mais il refusa constamment d'entrer dans une ligue offensive et défensive avec les royaumes d'Italie et de Naples. Il déclara une alliance de ce genre contraire à sa conscience, parce qu'en la contractant, il ne se chargeroit pas seulement de l'obligation d'une simple défense, mais qu'il s'engageroit même à attaquer. «Ainsi, dit-il, le serviteur du Dieu de la paix seroit placé dans un état de guerre permanente; le père s'élèveroit contre ses enfans, et le chef de la religion s'exposeroit au danger de voir rompre ses rapports spirituels avec les puissances envers lesquelles la ligue agiroit hostilement 1. >>

Pour punir Pie VII de son opposition, Civita-Vecchia et Ancone furent occupées, et tous les gouverneurs de la Marche, qui firent quelque résistance, furent arrêtés. Le 2 février 1808, le général Miollis prit possession de Rome. Ici commence pour le souverain-pontife une succession de vexations et d'outrages qui ne purent ébranler sa fermeté. Dans une note que M. de Champagny remit, le 3 avril 1808, au

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Voy. Note du cardinal Gabrielli du 19 avril 1808, dans mon Recueil de pièces officielles, T. I, p. 148.

légat apostolique à Paris, on lit les maximes. suivantes qui étoient la base du droit public de Buonaparte : « Si le Saint-Père adhère à la proposition de la ligue offensive et défensive, tout est terminé; s'il s'y refuse, il annonce par cette détermination qu'il ne veut aucun arrangement, aucune paix avec l'empereur, et qu'il lui déclare la guerre. Le premier résultat de la guerre est la conquête, et le premier résultat de la conquête est le changement de gouvernement; car si l'empereur est forcé d'entrer en guerre avec Rome, ne l'est-il pas encore d'en faire la conquête, d'en changer le gouvernement, d'en établir un autre qui fasse cause commune avec les royaumes d'Italie et de Naples contre les ennemis communs? Quelle autre garantie auroit-il de la tranquillité et de la sûreté de l'Italie, si les deux royaumes étoient séparés par un état où leurs ennemis continueroient d'avoir une retraite assurée? »>

Lorsque cette note fut remise au cardinal Caprara, Buonaparte avoit signé un décret portant la date de Saint-Cloud, le 2 avril 1808, et qui dit que, considérant que le souverain temporel de Rome s'est constamment refusé à faire la guerre aux Anglois et à se joindre aux rois d'Italie et de Naples pour la défense de la presqu'île d'Italie; que l'intérêt de ces états et de leurs armées exige que leur communication ne soit plus interrompue par une puissance ennemie; considérant « que Charlemagne, notre

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