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françois. Le gouvernement françois est donc muni d'un gage solennel et authentique des dispositions pacifiques de S. M. Il en résulte que S. M. a le droit d'attendre un gage également solennel et authentique des dispositions réciproques de la France, avant que l'on exige d'elle des explications ulté– rieures.

<< La proposition faite à S. M. d'envoyer des négociateurs à Paris sans qu'il soit fait mention d'une réciprocité de mesures précises et ostensibles de la part de la France, sur les déclarations déjà faites au nom de S. M., est si éloignée de fournir la preuve d'une disposition réciproque, qu'elle ne peut être considérée par S. M. que comme renfermant un doute inexcusable de la sincérité des déclarations de S. M.

» Mais ce défaut d'une autorisation formelle et d'une assurance réciproque, n'est pas le seul vice matériel de cette communication du prince de Starhemberg. S. M. est invitée à envoyer des plénipotentiaires à Paris, sans qu'on lui donne la plus légère connoissance des bases sur lesquelles on veut faire cette négociation. Si on avoit pu mettre en question qu'il fût nécessaire d'établir préalablement la base de la négociation pour fonder l'espérance de son heureuse conclusion, l'expérience de la dernière négociation avec la France auroit mis la chose hors de doute. Elle a également démontré le désavantage et l'inconvénient d'une négociation à Paris.

<< S. M. veut traiter avec la France; mais elle n'e veut traiter que sur le pied d'une égalité parfaite. Elle est prète à traiter avec les alliés de la France; mais la négociation doit également embrasser les intérêts des alliés de la Grande-Bretagne. Aussitôt

que les bases d'une négociation auront été déterminées d'une manière satisfaisante, et qu'on sera convenu d'un lieu contre lequel il ne puisse être fait d'objection, S. M. sera disposée à nommer des plé-nipotentiaires pour se réunir à ceux des autres puissances engagées dans la guerre; mais S. M. ne consentira pas de nouveau à envoyer ses plénipotentiaires dans une capitale hostile.

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Mais, lorsque S. M. a permis au soussigné d'adresser cette exposition franche et nullement équivoque de ses sentimens au ministre de l'empereur d'Autriche, elle a en même temps chargé le soussigné de lui déclarer que, n'ayant reçu aucune preuve authentique d'une commission reçue par le prince de Starhemberg, pour entrer en explication au nom du gouvernement françois, et donner des assurances par lesquelles ce gouvernement puisse être lié, S. M. n'a pas prescrit au soussigné d'autoriser le prince de Starhemberg à parler au nom de S. M. au gouvernement françois. >>

Le départ du ministre d'Autriche suivit de près cette réponse, et, dès ce moment, les rapports entre les deux pays furent rompus. L'Autriche publia à ce sujet une déclaration, le 18 février 1808. Elle ceda ainsi à l'empire des circonstances; mais en réfléchissant à l'état des finances de l'Autriche, qui se composent d'une masse énorme de papier-monnoie, on doit sentir que s'il a existé un pays en Europe où l'introduction du système continental ne fût pas chimérique, elle étoit au moins impossible en Autriche qui ne peut se passer du commerce

étranger. Sa soumission à un état de choses tellement contraire à la nature, ne pouvoit être de longue durée; et comme elle ne pouvoit en sortir qu'en se brouillant avec Buonaparte, la nécéssité de la guerre de 1809 étoit dès-lors démontrée.

Ainsi le commerce anglois se trouvoit exclus de tous les ports de la Russie, de la Prusse, du Danemark, de l'Allemagne, de la Hollande, de la France, de l'Italie et de la Dalmatie. Dans le Nord, la Suède luttoit encore pour préserver ses peuples de cette peste, et sa persévérance lui coûta la Finlande1.Au levant, les Turcs, étrangers à la politique de l'Europe, mais fidèles à leurs engagemens et guidés par un certain bon sens qui les a quelquefois préservés des fautes dans lesquelles leurs voisins étoient tombés, ne concevoient pas que, pour être les amis de la France, il fallût se brouiller avec l'Angleterre, et se refuser aux jouissances que pouvoit procurer le commerce avec ce pays. Leurs ports restoient ouverts à celui de toutes les nations avec lesquelles ils vivoient en paix, et on vit alors la correspondance entre Hambourg et Londres passer par l'intermé– diaire de Constantinople.

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Un chapitre de la seconde partie de cet ouvrage est consacré l'histoire de la guerre entre la Suède, la Russie et le Danemark, qui fut terminée par les traités de paix de Fiedrichshamn et de Jönköping.

dans le système

Ajournant à une autre époque l'exécution du L'Espagne entre projet de faire entrer la Porte Ottomanne dans continental. le système continental, Buonaparte s'occupa des moyens d'y entraîner la péninsule Hispanique. Une tentative pour engager le Portugal à prêter sa flotte à une expédition contre l'Angleterre, n'ayant pas réussi, et le prince-régent ayant fait part au gouvernement britannique des projets qu'on méditoit contre lui, Buonaparte résolut de subjuguer le Portugal à l'aide de l'Espagne, sauf à soumettre celle-ci quand elle se trouveroit cernée par les armées françoises.

Il régnoit une intimité apparente entre la France et l'Espagne depuis les arrangemens qui avoient été convenus en 1801, au sujet des duchés de Parme et du grand-duché de Toscane, érigé en royaume pour le gendre de Charles IV. Cependant le roi catholique payoit à regret eette espèce de tribut, auquel il s'étoit soumis par la convention du 30 octobre 1803, et qui faisoit couler en France tous les trésors de l'Amérique. En vain avoit-il cru acheter par ce sacrifice la neutralité qui étoit l'objet des vœux de ses peuples; Buonaparte ne vouloit pas seulement priver la péninsule de ses ressources, il vouloit lui enlever ses défenseurs. Au commencement de l'année 1806, il demanda qu'un corps d'Espagnols fût envoyé en Toscane; à peine ce corps, fort de 16,000 hommes et commandé par don Gonzalo O-Farrill, qui fut ensuite ministre

de la guerre, fut-il mis à sa disposition, qu'il lui fit traverser l'Allemagne et le transporta dans l'île de Fionie pour l'employer à ses projets contre la Suède. Legouvernement espagnol poussa plus loin encore la condescendance envers un voisin puissant et absolu; il rompit avec la branche des Bourbons qui régnoit à Naples, dès que Buonaparte proclama qu'elle avoit cessé de régner.

Cependant, lorsque la guerre de Prusse parut inévitable, le foible Godoi, qui régnoit sous le nom de Charles IV, crut que le moment étoit venu de secouer le joug qui pesoit sur sa nation. Il conçut l'idée de créer une armée et de faire un appel à l'esprit national. Une proclamation du 3 octobre 1806 ordonna de rendre mobiles 40,000 hommes, destinés à défendre la patrie dans le cas où elle seroit menacée. D'où venoit ce danger? Le gouvernement ne s'en expliqua pas; mais on répandit le bruit que l'ennemi qu'on craignoit étoit le princerégent de Portugal, ou même Muley-Soleïman, communément appelé empereur de Maroc; cependant tous les préparatifs furent contre-mandés aussitôt qu'on eut reçu la nouvelle de la bataille de Jéna. Une conduite si peu digne d'une grande puissance perdit la dynastie d'Espagne. Pour que la proclamation du 3 octobre 1806 pût être pardonnée, il falloit qu'elle fût soutenue par une armée respectable. Elle avoit trahi la pensée secrète de la cour de Madrid. Dorénavant Buonaparte savoit à quoi il devoit

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