mais le cadré de son travail ne lui a pas permis de développer ce point de vue. Dans une monographie plus étendue, pour laquelle les Mémoires de Fabert ont été utilisés jusque dans les détails anecdotiques, M. de Bouteiller a ajouté des pages intéressantes å celles que ses devanciers ont écrites sur le héros messin. Ces deux écrivains, le premier surtout, paraissent d'ailleurs n'avoir connui ou employé qu'une faible partie des documents manuscrits relatifs à Fabert, qui existent dans nos grands dépòts littéraires. Nous avons eu, pour notre part, l'heureuse fortune de rencontrer des sources d'informations restées jusqu'à présent inexplorées; ce ne sont pas les moins précieuses parmi celles où il nous a été donné de puiser.

Malgré le soin que nous avons pris, au cours de ce travail, d'appuyer chaque fait de ses preuves, nous croyons utile d'indiquer ici d'une manière sommaire les secours que nous ont fournis les dépôts de pièces manuscrites.

La Bibliothèque nationale possède les Mémoires autographes de Fabert, qu'elle a acquis des Archives nationales. Ils s'arrêtent à 1639 (Fabert est né en 1599 et mort en 1662). Quand nous les avons consultés, en 1864, pour la première fois, ils étaient désignés sous le titre trompeur de Mémoires sur le Maréchal Fabert (Ms. FR., nouv. acq., 90). Le Père Barre rapporte qu'après la mort de Louis de Fabert, fils du maréchal, ils furent vendus, avec des lettres, à un libraire étranger par un serviteur infidèle,

et ensuite rachetés, au prix de soixante louis, par sa sœur, la marquise de Beuvron. Quelques lettres de Fabert (autographes et copies) et des pièces diverses le concernant se trouvent dans le Fonds français (Correspondance du cardinal de la Valette, Collection Le Tellier-Louvois, mémoire [anonyme] N° 1859, contenant l'exposé des projets financiers de Fabert, adressé en 1679 à Le Tellier, etc.), dans les Fonds Du Puy et Clairambault, et dans le Recueil Cangé (Ordonnances militaires).

On conserve aux Archives nationales, dans les Registres de Champagne (KK, 1069 à 1075), des lettres autographes, en assez grand nombre, de Fabert à Mazarin, des lettres (minutes et copies) de Mazarin à Fabert, ainsi que des pièces intéressant Fabert. Les Cartons des rois (K, 117 et 118 A et P contiennent une partie notable de la correspondance de Fabert avec le comte de Chavigny, secrétaire d'État.

Nous avons recueilli, aux Archives des Affaires étrangères, des lettres (autographes, minutes et copies), en grand nombre, de Fabert à Mazarin et å divers, avec d'importants documents, dans les volumes France, Lorraine, Turin, Piémont, Alsace, Allemagne, Pays-Bas, Liège, Roussillon, etc.

Le Recueil spécial des lettres de Mazarin, aux Archives des Affaires étrangères, et la Correspondance de Mazarin, à la Bibliothèque mazarine, contiennent des lettres (copies), en nombre considérable, de Mazarin à Fabert.

Les Archives du Dépôt de la Guerre renferment

des lettres autographes de Fabert à Le Tellier, des lettres (copies et minutes) des secrétaires d'État à Fabert, et d'autres pièces intéressantes.

La correspondance de Fabert avec Arnauld d'Andilly fait partie, à la Bibliothèque de l'Arsenal, des Papiers de la famille Arnauld.

La Bibliothèque Sainte-Geneviève possède une copie des Mémoires de Fabert; un manuscrit intitulé Campagnes de Fabert [1599-1642], dont l'auleur est le chevalier de Saint-Jory'; un autre manuscrit, portant ce titre : Journal des campagnes [du cardinal de la Valette] de 1635 à 1639, de la main de Fabert2; trois cahiers (manuscrits originaux) où sont consignés les résultats des opérations cadastrales exécutées en Champagne, sur l'initiative et d'après les avis de Fabert, enfin quelques lettres de Fabert ct différentes pièces.

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Nous avons encore trouvé à la Bibliothèque de l'Institut (Collection Godefroy, principalement le

1. Saint-Jory était homme de robe. On lit dans le Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes de Barbier (2o édit., t. IV, Paris, 1827.): « Louis Rustaing de Saint-Jory mourut en 1752, laissant en manuscrit la Vie du maréchal de Fabert [Les campagnes de Fabert]. Elle fut achetée par d'Argental [Augustin de Ferriol, comte d'Argental, conseiller au parlement de Paris, étroitement lié avec Voltaire], qui en fit part au comte de Caylus [gendre de Fabert]; celui-ci la donna au Père Barre, qui la fit imprimer sous son nom. » Le premier volume de la Vie de Fabert par le Père Barre a été composé, en grande partię, avec le manuscrit de Saint-Jory.

2. Jacques Talon, secrétaire du cardinal de la Valette, fit une copie de ce Journal, à laquelle il apporta quelques changements; celle-ci fut trouvée par le marquis de Belesta, au château de Beaupuy, en Guyenne, avec des papiers de la famille d'Epernon, et publiée sous e nom de Talon, en 1772, par Nicolas Gobet.

tome CCLXXIV), quelques lettres autographes de Fabert; aux Archives du tribunal et à celles de la mairie de Sedan, des lettres et des ordonnances de Fabert, le registre du greffe du Conseil souverain du roi à Sedan et les registres de l'état civil; aux Archives de la Mission, à Paris, les lettres (copies et autographes) de Vincent de Paul aux supérieurs de la Mission de Sedan, et, dans les Archives de la famille, des pièces généalogiques qui complètent celles du Cabinet des titres à la Bibliothèque nationale (Carrés d'Hozier, Boîtes grises, etc.).

S. A. R. Ma le duc d'Aumale a bien voulu nous accorder la faveur, dont nous lui sommes profondément reconnaissant, de consulter ses Archives1; nous y avons trouvé plusieurs lettres autographes de Fabert au prince de Condé. Quelques collections particulières, libéralement ouvertes à nos investigations, nous ont aussi offert des ressources. Nous tenons à remercier ici, d'une manière spéciale, M. le sénateur Cunin-Gridaine, qui nous a confié de précieux documents tirés de son cabinet d'autographes, et M. Henry Vesseron, avocat à Sedan, qui a guidé nos recherches dans cette ville, et nous a communiqué de nombreux et utiles renseignements.

Il nous reste à donner une idée générale de la division que nous avons adoptée pour cette étude. Des deux parties dont celle-ci se compose, la première, correspondant au premier volume, commence

1. Archives de Condé, à Chantilly.

à la naissance de Fabert (1599) et finit avec la Fronde (1652). Elle comprend deux livres, dont le premier traite de la jeunesse de Fabert, de ses campagnes et de ses rapports avec Richelieu; dans le second, après avoir fait connaître, sous ses différentes faces, l'œuvre administrative qu'il accomplit à Sedan, nous traversons avec lui la période bouleversée de la Fronde, en cherchant à caractériser le rôle que son dévouement à Mazarin et son amitié pour le comte de Chavigny l'appellent à jouer entre ces deux hommes d'État. La deuxième partie, divisée également en deux livres, et correspondant au deuxième volume, commence en 1653 pour se terminer à la mort de Fabert, en 1662. Dans le premier livre (1653-1658), Fabert nous apparaît tout d'abord comme négociateur; le roi fait ses premières armes à côté de lui, au siège de Stenay. Le reste de ce livre est consacré à l'examen des réformes militaires et des projets financiers que Fabert s'efforce de réaliser; ses essais de cadastre en Champagne soulèvent les clameurs des privilégiés. Dans le second livre, on voit Fabert poursuivre l'application de ses idées; il se heurte à l'indifférence calculée de Mazarin; sa sollicitude se concentre alors tout entière sur les Sedanais, auxquels il voudrait procurer le bienfait de l'unité religieuse; il meurt avant que le succès ait couronné ses vœux, mais ses doctrines économiques lui survivent: tel est le dernier mot de cette étude.