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300 ENTRE EN NÉGOCIATIONS POUR L'ACHAT DE LARREY.

Dans les premiers mois de 1648, Fabert est occupé avec Chavigny à des négociations pour l'acquisition de la terre de Larrey1, voisine de Laignes, en Bourgogne, appartenant au maréchal de Gramont 2. Dès le mois de septembre 1647, il avait renoncé à l'achat de celle de Plancy 3.

Au moment de la reprise des opérations militaires, il fut demandé à son insu par le maréchal de Gramont, pour servir en Flandre, dans l'armée du prince de Condé. Mais sa santé, qui se ressentait encore des épreuves de l'expédition de 1646 en Italie, ne lui permettait pas d'affronter les fatigues d'une campagne de longue durée. Aidé de Chavigny, il obtint de rester à Sedan, dont il ne s'éloigna que pour aller, comme l'année précédente, prendre les eaux de Bourbonne '.

A quelques semaines de là, des événements d'une gravité exceptionnelle se déroulaient à Paris. De son gouvernement, Fabert les suivait avec une anxieuse attention. Déjà, au milieu de la confusion générale

1. Larrey, aujourd'hui canton de Laignes, arrondissement de Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or).

2. Lettres (aut.) de Fabert à Chavigny, des 29 mars, 9 et 22 avril et 6 mai. (Arch. nat., K, 117 B.)

3. Fabert écrit à Chavigny le 15 septembre (lettre citée plus haut): « Vous approuverez, s'il vous plaît, que je rompe le traité de Plancy, puisque l'on n'a pas voulu le donner à 283 000 livres, qui est près du denier trente-cinq. » On est d'autant plus en droit de conclure de là, contrairement à l'assertion du P. Barre, que Fabert n'acheta pas Plancy, qu'à partir de cette époque le nom de cette terre n'est plus prononcé dans sa correspondance avec Chavigny ni ailleurs.

4. Lettre (aut.) de Fabert à Chavigny, du 15 mars. (Arch. nat., K, 117 B.)

ROLE DE FABERT PENDANT LES TROUBLES CIVILS.

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qui allait exciter toutes les ambitions, favoriser toutes les intrigues, et faire déchoir l'autorité royale en laquelle seule résidait le salut public, il songeait à prévenir les calamités de la guerre civile prête à fondre sur la France. On était à la veille de cette sanglante comédie de la Fronde, dont le cardinal de Retz devait jouer, pour ainsi dire masqué, le premier rôle, et, tandis que l'on verrait la plupart des grands personnages du royaume et les membres des compagnies souveraines, tous soutiens naturels du trône, descendre au rang d'agitateurs vulgaires et déchaîner contre Mazarin le torrent des imprécations du peuple, un petit groupe de serviteurs dévoués de l'État, entre lesquels se distinguerait Fabert par la droiture de ses intentions et l'activité de son zèle, serviraient de bouclier à la royauté en péril dans la personne du premier ministre.

Le duc de Bouillon fut un des premiers qui entrèrent dans le mouvement frondeur. L'occasion dut lui paraître propice pour ressaisir sa principauté. Il se promettait beaucoup des intelligences nouées par sa femme, Éléonore de Bergh', avec les habitants de Sedan et de Saint-Menges, et habilement dissimulées sous les dehors d'une assistance charitable. Fabert, tenu au courant de ce qui se passait, en informa le cardinal, et lui demanda des ordres pour éteindre « un feu duquel le progrès, disait-il, obligerait à en venir

1. Parlant du duc de Bouillon, Fabert disait : « C'est un homme duquel la femme est l'âme. »

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ARRESTATION DE CHAVIGNY.

à des remèdes extrêmes et violents », alors qu'il était temps encore de le combattre par des moyens « assez doux». Sur ces entrefaites, l'arrestation, au château de Vincennes (18 septembre), du comte de Chavigny, qui passait, à tort ou à raison, aux yeux de la cour, pour un des plus dangereux inspirateurs du parti des frondeurs, vint lui causer une pénible surprise. Ses relations suivies avec l'ancien confident de Richelieu et les nombreux services qu'il en avait reçus, lui imposaient le devoir d'user de son crédit pour le sauver, ou du moins pour lui épargner de nouvelles disgrâces. Il n'y manqua pas. Lui seul pouvait, sans doute, intervenir en faveur du prisonnier sans paraître trop suspect au cardinal. Dans ce but, il partit en toute hâte pour Saint-Germain, où il arriva le 7 octobre.

Là, il apprit de Mazarin lui-même que le duc de Châtillon3, ayant été chargé d'apporter à la reine la nouvelle de la victoire de Lens, s'était abouché avec Chavigny, auquel il avait révélé, non seulement le mécontentement qu'il éprouvait de n'avoir pas été élevé au maréchalat, mais aussi les dispositions peu favorables dont le prince de Condé se montrait animé

1. Lettre (aut.) de Fabert à Mazarin, du 8 juillet. (Arch. nat., KK, 1071.)

2. Chavigny était gouverneur de Vincennes depuis 1633.

3. Gaspard de Coligny, duc de Châtillon, fils du maréchal de ce

nom.

4. Le duc de Châtillon commandait à Lens le corps de bataille. Il fut blessé mortellement, le 8 février suivant, au siège de Paris, et reçut le bâton de maréchal, le lendemain, sur son lit de mort.

FABERT CONTRIBUE A L'ÉLARGISSEMENT DE CHAVIGNY. 303

à l'égard de la cour'. Toujours d'après le cardinal, Chavigny s'était empressé de profiter de cette circonstance pour exposer ses vues politiques; il avait réussi à y rallier le duc de Châtillon, qui, à son tour, s'était engagé à en conférer avec le prince. Directement menacé par ces menées, Mazarin avait espéré conjurer le péril en mettant son rival en lieu de sûreté 2. Nous n'oserions pas affirmer qu'en cette délicate conjoncture Fabert se porta caution pour son ami malheureux3; en tout cas, les efforts qu'il fit auprès du cardinal pour excuser sa conduite contribuèrent, non moins que les instances du parlement, à amener son élargissement (27 octobre).

1. On sait que Mazarin tint pendant quelque temps éloigné de la cour le vainqueur de Lens, dont il redoutait l'influence dans le conseil.

2. D'après Olivier d'Ormesson (Mémoires), on accusait Chavigny « d'avoir donné à la reine et au cardinal des conseils violents contre le parlement, et d'en avoir averti quelques particuliers pour qu'ils tinssent ferme, et d'avoir ainsi porté le parlement à faire ce qu'il faisait. >>

3. Suivant Courtilz de Sandras, Fabert demanda à être caution de Chavigny, et fit placer auprès de lui, pour observer sa conduite, un capitaine de son régiment. D'après le P. Barre, Fabert se borna à excuser Chavigny.

4. Chavigny eut ordre de se retirer dans ses terres. Quand MTM de Fabert apprit sa mise en liberté, elle s'empressa de l'en complimenter. (Lettre aut. du 31 octobre, aux Archives nationales, K, 117 B.)

CHAPITRE III.

(1649-1650.)

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Fabert cmmène à Sedan les nièces de Mazarin (1649). — Appréhende que les Espagnols ne profitent de la confusion générale pour entrer en France. Extension de ses pouvoirs de gouverneur. Mesures de sûreté intérieures. — Milices bourgeoises; organisation de la défense locale dans la principauté. Communication avec l'extérieur. Fabert fait connaître à Mazarin son opinion sur la défection de Turenne. Paix de Saint-Germain.

-

à la cour les nièces de Mazarin.

- Fabert ramène Découvre la trahison du baron

de Mygène, lieutenant de roi; le bannit de Sedan.

Mazarin

promet l'assistance de Fabert à d'Erlach, chef de l'armée allemande au service de la France. Fabert s'inquiète du voisinage des Allemands; demande en vain que leur itinéraire soit modifié. — Il reproche à Mazarin d'exposer Sedan à être ruiné. des privilèges de la souveraineté.

-

deurs et des Espagnols.

livrer Turenne.

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Confirmation

Fabert désapprouve les intentions de retraite de Chavigny; cherche à le ramener aux affaires. Craint que la France ne puisse soutenir la guerre étrangère. Se rend auprès de Mazarin (1650). Arrestation des princes; Chavigny sort de Paris. La Fronde militaire. Défection du comte de Grandpré. Fabert épie les mouvements des fronMazarin demande à Fabert de lui faire Les soldats de Turenne mettent la principauté à feu et à sang. Réflexions que suggère à Fabert le traité de Stenay. - Alarme donnée à Sedan par les troupes de Turenne. Mesures prises par Fabert à l'égard des habitants des villages. Il fait entrer un convoi de munitions dans Mouzon. Les villages de la principauté sont ruinés par l'ennemi. Selon les avis de Fabert, du Plessis-Praslin investit Rethel; reddition de cette place. Défaite de Turenne à Sommepy. — Rivalité de Mazarin et de

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