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DEVANT LA ROCHELLE.

nouvelles fonctions, Fabert alla demander conseil à M. de la Hillière, lieutenant de roi de Loches et sergent-major au régiment des gardes, dont il connaissait la grande expérience. Cet officier lui répondit, pour calmer ses scrupules: « Mon enfant, la charge n'est pas bien difficile; la crainte de faillir vous en fera savoir bientôt plus que je n'en ai appris dans le long temps qu'il y a que je sers. Allez, je vous assure que vous réussirez. Un homme qui craint la honte a bientôt de l'honneur. »

Fabert ne devait pas tarder à donner raison à ce pronostic. Il rejoignit son régiment au blocus de la Rochelle, Son zèle intelligent pour le service et une application soutenue à en remplir toutes les obligations, en même temps la noblesse de ses sentiments et la droiture de son caractère, lui concilièrent bientòt l'estime de ses chefs, l'amitié de ses égaux et jusqu'à la bienveillance du roi. Il n'y eut qu'une voix

soyons abstenu de toute indication chronologique pour cette période. Le marquis de Rambures (Jean), mestre de camp du régiment de ce nom, jouissait d'une grande renommée de bravoure.

Les fonctions de sergent-major « consistaient principalement à prendre l'ordre le soir, à en écrire le détail sur des tablettes, afin que tout s'exécutât promptement, à le distribuer aux capitaines, à donner l'heure et le rendez-vous pour les gens détachés, à s'assurer des guides pour les conduire, à tenir un état de la force de chaque compagnie, un rôle de tous les officiers, de leur tour à marcher, et enfin, les jours de combat, à contenir la troupe en général et chacun en particulier dans le poste qui lui était assigné. » (Saint-Jory, Campagnes de M. le maréchal de Fabert, Bibl. Sainte-Geneviève, Ms., L. 15.)

Le roi, dans une ordonnance (min.) du 8 mai 1626 (Archives du Dépôt de la Guerre, Ms., t. 12), reconnaissait que les fonctions de sergent-major « étaient les plus pénibles de l'infanterie ».

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EN MISSION AUPRÈS DE RICHELIEU.

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au régiment de Rambures pour reconnaître en lui un officier accompli1.

Après avoir participé à la construction de la digue jetée à travers la rade de la Rochelle, il quitta l'armée de siège pour suivre le corps envoyé aux environs de Castres et de Montauban contre les réformés sous les ordres du prince de Condé et du duc d'Épernon. A cette époque, il eut mission d'aller justifier auprès de Richelieu la conduite du duc, à qui l'on reprochait d'avoir renoncé au siège de Caussade, près de Montauban 3. Il revint plus tard assister aux dernières convulsions de la métropole de la réforme, et y pénétra un des premiers après la capitulation (30 octobre 1628) *.

En 1629, le régiment de Rambures fait partie de l'armée organisée par Richelieu, commandée par

1. Fabert mit le régiment de Rambures sur un si bon pied qu'on disait alors que jamais régiment ne fit mieux l'exercice et ne fut mieux discipliné, et qu'il en avait fait un régiment modèle. » (Général Susane, Histoire de l'infanterie française.)

2. Le P. Barre, d'après une description manuscrite in-4o du siège de la Rochelle, dont il n'indique ni l'origine ni l'auteur, rapporte que Fabert travailla « à perfectionner les ouvrages de la digue, à diminuer le frottement des machines qui servaient à élever les poutres et les autres fardeaux,... et à proposer de nouveaux expédients pour faire réussir les mesures déjà prises ». Nous ne mettons pas précisément en doute l'exactitude de ces détails, le Père génovéfain étant un historien d'une incontestable véracité; toutefois, nous croyons devoir faire remarquer que rien dans les Mémoires de Fabert ne démontre sa coopération comme ingénieur aux travaux de la digue.

Le projet de barrer l'entrée du havre de la Rochelle au moyen d'une estacade a été aussi attribué à Fabert le père. D'autres font cet honneur à François, son fils aîné; voy. à l'Appendice (IV). 3. Girard, Histoire de la vie du duc d'Epernon.

4. Le tableau tracé par Fabert, dans ses Mémoires, de l'affreux spectacle qui s'offrit à ses yeux, quand les assiégés ouvrirent les portes

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Louis XIII en personne, et qui intervient en Italie pour y soutenir contre les Espagnols les droits de Charles de Nevers à la succession du duc de Mantoue. Les troupes royales atteignent (6 mars) le Pas de Suse, gorge étroite ouverte à travers le roc, et que le duc de Savoie, défendant sa neutralité, a fermée avec trois lignes de bons retranchements garnis de soldats. Les deux premières barricades, dont l'une est établie à un quart de lieue du village de Chaumont, sont enlevées l'arme au poing. On ne s'arrête que devant la troisième, protégée par le fort Gelase, placé sur un sommet escarpé. L'escalade, réclamée par le régiment de Vaubecourt, paraît téméraire au roi, qui mande Fabert pour le consulter. Après une reconnaissance périlleuse de la barricade et de ses abords, le sergent-major de Rambures indique un plan d'attaque. Déjà des ordres sont donnés par le roi pour l'exécuter, et le régiment de Rambures est désigné pour occuper le poste d'honneur, quand les conseils de quelques officiers, aussi téméraires que présomptueux, font prévaloir un autre parti. Fabert, qui a tout d'abord mis en évidence les inconvénients et les dangers de ce nouveau projet, impose silence, maintenant, à son amour-propre froissé, et s'offre des premiers pour l'exécution du plan qu'il a désapprouvé. Quand l'ennemi lui a tué plus de la moitié de sa troupe et a mis hors de combat les déta

de leur ville, est à rapprocher des détails que l'on trouve sur ce sujet dans les Mémoires de Richelieu et de Pontis, dans le Mercure de

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BLESSÉ AU SIÈGE DE PRIVAS.

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chements qui suivent, les officiers eux-mêmes auxquels on doit l'adoption de ce plan funeste demandent à l'abandonner. Alors le roi, revenant à l'avis de Fabert, décide que le gros de l'armée attaquera directement le retranchement, tandis que deux corps tourneront la position par les flancs des hauteurs: c'est ce qui est exécuté sans le moindre retard. Aussitôt, l'ennemi débusqué abandonne le fort et la ville. Après son entrée à Suse, le roi, reconnaissant des services signalés que lui a rendus Fabert, le présente au cardinal de Richelieu en lui disant : « Voilà le brave major dont je vous ai parlé, et à qui je dois la réussite de cette grande journée. »

La même année, Fabert, rentré en France avec les troupes royales, prit part (mai) au siège de Privas, dans le Vivarais, une des meilleures places huguenotes dévouées au parti du duc de Rohan. Il y fut blessé grièvement d'un coup de mousquet, en menant sous un feu meurtrier les volontaires de Rambures à l'attaque d'un ouvrage avancé. On le transporta de lå à Valence. Mandé à la cour après sa guérison, le roi le complimenta sur le brillant courage qu'il avait déployé devant Privas, et lui fit annoncer, peu de temps après, par le mestre de camp de Rambures, l'envoi prochain d'une commission de capitaine, sans préjudice de sa charge de sergent-major. Fabert, se fondant sur ce que le duc d'Épernon avait seul le droit

1. Les dispositions de cette triple attaque de la position ennemie sont indiquées avec détail dans un ordre du roi et dans des relations man. du temps. (Arch. aff. étr., Turin, t. IX.)

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A VENISE AVEC LE DUC DE LA VALETTE.

de modifier et d'étendre les attributions d'une charge dont il disposait, refusa cette faveur. Il crut y voir le dessein de porter atteinte aux prérogatives du colonelgénéral de l'infanterie, et un piège tendu à son propre honneur. Il déclara donc à de Rambures qu'il ne méconnaîtrait jamais les devoirs de la reconnaissance vouée à son protecteur, en se faisant le complice du roi. De Rambures tenta vainement d'atténuer l'impression de cette brusque fin de non-recevoir sur l'esprit défiant de Louis XIII. Des signes non équivoques du mécontentement royal ne tardèrent pas à éclairer Fabert sur l'imminence d'une disgrâce, et ce fut sans doute pour en prévenir l'éclat qu'il prit le parti de s'éloigner de la France, en suivant à Venise le duc de la Valette. Celui-ci avait pour mission d'accompagner le duc de Rohan, qui avait accepté l'exil dans cette ville au prix de la restitution de ses biens et du pardon octroyé par édit royal à ses coreligionnaires. Fabert, dans ses Mémoires, a simplement mentionné ce voyage. Il ne séjourna d'ailleurs que peu de temps à Venise.

A son retouren France, au commencement de 1630, il se rendit à Metz, où il tomba malade. Son père s'efforça de l'y retenir, en lui offrant, s'il renonçait à la carrière des armes, les avantages d'une existence paisible et les séductions de la fortune. Il comptait, le maître-échevin, sans la passion irrésistible qui animait son fils pour la gloire. Ses instances furent vaines. Malgré la fièvre qui le minait, Fabert partit pour Lyon, dans l'intention de rejoindre en Piémont

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