Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

cipe et fin de toutes choses, vers lequel, nous dit saint Paul (1), toute créature se porte en soupirant, dont l'éloignement est un exil (2), dont la possession seule est capable, dit saint Augustin, de donner à notre cœur le repos qu'il demande en vain à toutes les créatures (3)?

N'est-ce pas à la poursuite de cet idéal que nous lance JésusChrist, quand il nous dit: Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait, Estote perfecti sicut et Pater vester cœlestis perfectus est?

Vous voulez des préceptes clairs, nets, capables de régler les manifestations de votre activité? Prenez notre Évangile, et vous y trouverez tout le code moral condensé en trois préceptes d'une extrême simplicité Aimer Dieu par-dessus toutes choses à cause de ses infinies perfections; aimer les autres hommes comme soi-même à cause de Dieu; et enfin se vaincre soi-même. Mais se vaincre, qu'est-ce à dire? N'estce pas encore s'aimer, et s'aimer suivant la raison, puisque se vaincre, c'est assurer la suprématie de l'âme sur le corps, c'est établir l'ordre en soi et réaliser sa perfection et son bonheur? En sorte que, plus brièvement, nous pouvons placer toute notre loi morale dans la pratique de l'amour, amour bien compris, hiérarchisé, lien de tous les êtres et principe de tous les dévouements.

Feuilletez en effet les pages de notre Évangile, scrutez-en le texte, et vous n'y trouverez rien d'autre, en fait de morale, que ce triple précepte. N'y cherchez point de savantes considérations; l'humanité, pour faire le bien, n'a pas besoin de cet apparat. Tout y est court, simple, lumineux, accessible aux esprits les plus humbles et capable tout ensemble de satisfaire les plus vastes génies. Tout y est précis, buriné, et cependant flexible et susceptible de degrés infinis; l'âme la plus vulgaire y trouve une règle de conduite qui la guide en ménageant sa vulgarité, et l'âme d'un héros y découvre des

(1) « Scimus enim quod omnis creatura ingemiscit et parturit usque adhuc. » Rom., VIII, 22.

(2) « Dum sumus in corpore, peregrinamur a Deo. » II Cor., v, 6. (3) Irrequietum est cor nostrum donec requiescat in te. » SAINT AUGUSTIN.

ascensions sans fin jusqu'aux cimes les plus élevées de la sainteté.

Votre raison proclame enfin qu'une loi morale, pour être digne de ce nom, comporte une sanction, et que cette sanction, pour être efficace, doit être universelle dans son application et toujours proportionnée.

De toutes les sanctions proposées par les différents systèmes de morale, une seule porte avec elle toutes les justifications, une seule est efficace, parce qu'elle est appliquée par un juge, seul capable de planer au-dessus du monde et des consciences et de rendre à chacun selon ses œuvres; c'est la sanction de la vie future.

Or telle est précisément la sanction qui constitue le dernier titre de notre code de morale. « Il faut, dit l'Évangile, que nous comparaissions tous devant le tribunal du Christ pour y recevoir la récompense de nos œuvres, bonnes ou mauvaises (1). » Écoutez bien la suite : « Les méchants iront au supplice éternel et les justes à la vie éternelle (2). » La mort, le jugement et l'éternité de la rétribution; n'est-ce pas le triomphe final du bien, et la défaite définitive du mal?

Aussi est-ce en raison même de son efficacité que cette sanction est redoutée, qu'on la repousse et qu'on cherche à lui substituer quelque sanction passagère, qui n'ait rien de troublant pour les passions; mais c'est précisément aussi pour le même motif qu'elle imprime à notre loi morale un caractère d'absolue vérité et d'incomparable supériorité.

En face d'une morale aussi solidement assise, que vous reste-t-il à faire, Messieurs, sinon de l'embrasser avec le respect et l'amour qu'elle mérite, et de descendre vaillamment dans l'arène, pour y cueillir la palme des vainqueurs?

Sans doute, le sommet à atteindre est élevé, le terrain semé d'écueils, la lutte sera rude pour vos vingt ans, et peutêtre vos forces risqueront-elles de vous trahir. Ne craignez rien. Celui pour qui vous combattez y a pourvu, et si vous vous

(1)« Omnes enim nos manifestari oportet ante tribunal Christi, ut referat unusquisque propria corporis, prout gessit, sive bonum sive malum. » II Corinth., v, 10.

(2) « Ibunt hi in supplicium æternum, justi autem in vitam æternam. » MATTH., XXV, 46.

sentez défaillir, vous trouverez sur le chemin le réconfort tout préparé. Notre loi morale a tout prévu.

Vous avez dans la prière une chaîne d'or qui vous relie au ciel et vous unit à Dieu; vous avez dans les sacrements des bains salutaires qui guériront vos plaies et renouvelleront vos forces; vous avez dans les ceuvres de piété, de charité et de zèle des moyens de combattre le désœuvrement, de passer de la pensée à l'action et de vous former à l'exercice du dévouement à autrui et du sacrifice. Si vous vous lancez avec générosité dans cette action vivifiante, si vous goûtez de ce pain du dévouement, si dur en apparence, si doux en réalité, si vous donnez de ce que vous possédez et si vous vous donnez vous-mêmes, si vous ouvrez votre cœur aux saintes influences de l'amour divin, vous comprendrez par le sentiment intime mieux que par tous les raisonnements la supériorité et la sublimité de cette morale que vous prêche le christianisme.

Où étaient, je vous le demande, toutes les rêveries des philosophes sur le pacte social, sur l'impératif catégorique, sur l'altruisme et la solidarité, à l'heure où Jésus-Christ versait son sang pour le genre humain, quand saint Paul souhaitait d'être anathème pour ses frères, quand les apôtres de l'Évangile sacrifiaient leur vie pour la conquête des àmes? Que faisaient tous ces faux sages tandis que la morale chrétienne couvrait la terre de ses bienfaits et de ses prodiges? Que feront-ils demain, tandis que les mains de nos frères panseront les plaies infligées à l'humanité par leurs désolantes théories? Ah! que c'est bien le cas d'appliquer la maxime du Sauveur : un système se reconnaît à ses fruits, a fructibus eorum cognoscetis eos (1).

Soyez donc fiers, Messieurs, de la supériorité des principes de morale que l'on vous inculque dans cette Université. Convainquez-vous davantage de jour en jour que tout ce que vous proposeront les théories contemporaines sur la formation de l'honnête homme, le bien de l'humanité, la pratique de la justice, l'amélioration du sort des petits, le patriotisme et tant

(1) SAINT MATTHIEU, VII, 20.

d'autres points, la morale chrétienne vous le propose également, parce qu'elle est le réservoir d'où sont sorties toutes les élévations du monde moderne; et qu'elle vous le propose plus grand encore, plus complet et plus pur, appuyé sur des mobiles tout-puissants et sur une incontestable certitude. Mais ce qui importe par-dessus tout, c'est de vous appliquer à réaliser dans votre vie de chaque jour l'idéal qui vous est montré, d'honorer par la dignité de votre vie votre titre d'étudiants catholiques, et de vous imposer à l'estime de vos contemporains par votre valeur intellectuelle sans doute, mais beaucoup plus encore par la sincérité de votre vertu, par la pureté de vos mœurs et par votre dévouement à vos semblables. C'est par cette supériorité personnelle que vous jetterez les bases d'un sérieux relèvement social, en même temps que vous préparerez vos immortelles destinées.

SÉANCE ANNUELLE DÙ 25 NOVEMBRE 1903

Le mercredi 25 novembre, à 3 heures, a eu lieu la séance annuelle de l'Institut catholique, sous la présidence de LL. Em. les cardinaux Langénieux, archevêque de Reims, et Richard, archevêque de Paris. Etaient présents: NN. SS. Ardin, archevêque de Sens; Fulbert Petit, archevêque de Besançon ; Laborde, évêque de Blois; Turinaz, évêque de Nancy; de Briey, évêque de Meaux; Renouard, évêque de Limoges; Foucauld, évêque de Saint-Dié; Bardel, évêque de Séez; 'Douais, évêque de Beauvais; Deramecourt, évêque de Soissons; de Pelacot, évêque de Troyes; Amette, évêque de Bayeux; Dubillard, évêque de Quimper; Le Camus, évêque de La Rochelle; Dubois, évêque de Verdun; le Recteur, le Vice-Recteur, les Administrateurs, le corps professoral, les supérieurs et directeurs des séminaires universitaires, un grand nombre de MM. les curés et ecclésiastiques, les étudiants ecclésiastiques et laïques et un auditoire trop nombreux pour les dimensions de la salle.

La parole a d'abord été donnée à M. Lepelletier, professeur à la Faculté de Droit, qui a lu le rapport suivant:

ÉMINENCES,
MESSEIGNEURS,
MESDAMES,

MESSIEURS,

Au seuil d'une année nouvelle de labeurs et d'efforts, c'est un réconfortant précieux pour tous ceux qui collaborent ici à

« ZurückWeiter »