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préféré s'en tenir au texte de l'article 109 du Code de commerce, dont ils ont commenté en détail les dispositions, parlant accessoirement des actes authentiques ou sous seing privé, des témoignages et des livres de commerce. Bref, ils n'ont point mis en relief les principes généraux qu'on leur demandait d'exposer. Quant à la seconde partie du sujet, elle a été, dans toutes les copies, traitée par prétérition. On aurait voulu voir formuler la distinction fondamentale des affaires commerciales des deux côtés ou d'un côté seulement or aucun des concurrents ne l'a nettement indiquée.

M. Henry Meaudre lui-même qui, cette fois encore, conquiert le premier rang, n'a traité la question que très imparfaitement, et la Faculté n'a pas cru pouvoir lui décerner d'autre récompense qu'un second prix. Sa copie marque un effort sérieux pour répondre à la première partie du sujet. Une comparaison étendue entre les règles du droit civil et celles du droit commercial lui sert d'entrée en matière et les détails sur chaque mode de preuve en particulier, qu'on ne demandait pas aux concurrents de développer, y tiennent une place relative beaucoup moindre que dans les travaux de ses compétiteurs. Malheureusement la seconde partie, relative aux cas d'application de la preuve commerciale, est complè tement omise. C'est cette lacune même qui lui fait manquer le premier prix. A côté de lui, trois autres concurrents méritent respectivement une première, une deuxième et une troisième mention. Ce sont MM. Roland de Wavrechin, Maurice Gaucheron et Etienne Béchaux. Les trois copies se recommandent par des qualités sensiblement égales, et ne se différencient que par la gravité plus ou moins grande des lacunes et des défauts. Insister sur chacune d'elles en particulier serait répéter inutilement les critiques déjà faites sur l'ensemble du concours.

Le classement des thèses de doctorat a été cette année particulièrement délicat tant à cause du grand nombre des concurrents qu'à raison de la réelle valeur de la plupart des travaux présentés, dont plusieurs avaient mérité à leurs auteurs, lors de la soutenance, les félicitations du jury. Sur dix-huit doc

teurs reçus, en effet, six ont obtenu l'éloge et quatre la mention très bien. Aussi n'est-ce point sans quelque difficulté que la Faculté est parvenue à placer en première ligne deux thèses qui, pendant quelque temps, se sont disputé le prix avec d'égales chances de succès: la thèse de M. Montgolfier sur la Déduction des dettes et la loi du 25 février 1901, et celle de M. Hébrard sur le Sort des biens des associations en cas de dissolution. Ces deux œuvres, en effet, se recommandent par d'égales qualités de netteté, de précision, de vigueur dans l'argumentation. Dans l'une et l'autre, le plan est bien conçu, la discussion habilement conduite, l'exposé clair et concis, les développements faciles et abondants. Seul un examen attentif peut permettre de découvrir là quelques lacunes, ici quelques imperfections. Une tendance marquée à passer à côté des difficultés et à éviter tout ce qui, dans son sujet, aurait quelque rapport avec la théorie et l'abstraction diminue la valeur scientifique de la thèse de M. Montgolfier qui se lit sans fatigue, mais ne laisse point derrière elle l'impression d'un travail ayant exigé de son auteur un effort considérable de réflexions et de recherches: c'est ainsi par exemple que M. Montgolfier s'abstient soigneusement de toute incursion sur le domaine de la science financière, et néglige de mettre en relief dès le début les principes généraux qui servent de fondement à l'impôt sur les successions. Mais d'autre part on peut juste ment reprocher à M. Hébrard quelques impropriétés d'expression, des formules un peu vagues, le défaut de lien visible entre certaines questions, et surtout l'absence totale de tout rapprochement avec les législations étrangères, que son concurrent au contraire a soigneusement étudiées et dont il a tiré très habilement parti.

Les défauts de l'un sont donc à peu près com ensés par les imperfections de l'autre, et pour prendre parti il a fallu tenir compte surtout de la nature même du sujet choisi par chacun des concurrents et du mérite plus grand de M. Hébrard qui, en abordant et en développant avec un réel talent, en somme, une théorie particulièrement difficile, a fait preuve d'un esprit juridique plus sérieux et d'une science plus sûre d'elle-même. C'est ce qui finalement a décidé la Faculté à lui attribuer le

prix, tout en faisant d'ailleurs d'expresses réserves sur certaines théories adoptées par l'auteur sur lesquelles il est possible de différer d'opinion. Mais M. Montgolfier n'a point été pour cela exclu du bénéfice du concours et, pour récompenser les mérites incontestables de sa thèse, la Faculté n'a pas hésité à lui décerner une mention très honorable. Elle eût voulu étendre davantage encore le champ de ses libéralités, tant était grand aussi le mérite de plusieurs autres concurrents: mais elle ne peut à cet égard qu'exprimer un regret, qu'elle souhaite malgré tout d'avoir à renouveler chaque année!

Après le rapport de M. le doyen Terrat, les lauréats sont venus recevoir des mains de NN. SS. les Évêques les diplômes de leur prix. Voici la liste des lauréats :

PREMIÈRE ANNÉE

Droit civil: Premier prix, M. Baudot; deuxième prix, M. Joseph Chobert; première mention, M. Jahlan; deuxième mention, M. Challe; troisième mention, M. Pégat.

Droit romain: Deuxième prix, M. Joseph Chobert; mention, M. Baudot.

Économie politique: Premier prix, M. Jahlan; mention, M. Baudot.

DEUXIÈME ANNÉE

Droit civil: Premier prix, M. Joseph Bernard; deuxième prix, M. Louis Thomas; première mention, M. Louis Daix; deuxième mention, M. Augée.

Droit romain: Premier prix, M. Joseph Bernard; deuxième prix, M. Louis Thomas; première mention, M. Louis Daix. Droit commercial: Prix, M. Louis Daix; mention, M. Louis Thomas.

TROISIÈME ANNÉE

Droit civil: Premier prix, M. Meaudre; deuxième prix, M. Gaucheron; première mention, M. Robert Jamet.

Droit commercial: Deuxième prix, M. Meaudre; première mention, M. de Wavrechin; deuxième mention, M. Gaucheron; troisième mention, M. Béchaux.

Prix de l'association des anciens élèves: M. Gaucheron. Prix de thèses de doctorat: Prix, M. Hébrard; mention très honorable, M. Montgolfier.

M. l'abbé Lechatellier, doyen sortant de l'École des Lettres, lit ensuite le rapport suivant:

ÉMINENCE,

MESSEIGNEURS,

L'École des Lettres de l'Institut catholique est heureuse, au milieu des angoisses du présent et des inquiétudes de l'avenir, de n'avoir à vous présenter ici qu'un tableau consolant, un tableau, oserais-je dire, où il n'y a d'ombre que juste assez pour faire ressortir la lumière. Des deux tâches qu'elle s'est de tout temps imposées, en donnant à la jeunesse l'enseignement littéraire, et en prenant dans le mouvement philosophique, historique, philologique, la part qui revient à une œuvre de haute culture intellectuelle, la première a été pour elle, cette année plus encore peut-être que les précédentes, un bon et rude, mais salutaire labeur, xaλóv pyov, bonum opus, pour employer l'expression de l'apôtre. Nos chaires ont groupé autour d'elles une moyenne de 100 à 150 étudiants, chiffre important, si on le considère en lui-même, digne de remarque surtout si l'on tient compte de ce double fait, que les jeunes gens qui poursuivent leurs études littéraires au delà du collège ne sont pas une foule, comme par exemple les étudiants en médecine, mais un groupe relativement fort restreint, ne dépassant pas un total de 1500 individus, et que cette élite, 15 facultés officielles, 4 facultés libres, 80 cours de licence plus ou moins organisés dans les lycées et dans quelques établissements privés, se la disputent et se la partagent. Notre part proportionnelle serait d'un centième; notre part réelle est presque d'un dixième, elle est d'un dixième, si nous ne tenons compte que du résultat des examens. Sur les 400 et quelques licenciés ès lettres

qui parviennent annuellement au grade, près de 50 peuvent être revendiqués par notre école. Le chiffre même de nos succès s'est élevé cette année à 56. Mais c'est là un excès dont nous saurons nous garder à l'avenir, ou tout au moins l'an prochain. Les candidats restés sur la brèche sont, comme on sait, la réserve des sessions suivantes; cette fois nos réserves ont été fortement entamées par le succès même; et M. Piat, qui prend en ce moment la direction de l'école, sera tout content s'il peut vous présenter l'an prochain l'honnête moyenne de 50 heureux résultats.

Parmi nos jeunes licenciés, il en est, nous le savons, qui ne s'en tiendront pas à ce degré intermédiaire et porteront plus haut leurs légitimes ambitions. Les exemples d'ailleurs qu'ils ont reçus cette année sont nombreux; trois de leurs devanciers ont soutenu leurs thèses en Sorbonne, et conquis le grade de docteur és lettres; deux ont été reçus à l'agrégation, l'un dans l'ordre des lettres, l'autre dans l'ordre de l'histoire et de la géographie; un enfin a obtenu ce titre créé en principe surtout pour les étrangers mais que recherchent également nos nationaux, et qui s'appelle le doctorat de l'Université de Paris.

A côté des succès scolaires qu'il est bien juste de signaler, mais dont l'importance pourtant n'est que secondaire, nous n'avons qu'à nous applaudir des résultats moraux de notre œuvre. Je ne parlerai pas de nos étudiants ecclésiastiques : les Supérieurs de vos deux séminaires vous ont rendu, Messeigneurs, bon témoignage de vos prêtres; nous devons à nos étudiants laïques le même témoignage, c'est-à-dire la même justice.

La grâce de Dieu, la sauvegarde d'un travail assidu, la protection du milieu, cette chose capitale qui justifierait à elle seule la création et le maintien de nos Instituts Catholiques, tout a contribué à faire d'eux ce qu'attendaient leurs familles : ils restent dignes d'elles, dignes des sacrifices de nos bienfaiteurs, dignes des espérances que placent en eux l'Église et la société. Nous pouvons compter sur eux, non seulement pour l'avenir de notre école, mais pour le recrutement ultérieur de toutes les branches de notre Institut. Leurs aînés d'ailleurs leur donnent l'exemple en faisant autour d'eux une active et

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