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bout à nous délivrer ». Sans doute, nous sommes radicalement impuissants à nous sauver à nous tous seuls; mais le salut n'est pas moins une œuvre personnelle, car si le salut s'imposait, il ne serait plus le salut, comme la liberté ne saurait être qu'à condition d'être par elle-même. Ainsi l'éducation, sous peine de n'être qu'une forme de la tyrannie, suppose nécessairement la coopération et donc la liberté.

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Maintenant, à ceux qui demandent comment l'éducation catholique peut respecter, mettre en œuvre et développer la liberté, étant donné qu'elle a pour objet et pour moyen l'enseignement d'une doctrine révélée qui vient d'en haut toute faite de par une autorité extérieure et absolue, le P. Laberthonnière répond d'abord, que le catholicisme n'a rien « d'un césarisme spirituel »; ensuite que, si la vérité doit être intègre et il faut absolument qu'elle le soit ce ne peut et doit être que de l'intégrité « d'une doctrine vivante, qui, considérée dans les âmes qui en vivent, peut incessamment s'y renouveler..... » ; et de plus qu'elle ne se fait toujours en nous qu'avec notre concours »: « du reste », ajoute-t-il, « si dociles que nous soyons, nous ne pouvons la recevoir sans y mêler quelque chose de nous-mêmes, sans l'adapter plus ou moins à notre manière d'être et à notre manière de penser. Et il faut qu'il en soit ainsi; et la Vérité s'y prête et elle s'est faite homme pour cela. Car, c'est ainsi qu'en devenant nôtre, elle nous permet de vivre d'elle; c'est ainsi que nous croissons en elle, pendant qu'elle croît en nous. Et si quelqu'un prétendait la recevoir du premier coup dans sa plénitude et que par suite en l'adaptant à lui, il ne fit plus d'efforts pour s'adapter à elle, il n'aboutirait qu'à abuser d'elle en la dénaturant en lui. »

Pour l'enfant, ce qu'il faut donc, c'est, non pas imposer la vérité révélée, mais l'aider à y adhérer par une initiative qui vient de luimême; ce n'est pas « le faire croire », mais c'est faire qu'il croie »; car << on n'enfonce pas la vérité dans les âmes malgré elles; mais on ne la donne pas non plus comme on donne un morceau de pain. Dans l'ordre moral et religieux, il n'y a point de forçats; mais il n'y a pas non plus de rentiers ou de mendiants vivant uniquement du travail des autres. Sans doute, on reçoit tout ce qu'on a, mais en même temps aussi, on n'a vraiment que ce que l'on gagne. » En conséquence, même vis-à-vis de la jeunesse, il ne faut ni éviter, ni étouffer d'avance la discussion: « le rôle de l'éducateur catholique en enseignant, c'est de préparer et de provoquer dans les âmes la rencontre intérieure et surnaturelle de Dieu. Et quand, de même qu'autrefois Jacob, dans la nuit de leur existence ici-bas, elles entrent

en lutte avec lui comme avec un inconnu, c'est son rôle encore de les aider à reconnaître la main qui les touche et la voix qui les appelle. >>

Sur ce point grave et sur les réponses que fait le P. Laberthonnière à ceux qui s'affectent du prétendu danger de procéder ainsi, je ne peux plus maintenant que renvoyer au livre. Ils trouveront dans cette partie finale la même force d'argumentation, la même justesse et la même profondeur que dans le reste de l'ouvrage; ils y reconnaîtront cette rare élévation d'âme, et, si je puis dire, cette intensité, cette plénitude de vie morale, qui est le signe éminent de l'auteur. Si j'ai pu, dans cette trop brève et tout objective analyse, en donner une faible idée, j'ai accompli ma tâche.

37.

G. LE BIDOIS.

La Population, par M. ALFRED DES CILLEULS, membre du Comité des Travaux historiques et scientifiques. Un vol. in-12 de VII-207 pages de la « Bibliothèque d'Économie sociale ». Librairie VICTOR LECOFFRE, rue Bonaparte, 90, Paris.

On est très inquiet depuis quelque temps de ce qu'on appelle la dépopulation de la France on se demande à quoi elle tient, quels sont les dangers dont elle nous menace, et le gouvernement nomme des commissions chargées de trouver le remède au mal. De si graves problèmes ne sauraient être résolus que par une connaissance approfondie de la population, des conditions qui président à sa vitalité, à son accroissement, au mouvement de ses naissances, de ses mariages, de ses décès, à la force active et productrice de ses enfants, à la distribution des deux sexes... Il importe aussi au plus haut degré de montrer, avec des expériences historiques et des comparaisons multipliées, l'influence exercée sur le mouvement de la population par l'esprit du gouvernement, par le système des impôts, par les lois successorales, par les croyances morales et religieuses. Telles sont les questions qu'aborde M. des Cilleuls, avec cette compétence dont tant de savants travaux et tant de succès académiques ont donné depuis longtemps la preuve. Dans ce travail, un des trois premiers que donne la nouvelle Bibliothèque d'économie sociale, sous la direction de M. Henri Joly, on trouvera donc tout ce que le lecteur intelligent et soucieux de l'avenir de son pays a besoin d'y trouver, une exacte distribution des matières, un choix judicieux de faits et de statistiques clairement présentées, un sens historique exercé et le sentiment profond des nécessités du temps présent.

Le Gérant: CH. BAULÈS.

MACON, PROTAT FRÈRES, IMPRIMEURS

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« REVUE DE L'INSTITUT CATHOLIQUE »

paraît le des mois de février, avril, juin, août, décembre,

SOUS LA DIRECTION DE

MM. Cauvière, professeur de droit criminel; de Lapparent. professeur de Géographie physique; Rousselot, professeur de Phonétique expérimentale; Vigouroux, professeur d'Écriture sainte, et G. Le Bidois, maître de conférences de Littérature française, secrétaire de la rédaction.

Chaque numéro contient 96 pages, dont 80 d'articles et 16 de « Notes et Nouvelles », chronique de l'enseignement supérieur en France et à l'étranger et de comptes rendus d'ouvrages.

(Il sera rendu compte de tout ouvrage envoyé en double exemplaire.)

LE PRIX D'ABONNEMENT EST DE :

Paris et Départements, 5 francs.

Étranger, 6 francs.

Le prix du numéro, de 1 fr. 25.

Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé à M. G. LE BIDOIS, et tout ce qui concerne l'administration à M. JOSEPH CHOBERT, Secrétaire général de l'Institut catholique, 74, rue de Vaugirard.

Les six premières années de la Revue sont en vente au Secrétariat.

Chaque volume broché, 5 francs, franco.

LES FOUILLES DE SUSE

Au mois de mai dernier, pendant que le Salon ouvrait ses portes au flot des amateurs et des mondains, tout à côté, à l'angle du Grand Palais qui avoisine le pont Alexandre III, on inaugurait sans bruit une exposition d'allures plus modestes, l'exposition des fouilles de Suse'. Le titre, Délégation en Perse du Ministère de l'Instruction publique, n'était pas fait pour solliciter l'attention des passants et si la gratuité ne lui avait attiré le dimanche des oisifs sans but, qui venaient la plupart y promener une vague curiosité à peine éveillée et vite déçue, le nombre des visiteurs aurait sans doute été des plus restreints.

Cependant, s'il est arrivé à des hommes du monde cultivés de s'y faire guider par un spécialiste, ils n'ont pas dû regretter les courts instants consacrés à cette visite. Ils ont pu constater que les monuments qui remplissaient à peine deux salles de moyenne grandeur permettaient de reculer encore les limites de l'histoire, d'évoquer les fastes jusqu'ici inconnus d'une civilisation et d'un peuple des plus considérables du monde antique, d'étudier l'art dans ses origines les plus lointaines. Et, pour peu qu'ils les aient examinées, ils ont dû reconnaître que les œuvres des sculpteurs, des fondeurs de bronze, des graveurs sur pierre ou sur métaux de la Chaldée ou de Suse, depuis la stèle de Naram-Sin (3800 av. J.-C.) jusqu'aux bijoux des

1. L'exposition a duré deux mois. Les objets exposés ont été transportés ensuite provisoirement dans les salles des Antiquités Assyriennes du Musée du Louvre.

REVUE DE L'INSTITUT CATHOLIQUE, 1902. - N° 3

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