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supérieur de gauche au coin inférieur de droite, obliquement, par le milieu, par les côtés ? L'étaient-ils ceuxlà, oui ou non, des graphomanes ? Et cependant la France n'en est pas morte, bien qu'elle leur fournît, à eux aussi, un public d'admirateurs, car de tout temps il fut vrai qu'

Un fou trouve toujours un plus fou qui l'admire.

Donc quels que soient le nombre et le succès de nos Guillaume Crétin, et quelle que soit la gravité de leur mal, rassurons-nous, notre race n'est pas encore épuisée, nous en aurons d'autres !

Mais eux-mêmes, ces Guillaume, dont le nom propre importe peu d'ailleurs, croyez-vous qu'ils soient vraiment. des malades, qu'ils soient du moins aussi malades qu'ils le paraissent et feignent de le paraître? J'en connais personnellement quelques-uns, et, bien que je ne sois pas un psychiâtre professionnel, je les ai bien regardés, du haut en bas et de bas en haut ils sont charmants! Et pas moindre tare, sauf une, mais peu inquiétante, et qui guérit vite el sans traitement, à savoir la jeunesse ! Voilà leur mal le plus sérieux, il explique tout.

Les bleuets sont bleus

Et les roses roses,

disait Victor Hugo; les jeunes sont jeunes!

la

Et voilà pourquoi, premièrement, leurs théories esthétiques sont, ou bien des vieilleries quand elles sont justes, ou bien des gamineries, quand elles sont originales, — et des gamineries qu'on a eu peut-être tort de prendre trop au sérieux, eux-mêmes étant les premiers à s'en moquer en dedans, même quand ils les émettent avec des allures de mages et de prophètes; est-ce qu'il n'y a pas souvent un cabotin ou un fumiste dans l'enfant le plus candide ? — Et voilà pourquoi, en second lieu, leurs œuvres, même quand elles ne sont pas belles (et je répète qu'il y en a d'ex

quises), même quand la médiocrité en est la plus prétentieuse, l'obscénité la plus fanfaronne, l'obscurité la plus provocatrice, gardent pourtant je ne sais quel attrait, celui qui désarme et attendrit, devant les pires frasques des enfants, les sévérités grondeuses des grands parents ou des vieux pédagogues. « Il faut que jeunesse se passe! », pensent-ils tout bas, et non peut-être sans prendre un secret plaisir à la regarder passer !

Quoi qu'il en soit, regardons-la passer sans épouvante, et sans crier à la fin des temps et à la dégénérescence de la race! Qui sait même si du milieu de ces jeunes fous ne sortira pas un vrai poète ? Qui sait si de tout ce bouillonnement d'idées, de tout ce travail obscur et tumultueux de la sève printanière ne germera pas un jour, bientôt ou plus tard, une œuvre, qui, sans être biologique sans doute, ni même orchestrale, serait tout simplement belle et que nous pourrions admirer de tout notre cœur? Les médecins ne nous. permettent pas de l'espérer ? Mais les médecins se trompent quelquefois.

Il me souvient d'un autre médecin de la Faculté de Paris, qui connut, lui aussi, des « Mattoïdes » et des

Mongoloïdes », et qui desespérait de son temps, comme le Dr Nordau du nôtre : « Nous sommes arrivés, disait-il, à la lie de tous les siècles! » Cet arrêt est de Guy Patin; il fut écrit en 1664, un an avant les débuts de Racine; celui du Dr Nordau le fut en 1894, quatre ans avant le Cyrano de M. Rostand... Espérons !

Ch. ARNAUD,

Professeur à la Faculté libre des Lettres de Toulouse.

REVUE DE L'INSTITUT CATHOLIQUE, 1902. — No 4.

24

M. CHARLES CHOBERT

M. Charles Chobert, professeur de droit civil à l'Institut catholique, est mort le 5 juin, à l'âge de cinquante-neuf ans.

Il avait été mieux qu'un ouvrier de la première heure un ouvrier de la veille. Avant même que la loi du 27 juillet 1875 ne fût votée, les promoteurs de la liberté de l'enseignement supérieur savaient qu'ils pouvaient compter sur lui pour le jour où l'on aurait à s'en prévaloir. C'est le concours assuré d'hommes tels que lui qui rendit possible l'entreprise. I jouissait déjà d'une honorable notoriété. Il avait le titre d'agrégé des facultés de droit, brillamment conquis, chose rare, dès son premier concours; une intelligence vive, apte à saisir sans effort les questions les plus délicates; une parole qui réunissait des qualités réputées inconciliables, la facilité, la précision, la distinction de la forme, l'art des nuances. Dans un congrès catholique tenu à Poitiers en 1872, le jeune professeur de Nancy s'était fait écouter et applaudir sur les questions ouvrières, après le brillant capitaine de Mun. Il fut donc des premiers à qui l'on fit appel, lorsque fut créée l'Université catholique de Paris. Une situation acquise, un avenir assuré, un foyer déjà fondé, auraient inspiré à certains hommes le désir légitime de laisser faire l'expérience par d'autres. Chobert vint sans hésitation. Nous le vîmes dès le premier jour se donner tout entier, sans réserve, à l'œuvre qu'il avait embrassée, assistant le doyen dans l'organisation d'un enseignement qui lui était familier, chargé de constituer ce précieux instrument de travail qu'est la bibliothèque dans un grand foyer d'instruction, supportant sa lourde part dans les examens du jury mixte.

Puis ceux qu'avaient frappés, dès l'abord, ses aptitudes et ses dons exceptionnels, apprirent par le contact journalier à connaître ses qualités intimes. Pendant vingt-sept années ses élèves virent en lui le professeur qui ne veut être que le professeur, toujours préoccupé de donner à son enseignement une plus haute valeur scientifique, difficile et exigeant pour lui-même, jamais satisfait de la formule trouvée, toujours à la recherche d'une formule meilleure, absorbé par son cours au point de se refuser à des publications que son savoirlui aurait rendues faciles; le maître dévoué, prodiguant aux jeunes gens les renseignements de son érudition, les conseils de son expérience, les recevant et les écoutant avec indulgence et affabilité. Pendant vingt-sept années ses collègues s'attachèrent de plus en plus au collègue qui les accueillait toujours avec un air de bonne humeur, avec une parole enjouée; qui était arrivé par la force de sa volonté,

et par le vif sentiment de la charité chrétienne, à dominer cette tendance à la critique, très forte chez lui, qu'on observe chez la plupart des hommes voués à l'enseignement; qui n'avait jamais pour eux, même dans les dissentiments les plus accentués, l'attitude qui irrite, le mot ou geste qui blesse; qui savait toujours trouver une heure pour faire au malade la visite qui distrait, pour écrire à l'ami dans la peine la lettre qui console; qui donnait à tous avec simplicité l'exemple du devoir professionnel vaillamment et ponctuellement rempli.

Cet homme de talent et de cœur, estimé et aimé de tous, avait naturellement goûté la plupart des satisfactions auxquelles sa modestie lui permettait d'aspirer. Toutes les fois qu'il y avait eu une question d'enseignement à étudier, un projet de réforme à préparer, Chobert avait été de la commission; pour les rapports particulièrement difficiles, exigeant une plume exercée, c'est presque toujours à lui qu'on s'était adressé. Il avait été désigné par le vote unanime de ses collègues pour les représenter au Conseil rectoral. Nul doute qu'il n'eût obtenu à bref délai, par le choix de NN. SS. les évêques, seuls consultés en cette matière, l'honneur envié du décanat. La grande paroisse de Saint-Sulpice, qu'édifiait chaque jour sa piété matinale, l'avait appelé récemment à figurer dans son conseil de fabrique. Il a y six ans que le Souverain Pontife l'avait fait commandeur de l'Ordre de SaintGrégoire le Grand.

Le père avait eu d'autres joies celle de voir son fils s'affirmer comme un travailleur énergique et conquérir des grades difficiles; celle de marier sa fille aînée à un homme digne d'elle et capable de remplacer un tel chef à la tête de sa famille, au jour fatal où il disparaîtrait.

Nous ignorions tous que ce jour fût si prochain. Chobert avait été gravement malade il y a vingt ans. La convalescence avait été longue. Mais il paraissait bien remis. Nous aurions dû cependant nous douter que sa santé était fortement compromise et qu'il suffirait d'une courte crise, d'un simple accident pour l'emporter. Le cœur qu'il mettait à tout ce qu'il faisait, l'activité un peu fébrile que nous le voyions déployer en toute circonstance, l'état de nervosité dans lequel le mettait la plus légère préoccupation, viennent vite à bout d'un homme affaibli.

La même église qu'avait remplie la solennité joyeuse, se retrouva plus pleine encore, trois semaines après, pour la funèbre cérémonie. On sentait chez tous les assistants des regrets sincères, chez beaucoup une réelle douleur. Ce fut une vraie foule qui accompagna notre cher collègue à sa dernière demeure, triste et compatissant au deuil de sa famille, mais confiante et persuadée que, puisqu'il y a pour le juste une éternelle récompense, celui-là devait déjà l'avoir obtenue.

Ch. L.

༤ར་

PUBLICATIONS DES PROFESSEURS

58. BAINVEL (J.-V.).

L'Étude de Jésus-Christ (Revue de l'Institut

catholique, janvier-février 1902).

59. BAUDRILLART (A.). - La destruction des ordres religieux et des monastères en Angleterre (Revue de l'Institut catholique, mai-juin 1902).

60. BRANLY (Édouard).

Photothérapie (Revue de l'Institut catho

lique, mars-avril 1902).

61. CAUVIÈRE (J.). - Le vice-amiral de Jonquières (notice). (Croix des Alpes-Maritimes, 1er et 8 septembre 1901.)

62.

63.

61.

65.

66.

67.

68.

69.

70.

71.

72.

73.

Variétés (ibid., 23 septembre 1901).

L'inauguration du monument de Mgr d'Hulst (Bulletin de la
Société d'éducation, 15 décembre 1901).

La Société de protestation contre la licence (Journal des
Débats, 2 février et 18 février 1902).

- A propos de Victor Hugo (Vérité française, 6 mars 1902).
Louis Veuillot (Vérité française, 15 mars 1902).

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M. Emile Guyot (notice) (Vérité française, 23 mars 1902.)
L'éducation familiale (ibid., 21 avril 1902).

Nouveau traité d'économie politique (ibid.).

A l'Institut catholique (Vérité française, 29 mai 1902).
M. Ch. Chobert (notice), (Journal des Débats, 7 juin 1902.)
M. Ch. Chobert (notice), (Vérité française, It.)

Un prétendu cas de vente à tempérament (Annales de droit
commercial, 1902, n° 2. Tirage à part).

74. FILLION (L.-Cl.). Rome et la Bible (Revue de l'Institut catholique, janvier-février 1902).

75. DE LAPPARENT (A.). Un type de collection (Revue de l'Institut catholique, juillet-août 1901).

76. LESCOEUR (Ch.).

-

Du pacte de constitul (Cours de Pandectes professé en 1901-1902), 232 pages in-4° autographiées. Tiré à 20 ex. Paris, Secrétariat de l'Institut catholique. 77. La division et l'organisation du territoire français (Cours de vacances professé à Marbourg, Hesse, en 1896). Refondu et développé (en cours de publication dans la Zeitschrift für

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