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Ensuite nous fùmes conduits, mon frère et moi, dans notre domicile, rue St.-Jean-de-Beauvais, où nous trouvâmes un commissaire de police, des agens de la haute police etc., le tout accompagné de la force armée. Le commissaire, après nous avoir fait subir un interrogatoire, nous fit signer le procès-verbal de perquisition, et nous fit transporter au ministère de la police générale, ainsi que M. Lottin qui avait été amené pour reconnaître les ouvrages brochés et en feuilles qui se trouvaient dans le magasin de mon frère et dans ma chambre. Lorsque nous fùmes dans la chambre des arrêts, au ministère, nous liâmes conversation avec trois individus qui avaient été arrêtés à six heures du matin, ainsi que nous c'étaient M. Dor, cor

donnier, son épouse et son ouvrier, chez lesquels notre inconnu faisait transporter les paquets de brochures au fur et mesure qu'elles étaient confectionnées chez mon frère. Nous fùmes très-étonnés, de rencontrer dans cet endroit des personnes arrêtées comme nos complices, et qui nous étaient absolument inconnues. M. Dor nous dit qu'ils avaient été trompés par un nommé Duclaud (que nous reconnûmes au signalement qu'il nous donna, pour être notre inconnu); qu'ils avaient appris, depuis leur arrestation, que ce Duclaud était agent de la haute police, et qu'il demeurait rue du Colombier, n°. 5 (:).

(1) Nous avons pris note de ce fait, et nous l'avons déclaré dans notre interroga

Nous apprimes en même tems qu'une femme qui était venue souvent avec ce Duclaud chez M. Dor, et qu'il faisait passer dans tel endroit

pour sa sœur, dans tel autre, pour
baronne, marquise ou duchesse,
émigrée comme lui,
vint pour
parler à M. Fardel, juge de paix

toire au ministère. Des recherches ont été faites (pour la forme) pour trouver cet individu; on le connaissait bien dans la maison; mais il y avait déja deux jours qu'il ne demeurait plus dans cet endroit. On devine aisément la cause de ce déménagement subit qui n'a été fait que d'après le plan de M. Fouché. On voit clairement que ce ministre ne pouvait pas se faire denoncer luimême par un homme qui le servait avec tant de sagacité. Cependant toutes les formes voulues par la loi ont été suivies à l'égard de Duclaud. Il a été jugé par contumace.

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en commission au ministère de la police, dans le moment où celui-ci interrogeait M. Dor. Ce dernier l'ayant reconnue, ne put arrêter son indignation; il lui reprocha de l'avoir trompé, et d'être vendue au plus lâche des hommes. Le juge de paix haussa les épaules. A la suite de cet interrogatoire, et probablement d'après le rapport du commissaire, M. Dor, sa femme et son ouvrier furent mis en liberté. M. Talbert, que le rédacteur de l'article officiel a bien voulu accoler à M. Lottin, était effectivement détenu au Temple depuis un mois; mais il nous était aussi inconnu que ces derniers.

Le public a maintenant sous les yeux la trame odieuse et le fil de cette soi-disant grande conspiration qui devait renverser la répu

blique. Le mot de l'énigme n'a pas besoin d'être mis au numéro prochain. On voit clairement que tout à été conçu et est sorti du cerveau de M. Fouché (de Nantes), ministre de la police générale, et qu'il a lâchement abusé de la bonne foi de trois pères de famille pour les plonger dans les fers, où ils attendent ce qu'il lui plaira de faire décider sur leur sort.

L'auteur de cette réponse, en nous la communiquant, nous a remis aussi des détails fort intéressans sur la manière dont Fouché signalait dans ses expéditions ténébreuses son industrie machiavélique : « Lorsque nous fumes transférés, dit-il, de l'hôtel de la police générale à la prison du Temple, nous eûmes pour conducteur un agent de police Al

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