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ment, il y a eu comme deux peuples en France (1). Il était sans doute pénible pour Votre Majesté de repousser ces vœux par des actes de votre propre volonté. Combien n'avez-vous pas dû souvent regretter de n'avoir point opposé à ces demandes la puissance, dès-lors nationale (2) !

(1) Depuis que S. M. a écouté ses vrais amis, il a existé comme deux peuples en France! Oui, sans doute, si l'on peut prostituer ce titre à une minorité factieuse de la population française, dont l'immense majorité à désavoué les extravagances parri

cides.

(2) S. M., s'il faut en croire le ministre de la police, qui est censé tout savoir, a souvent été disposée à prêter l'oreille aux vœux de ceux qui l'avaient suivie dans l'adversité, vœux qu'elle a été forcée de repousser par des actes de sa propre volonté, en regrettant de n'avoir point à leur opposer la

Si le même systême devait se renouveler, et si, voulant tenir tous ses pouvoirs d'un droit héréditaire Votre Majesté ne reconnaissait d'au tres droits du peuple que ceux qui émanent des concessions du trône, la France redeviendrait, comme auparavant, incertaine sur sa conduite; elle hésiterait entre son amour pour le prince (1), ses affections naturelles

puissance nationale ! Il eût été à desirer que Fouché eût expliqué ce qu'il entend par cette puissance nationale; sans cela, on est tenté de présumer, d'après sa doctrine connue, qu'il veut parler du canon du 10 août, des baïonnettes du 2 septembre, de l'échafaud du 21.... C'est à lui qu'il appartient d'achever cette citation.

(1) C'est un grand crime aux yeux de nos meilleurs politiques, que S. M. veuille, à l'imitation de ses aïeux, tenir ses pouvoirs

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et le progrès de ses lumières. (1) Son obéissance n'aura désormais d'autres bases que sa confiance particulière -dans Votre Majesté; et, quoique cette confiance suffise pour la maintenir dans le respect qu'elle vous doit, ce n'est cependant pas ainsi que les

d'un droit héréditaire, et ne point accorder à ses sujets le droit de juger et d'assassiner leur maître. Aussi Fouché, l'un de ceux qui ont jadis exercé les fonctions de tels juges, menace-t-il Louis XVIII d'une nouvelle incertitude de la part des Français partagés, suivant son présage, entre leur souverain et les bons sans-culottes, en qui seuls résidait n'aguère la patrie.

(1) On ne peut appliquer plus heureusement l'épithète de naturelles aux affections qu'une partie des Français a portées, sous le règne des Fouché et des Carrier à leurs souverains légitimes: sublime effet du progrès des lumières !

dynasties s'affermissent et écartent les dangers (1).

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Sire, Votre Majesté s'est con→ vaincue que ceux qui poussent le pouvoir au-delà de ses limites sont peu propres à le conserver, lorsqu'il s'ébranle (2); que l'autorité se détruit elle-même dans les luttes qui

(1) Ainsi donc, quoique le peuple respecte S. M., cela ne suffit point pour af fermir une dynastie qui règne depuis huit cents ans, et pour écarter les dangers, c'està-dire les révolutions. Quand Fouché prononçait cet oracle, il ne pensait pas que, pour en écarter de nouveaux, on commence rait avec raison par l'écarter lui-même.

(2) C'est à Bonaparte et à ses ministres qu'il faut adresser cette observation, et non pas à Louis XVIII, qui n'a jamais outrepassé les limites de la charte constitutionnelle.

la forcent à dévier des lignes qu'elle s'est tracées; que plus les droits dont le peuple jouit sont restreints, plus sa méfiance naturelle le dispose à soutenir tous ceux qui ne peuvent pas lui être contestés, et que c'est toujours ainsi que l'amour s'affaiblit et que les révolutions mûrissent (1).

Nous vous conjurons, Sire, de daigner, dans cette occasion, ne consulter que votre propre sagesse. Croyez que le peuple français n'attache pas aujourd'hui moins d'im

(1) Voilà Sa Majesté menacée ouvertement de nouvelles révolutions, si elle ose tant soit peu restreindre les droits des anciens frères et amis, toujours disposés à les soutenir par un esprit de méfiance naturelle. Habemus confitentem reum.

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