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Tallien, que la goutte obligeait de garder la chambre. Quoique ces hommes eussent été employés par Bonaparte, ils n'aimaient ni lui, ni son systême, encore moins ses ministres et ses favoris précédens, et par conséquent ne desiraient pas son

retour.

Cependant, on ne pouvait rien faire sans l'armée, où l'on croyait qu'il avait beaucoup de partisans. Pour s'assurer du fait, on chercha quelques généraux républicains, et on se servit des généraux Fressynet et Excelmans pour sonder les soldats. Ceux-ci n'aspiraient qu'après le retour de Bonaparte. Cette décou verte fit renoncer au projet qu'on avait d'établir un gouvernement républicain.

On fit alors des ouvertures aux

:

amis de Bonaparte; Thibaudeau fut chargé de cette tâche il commença par réconcilier Fouché avec Roederer et Savary; ces deux derniers étaient brouillés avec le premier. On admit ensuite insensiblement les amis de Bonaparte dans le secret, et on fit en septembre 1814, la première communication du plan à Bonaparte. Un jeune homme nommé Hurel, qui, sous le gouvernement de Bonaparte, avait été auditeur au conseil d'état, fut chargé de cette mission. Lorsque ses amis en furent informés, leur joie fut si grande qu'ils donnèrent un repas de cent cinquante couverts, chez Véry, restaurateur au Palais Royal.

La première chose dont on s'occupa alors fut de se procurer de l'argent. Fouché et Savary, tous

deux puissamment riches, firent sur le-champ de fortes avances, qui furent remises entre les mains de Carnot, qu'on nomma trésorier (1). Thibaudeau fut envoyé à l'étranger; il parcourut l'Italie, la Suisse, l'Al

(1) Nous ajouterons ici une particularité qui n'est point connue. A cette époque les conspirateurs ne se rassemblaient plus chez Tallien; leur rendez-vous était chez la comtesse de St.-Leu, dont l'hôtel était voisin de celui de Fouché. Il fut permis à Savary de fournir des fonds; mais Fouché ne voulut point qu'il prêt d'autre part à la conspiration. C'est Savary lui-même qui a raconté ce fait à un de ses amis. C'est-à-dire, qu'il voulait seul tout faire; en effet, il fut seul, puisque Carnot se borna à être le trésorier, et que Thibaudeau voyagea. C'est Savary lui-même qui a donné connaissance de ces détails à un ancien commissaire de police, son ami.

lemagne, les Pays-Bas; il eut des. conférences avec le général Bertrand à Naples et à Florence. Murat était alors dans le secret. Lucien et Joseph Bonaparte fournirent des sommes considérables; on réunit en Italie vingt millions de francs.

Dans le mois de décembre suivant, on sonda les dispositions des soldats dans toute l'étendue de la France; ceci se fit de la manière suivante :

Immédiatement après que Bonaparte eut signé son abdication, Marie-Louise avait fait dresser par devant notaire un acte dans lequel elle protestait en son nom pour son fils, contre une pareille abdication; une copie de cet acte avait été déposée chez Regnault-de-Saint-Jean-d'Angely. On fit alors imprimer une quantité prodigieuse d'exemplaires

de cette protestation pour les distribuer avec profusion dans toutes les casernes et tous les corps-de-garde de France, afin de connaître les sentimens des soldats à l'égard de Bonaparte. Ils furent tels que les conjurés le desiraient dès-lors ils devinrent plus hardis; Bertrand vint à Paris, et eut plusieurs conférences avec eux, sans que le directeur-général de la police, M. Dandré, s'en doutât. Toutes les conventions furent faites, les mesures prises, et le débarquement de Bonaparte eut le funeste succès que la France expie si cruellement et avec tant de raison. Fouché reçut de suite le salaire de ses services dans cette circonstance; il fut nommé ministre de la police générale.

Quelques jours auparavant, il avait

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