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Fouché alla rendre compte à son maître du résultat de leur mission. En homme accoutumé à sacrifier la vérité pour plaire, il fit un rapport où l'esprit public Anglais et l'esprit particulier du gouvernement se trouvaient très-amplement déve-` loppés; il vanta sur-tout le dévoùment, la prudence et la sagacité de ses deux émissaires; ils avaient tout pour servir sa majesté. « C'est faux, répondit brusquement Bonaparte, vos envoyés sont des traîtres, je saurai les punir; je connais leurs trames et les vôtres. » Fouché voulut entrer dans quelques explications, mais le tyran l'interrompit et tourna le dos.

\ fait

En rentraut à l'hotel du ministère de la police, Fouché se trouve remplacé par Savary, et en même tems

un décret qui le nomme gouverneur de Rome. Il part : à peine a-t-il fait cinquante lieues, que Bonaparte le fait rappeler. Il se présente au château des Tuileries. Le despote le caresse, le flatte, s'abaisse jusqu'à lui demander des excuses de son emportement, et finit par lui demander la correspondance qu'il avait entretenue avec lui depuis son entrée au ministère. « Je l'ai brulée, dit Fouché. Je la veux. Elle est en cendres.-Retirez-vous. »

Aussitôt Bonaparte ordonné qu'on mette le scellé sur tous ses papiers, tant à Paris, que dans ses maisons de campagne. Le préfet de police Dubois est chargé de lever les scellés, et d'examiner tous les papiers de l'exministre. Il se rend au château de Fouché, à 14 lieues de Paris, fouille

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partout en présence de Fouché, et ne trouve aucun papier relatif à la correspondance. Dès ce moment la disgrace de Fouché fut complette, et il ne rentra dans les bonnes grâces de l'usurpateur, qu'au moment où ce dernier, délaissé de ses vieux favoris, dont la plupart d'ailleurs avaient péri dans les dernières campagnes, eut recours à Carnot et à d'autres républicains qu'il n'aimait point et dont il n'avait jamais été estimé il le fit : gouverneur de Trieste, à l'instant même, où toute l'Allemagne s'étant insurgée contre lui, Trieste allait lui échapper,

C'était, sans contredit, un des postes les plus périlleux, et il fallait avoir toute la tactique de Fouché pour se dérober à une perte inévitable. Il fit si bien dans une circons

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tance si difficile, qu'on le perdit, ou qu'il se fit perdre de vuc, et qu'il revint en France, où il resta comme ignoré, jusqu'à ce que Louis XVIII, qui avait annoncé solennellement Youbli du passé, lui permit de sc rapprocher de la capitale, d'où plût à Dieu qu'il l'eût éloigné pour jamais!

Sa Majesté eut à se repentir de eette faveur, s'il faut en croire les bruits qui ont couru et qui ont été consignés dans tous les journaux étrangers, particulièrement dans l'Oracle de Bruxelles et dans le journal de Leyde du 5 mai, et ensuite rapportés dans l'Indépendant du 11 mai et dans l'Aristarque du 22 du même mois, bruits regardés maintenant comme vrais, et auxquels nous ajouterons quelques particularités incon

nues que nous tenons de bonne

source..

Ces nouvelles étaient parvenues à l'étranger par une lettre de Paris, où se trouvaient les détails suivans, qui, publiés sous le ministère de Fouché, contenaient, de l'aveu du rédacteur de l'Indépendant du 11 mai, des anecdotes vraies.

Trois mois s'étaient à peine écoulés depuis la restauration des Bourbons sur le trône de France, que les républicains manifestèrent leur mécontentement. Il y eut du mécontentement dans l'armée, et les conspirations contre le gouvernement des Bourbons commencèrent. Carnot, Fouché et Thibaudeau furent les premiers qui conçurent l'idée de renverser le gouvernement. Ils se réunissaient pour l'ordinaire chez

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