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Les Mamlouks redeviennent

pays, 1746.

les ordres du divan qui les nommait, et leur donnait le titre de beys.

Cet ordre de choses se conserva pendant plus de deux cents ans, c'est-à-dire, autant de temps que les Ottomans surent tenir avec fermeté les rênes du grand empire qu'ils avaient substitué à celui des empereurs chrétiens de Constantinople, mais dès le commencement du dix-huitième siècle, le relâchement qu'éprouvaient toutes les parties de leur administration en Europe et en Asie, se fit ressentir en Egypte.

Les chefs des corps militaires qui composaient l'armée étaient devenus, malgré les défenses portées dans leurs statuts primitifs, citoyens par leurs alliances, et concessionnaires de propriétés, dont l'administration dépendait du gouvernement des Mamlouks. Dès lors, ils changèrent de rôle, et de protecteurs et surveillants de cette ancienne milice, ils devinrent ses protégés.

Ces anciens maîtres du pays, n'oubliaient maîtres du jamais que l'autorité souveraine leur avait été arrachée par le sort des armes, et qu'ils avaient dû toute leur force pendant plusieurs siècles, au système de leur institution. En conséquence, ils s'étaient attachés à le conserver, et sans jamais contracter aucune alliance avec les Égyp

tiens indigènes pour lesquels ils avaient le plus souverain mépris, ils ne se perpétuèrent que par la voie du commerce des esclaves.

L'influence que leur donna la négligence des Turcs, et leur penchant à s'attacher à la glèbe, leur fournit les moyens d'acheter un grand nombre d'hommes.

Lorsqu'ils sentirent leurs forces accrues, ils songèrent à se rendre maîtres du divan, et pour cela, ils poussèrent de tout leur crédit plusieurs de leurs affranchis, aux premiers grades de la milice, et aux emplois du gouverne

ment.

Enfin, l'an 1746, le mamlouk Ibrahim, qui avait été fait kyaya, ou colonel des Janissaires, s'étant lié d'intérêts avec Rodoan, kyaya des Azabs, s'empara de tous les pouvoirs, et dicta ses volontés au divan et au pacha.

Ibrahim mourut en 1757; mais, comme sa puissance était déjà bien affermie, et que le gouvernement de Constantinople parut tolérer cette espèce de révolte, le pouvoir qu'avait exercé Ibrahim, fut regardé comme un héritage que ses affranchis prétendirent recueillir. Il ne s'agit plus que de décider entr'eux, à qui en appartiendrait la jouissance: d'abord Rodoan fut chassé et tué, et plusieurs beys se succédèrent dans le commandement de la ca

Ibrahim Rodoan.

kyaya,

Aly-Bey. 1766.

pitale, qu'Ibrahim avait exercé avec le titre de cheik-el-beled.

On vit, en 1766, le fameux Aly-Bey comprimer tous ses rivaux, et s'arroger la puissance avec les titres d'émir hadgi, ou prince des pélerins, et de cheik-el-beled, ou gouverneur du Kaire.

Comme cet homme a fixé long-temps l'attention de l'Europe, je crois devoir donner des détails succincts de son histoire, qui se lie avec celle des Mamlouks que les Français ont trouvés en arrivant en Egypte.

Aly naquit, parmi les Abazans, peuple qui habite le Caucase, et dont les esclaves sont les plus recherchés; il fut porté au Kaire, et acheté par des Juifs qui, pour obtenir la protection d'Ibrahim, lui firent présent de leur esclave. Ses succès dans l'éducation militaire qu'il reçut, le firent distinguer de son maître. qui l'affranchit, lui donna une femme, des revenus, le promut au grade de kachef, et enfin le fit nommer l'un des vingt-quatre beys.

A la mort d'Ibrahim, il devint un des principaux mobiles des révolutions successives, qui firent et défirent les commandants. Tantôt vainqueur, tantôt vaincu, il fut exilé plusieurs fois; mais il finit par prendre une attitude ferme, et après avoir tué de sa main quatre

beys ses ennemis, et en avoir exilé quatre autres, il resta seul dépositaire de toute l'autorité. Alors son génie s'agrandit, il conçut le projet de secouer le joug de Constantinople, et de prendre le titre de sultan d'Egypte.

La circonstance était favorable: la Porte, occupée de ses intérêts avec les puissances du Nord, et obligée de prendre part aux évènements qui ont amené le premier partage de la Pologne, ne pouvait même pas réprimer les prétentions de l'Arabe Daher, qui s'était emparé du pachalik d'Acre, d'où il menaçait la Syrie entière.

Aly, par l'alliance qu'il avait faite avec Daher, n'ayant aucune inquiétude au Nord, s'occupa à détruire la puissance du Cheik Arabe Hammam, qui s'était emparé d'une partie de la Haute Egypte, et ensuite il tourna ses vues d'agrandissement du coté de l'Arabie, où il envoya par mer, un corps de ses mamlouks commandé par le bey Hassan, pour s'emparer du port de Djedda, tandis qu'un autre corps envoyé par terre sous les ordres de son favori Mohammadbey Abondahab, eut ordre d'aller occuper la Mecque; mais ces deux expéditions eurent des suites malheureuses qui firent échouer de plus vastes projets qu'Aly avait formés sur le commerce de l'Inde.

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Néanmoins, il se crut assez puissant, pour, de concert avec son allié Daher, attaquer la Syrie, et à la fin de 1770, il entra en Palestine, annonçant hautement son intention de marcher contre Osman, pacha de Damas; en effet son armée composée de cinq mille Mamlouks à cheval, et de quinze cents Barbaresques à pied, pénétra sans obstacle sous le commandement de Mohammad Aboudahab, jusqu'à Acre, où elle se joignit à l'armée de Daher, composée de quinze cents Safadiens à cheval, commandés par son fils Aly, et à peu près douze cents cavaliers Motonalis, et mille Barbaresques à pied commandés par le

cheik Nassif.

Les deux armées réunies se portèrent aussitôt sur Damas, où Osman les attendait avec les pachas de Saïd, Tripoli, et Alep qui étaient venus à son secours.

La bataille eut lieu le 6 juin 1771, et les Turcs complétement défaits, furent obligés de céder la place et le château de Damas; enfin les troupes d'Aly et de Daher, allaient occuper cette capitale de la Syrie, lorsque le matin même de leur entrée Mohammad Aboudahab abandonna tout-à-coup l'entreprise, et s'enfuit avec ses Mamlouks vers l'Egypte. On dit que cette singulière conduite

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