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que Napoléon trouvait au-delà d'Arcis devant lui, le 20 mars, jour anniversaire de la naissance de son fils, jour qui malheureusement sera encore une fois célèbre dans sa vie!....

Napoléon n'a jamais su reculer tant qu'il a pu combattre. Cette journée et celle d'après, il ne voit en lui que le premier soldat de la France, à qui sa vie exposée en combattant pour elle appartient tout entière. Il l'offre mille fois au fer, au feu de l'ennemi, qui la refusent. Souvent il est obligé de se servir de son épée pour se dégager des masses qui l'entourent. Un obus tombe à ses pieds, il y pousse son cheval: la pièce éclate.... Un nuage de poudre le dérobe tout-à-coup à ses troupes. Mais ni lui ni son cheval ne sont blessés, et il va inutilement encore chercher la mort au milieu de ses batteries. Tant que Napoléon a le fer à la main, Arcis est inexpugnable pour l'armée de 150,000 hommes, qui l'entoure! La nuit vient et ne suspend point les périls de cette terrible journée. Les faubourgs sont en flamme. L'incendie et le feu continuel des deux armées éclairent les travaux des assiégeans, dont les masses semblent se renouveler. Un seul pont reste à Napoléon pour se soustraire lui et son armée à une perte inévitable. Il ordonne d'en jeter un second le 21 au matin Arcis est évacué. Mais le combat ne se ralentit point, et la retraite brilJante de Napoléon devant des forces tant de fois supérieures aux siennes, est un grand fait d'armes de plus à ajouter à son histoire. L'ennemi, qui pourrait détruire

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l'armée française, semble la respecter. Il la craint encore, tant la retraite de Napoléon est menaçante. Elle s'opère avec le plus bel ordre sur Vitry-le-Français. Les routes de la capitale sont à l'ennemi.

Napoléon passe à Somepuis la nuit du 21 au 22. Le 23 son quartier-général est à Saint-Dizier, où le rejoint le duc de Vicence. Il apprend de son plénipotentiaire à 11 heures du soir la rupture du congrès; le contre-projet a été refusé. Il s'en afflige aussi peu qu'il s'en étonne. Le congrès n'est depuis le commencement pour lui et depuis le 17 février pour les alliés, qu'une affaire purement militaire, dont les succès et les revers de la campagne font toute la négociation. Le 24, Napoléon porte le quartier impérial à Doulevent en avant de Saint-Dizier. Il envoie des corps sur les routes occupées par l'ennemi, et se tient en embuscade pour se jeter du côté où il apprendra que sont les alliés. Le lendemain la cavalerie du général Piré fait un mouvement si heureux à Chaumont et sur la route de Langres, que l'empereur d'Autriche est séparé malgré lui de l'empereur Alexandre, et que dans la confusion qui résulte de ce flagrant-délit, François II se réfugie à Dijon avec un officier. Le 26, une forte canonnade rappelle inopinément Napoléon à Saint-Dizier, que son arrière - garde attaquée par des forces majeures est contrainte d'évacuer. Les généraux Milhaud et Sébastiani, accourus avec leur cavalerie, repoussent l'ennemi au gué de Valcourt sur la Marne. Chassé de Saint-Dizier,

où rentre l'empereur, l'ennemi se disperse dans le plus grand désordre sur les routes de Vitry et de Bar sur Ornain. Napoléon, trompé par les rapports de ses généraux, qui se croient suivis par la grande armée ennemie, ne veut pas s'en rapporter à ce que lui affirme le duc de Vicence, qui s'est convaincu sur sa route du mouvement des alliés sur Paris. Ainsi donc ce n'est malheureusement pas Schwarzenberg qui poursuit Napoléon, c'est Wintzingerode, l'un des lieutenans de Blücher, détaché contre l'armée française pour masquer le mouvement général de la grande-armée des alliés sur Paris. Ce n'est que le lendemain au soir près de Vitry, que l'empereur est informé de cette manœuvre. Il apprend encore la reunion nouvelle de l'armée de Blücher à celle de Schwarzenberg, qui a eu lieu le 23 dans les plaines de Châlons, après son départ d'Arcis. Le même jour une proclamation dictée par les émissaires du parti anti- impérial de Paris, annonçait à la France la upture des négociations et la marhe sur la capitale des deux arnées réunies. Les souverains allés, avides de communications aec Paris, ont eux-mêmes choisi le. membres de ce comité. « On raait poussé l'attention jusqu'à » purvoir à notre avenir, » dit ingénement l'abbé de Pradt, l'un des sociétaires de cette nouvelle explitation: « Les alliés, dit le » géúral Wilson, témoin oculaire, >>se touvaient dans un cercle vi

»cieu d'où il leur était impossi»ble e se tirer, si la défection ne » fût voue à leur secours.... Le

>> mouvement sur Saint-Dizier, qui » devait assurer l'empire à Napo» léon, lui fit perdre la couronne. >>

Tout était devenu fatal, jusqu'au talent et au courage persévérant des chefs de l'armée. Les maréchaux Mortier et Marmont, dans la croyance naturelle où ils étaient que Napoléon se reployait sur eux devant Schwarzenberg, étaient venus au-devant de lui sur la route de Fère-Champenoise, et étaient tombés au milieu des alliés, qui avaient intercepté tous les courriers de Napoléon; ils avaient éprouvé une grande perte à cette action, que l'ennemi nomma pompeusement la bataille ou plutôt la victoire de FèreChampenoise. L'immense cavalerie des alliés, un terrible ouragan qui battit le front de nos troupes, une pluie violente qui leur enleva la ressource de la mousqueterie, triomphèrent enfin d'une résistance de plusieurs heures, et forcèrent à là retraite les maréchaux Mortier et Marmont. Cette affaire eut lieu le 25, et fut également funeste au général Pactod, qui, chargé d'un convoi de vivres considérable, marchait avec sécurité au-devant des ordres qu'il attendait du maréchal Mortier. Il escortait ce convoi avec deux divisions, celle du général Amey et la sienne, qu'il commandait comme le plus aucien. Ces deux divisions n'étaient ensemble que de 6000 hommes, dont les deux tiers, encore en habits de paysans, étaient des recrues des nouvelles levées des départemens de l'Ouest. Ce général se trouva tout-à-coup assailli par les masses de l'armée

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de Schwarzenberg, qui, à FèreChampenoise, surpris dans sa route sur Paris par une colonne qui débouchait sur sa droite, précipita sur elle tout ce qu'il avait de combattans. Ici l'histoire donne un nouveau démenti à l'orgueil des alliés pour cette seconde affaire de Fère-Champenoise. Pendant plusieurs heures, attaqué, entouré subitement, le général Pactod soutint avec ses bataillons de gardes nationales, qui voyaient le feu pour la première fois, les charges multipliées des premières troupes de la grande-armée des alliés. Celles-ci ne suffisant pas, on lança contre ses faibles carrés, les gardes russes, prussiennes, l'élite des combattans étrangers. Electrisés par une harangue courte et vigoureuse de leur général, les braves paysans de la Vendée jurent de mourir plutôt que de capituler. La mêlée fut affreuse. Les hommes de toutes les nations assaillissent cette troupe de braves, qui ne combattit qu'à la baïonnette, refusa quartier, remplit son serment, et périt presque tout entière. C'était le dévouement des Thermopiles, mais il ne devait pas sauver la patrie. Toute la cavalerie de l'armée coalisée fut mise en mouvement, non pour vaincre, mais pour détruire 6000 paysans; leurs braves généraux furent pris au milieu de leurs carrés renversés autour d'eux; la mort les respecta, pour que leur salut donnât un dernier lustre à nos armes. Les souverains qu'ils venaient de combattre avec des forces si inegales, placèrent justement leur gloire à honorer hautement la valeur et l'infortune des

généraux Pactod, Amey, Jamin, Delort, Bouté et Thévenet. Le combat avait été tellement acharné, que, dans la confusion de cette lutte extraordinaire, beaucoup d'alliés, Russes, Anglais, Prussiens, Autrichiens', Allemands, Suédois, ne pouvant se reconnaître à cause de la variété des uniformes, se chargèrent et se blessèrent entre eux. Cette circonstance singulière décida le prince généralissime à ordonner à toute l'armée alliée, de porter, comme les Suédois, une écharpe blanche au bras gauche. Cet ordre, que la brillante valeur de nos gardes natiouales fit proclamer dans toutes les armées de la coalition, reçut deux jours après à Paris une toute autre interprétation, à l'entrée des alliés. Ce bracelet blanc fit croire à la population que les ennemis arboraient les couleurs de la maison de Bourbon. Tout est étrange, imprévu, dans cette étonnante période, qui va finir avec Napoléon. Des événemens véritablement romanesques dan tous les genres y continuent b merveilleux de son histoire; e combat du général Pactod est cu nombre de ces événemens, Aisi la gloire colore les derniers mmens de l'empire de Napolém, et, par une singularité qui caactérise encore la merveilleuse aistoire de ce grand capitaine, c'étaient des hommes de la Verlée, qui, la veille du retour des lourbons, combattaient et mouraient pour lui! Toutefois cette gloire de mourir pour la patrie était commune à tous les Franças dans nos annales. En 1792 ellene fut que ressuscitée par le patiotisme

de nos légions républicaines combattant l'étranger, et vingt-deux ans après le même sang reproduisait dans les enfans l'héroïsme de leurs pères.

Après différens combats, qui honorèrent la retraite des maré chaux sur Paris, à Sézanne, à Chailly, à la Ferté-Gaucher, à Trilport, à Meaux, à Ville-Parisis, ils se séparèrent à Nangis : le maréchal Mortier se dirigea par Guignes, et le maréchal Marmont par Melun. Ils se rejoignirent à BrieComte-Robert, et arrivèrent ensemble à Charenton, où ils disposerent leurs troupes pour la bataille du lendemain. Ce lendemain est le 30 mars. Cette bataille est la bataille de Paris.

Sans la circonstance qui fit intercepter les ordres de Napoléon aux maréchaux Mortier et Marmont, ils se reployaient à l'instant sur Paris, dont ils arrêtaient tous les convois et tous les envois d'hommes; ils présentaient alors à l'ennemi. devant les barricades des faubourgs, une force intacte, qui éût enlevé et réuni autour d'elle toute la population de la capitale. Le prudent Schwarzenberg eût reculé nécessairement devant la ba taille d'extermination que lui eût présentée un million de Français, combattant pour ses foyers, devant ses dieux domestiques. A verti de cette grande et neuve circonstance, Napoléon fût arrivé à vol d'aigle sur les derrières de la grande-armée de la coalition, et soutenu par l'insurrection générale des braves habitans des Vosges, du Jura, de l'Aube, de la Côted'Or, il eût peut-être, en justes représailles de l'ultimatum de Châ

tilion, envoyé aux rois confédérés l'ultimatum de Paris.

Plongé dans ces graves flexions, Napoléon s'éloigne de Vitry, et revient le 27 à Saint-Dizier, où il passe la nuit à travailler. Dans ses prospérités il avait toujours dit, l'état c'est moi : dans son adversité actuelle, pour la première fois, il dit : Paris, c'est ta France. Soudain il se décide, ou à tout perdre ou à tout sauver à Paris. Il oublie qu'il a pris Vienne deux fois, Berlin, Moskou, Madrid, Lisbonne, et que les peuples dont ces grandes cités sont les capitales, sont debout chez lui et contre lui, avec leurs souverains. Ainsi la Seine va couler entre son armée et celle de ses ennemis : la Seine est le Rubicon des deux partis. Napoléon suivra sa longue rive gauche, tandis que ses ennemis plus heureux suivront la droite. Paris, la France, sont le prix de la course. Cependant Napoléon ne marche sur Paris que parce qu'il croit y arriver à temps, pour électriser les esprits et pour tout sauver, même en y entrant seul de sa personne; car s'il eût été certain d'arriver trop tard, il eût repris son premier projet, celui de rallier les garnisons: de ses places de la Lorraine et de l'Alsace, et de tomber sur les derrières de l'ennemi. Cette conception était grande et salutaire ; car elle avait pour appui, indépendamment des localités défensives du nord et de l'est de la France, l'irruption dès long-temps périlleuse pour l'ennemi, des peuples les plus guerriers de la terre natale.

Napoléon montait à cheval à

Saint-Dizier, pour se porter sur Doulevent, quand on lui amena le baron de Wessenberg, ambassadeur extraordinaire de la cour d'Autriche à celle de Londres, d'où il revenait rejoindre son souverain; et le baron de Hioldebrand, lieutenant-général suédois, envoyé de Liége par le prince royal de Suède à l'empereur Alexandre, pour lui annoncer que le prince Chrétien de Norwège ne voulait pas évacuer ce pays, et pour demander à S. M. des troupes russes, afin de l'aider à soumettre la Norwège. Cette nouvelle et cette demande étaient une singulière diversion dans les affaires de l'empereur Alexandre. Ces personnages avaient été arrêtés par des paysans, entre Nancy et Langres, avec d'autres étrangers, parmi lesquels était le baron de Vitrolles, déguisé en domestique. Napoléon n'a pas oublié qu'avant la première campagne de Saxe, et de concert avec lui, l'empereur François a envoyé M. de Wessenberg pour sonder le gouver nement anglais sur les bases d'une paix générale. Il lui donne ordre de le suivre à Doulevent. L'occasion unique sans doute de tenter encore une démarche auprès de l'Autriche, n'échappe point au duc de Vicence, qui finit par obtenir de Napoléon l'autorisation d'écrire à M. de Metternich, que l'on est disposé à tous les sacrifices. M. de Wessenberg part chargé de cette dépêche, et d'une communication verbale de Napoléon pour son souverain. Mais quand même M. de Wessenberg aurait trouvé l'empereur d'Autriche au quartiergénéral des alliés, où il fut dirigé,

sa mission serait restée sans effet. Le prince de Schwarzenberg, comme nous l'avons dit, avait à la fin pris son parti, et la volonté de l'empereur Alexandre était d'entrer de vive force et sans délai à Paris.

Napoléon trouva à Doulevent un avis secret de l'honorable comte de Lavallette, directeur-général des postes. Cet avis portait : Il n'y a pas un moment à perdre, si on veut sauver la capitale. Tout concourait à la perte de Napoléon et de l'empire, jusqu'à la fidélité. Cet avis si important était daté de dix jours alors ce conseil de M. de Lavallette était celui d'un bon Français. Dix jours plus tard, il ne valait plus rien ni pour Napoléon, ni pour Paris. Napoléon, à qui ce calcul échappe peut-être, ne voit dans cet avis que ce qui flatte la pensée qui le domine. Il part à tire-d'aile pour la capitale; il croit arriver à Montmartre avant l'ennemi; il le croit d'autant plus que la route de Troyes à Paris est libre: ses courriers le lui apprennent. Tout ce qui est ennemi a suivi la Marne. Il envoie à francétrier son aide-de-camp, le général Dejean, annoncer son retour aux Parisiens, tant il compte, et avec raison, sur l'impression puissante que sa présence fera dans la capitale. Dans cette journée il fait quinze grandes lieues, avec sa garde le soir il est à Troyes; de cette ville i expédie aussi pour Paris, et avec la même mission que le général Dejean, le général Girardin, premier aide-de-camp du prince de Neuchâtel. C'est le 29; le 30, de grand matin, aprės quelques heures de repos, Napo

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